30 juin 2009 2 30 /06 /juin /2009 18:25



Extrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI à l’Université catholique d'Amérique à Washington, le 17 avril 2008.



Chers cardinaux,

Chers frères évêques,
Illustres professeurs, enseignants et éducateurs,

(…)
La tâche éducative fait partie intégrante de la mission qu'a l'Eglise de proclamer la Bonne Nouvelle. En premier lieu, principalement, chaque institution éducative catholique est un lieu où rencontrer le Dieu vivant, qui en Jésus Christ révèle la force transformatrice de son amour et de sa vérité (cf. Spe salvi, n. 4). Cette relation suscite le désir de grandir dans la connaissance et dans la compréhension du Christ et de son enseignement. De cette manière ceux qui le rencontrent sont portés par la puissance de l'Evangile à mener une nouvelle vie caractérisée par tout ce qui est beau, bon et vrai ; une vie de témoignage chrétien nourrie et renforcée au sein de la communauté des disciples de notre Seigneur, l'Eglise.

La dynamique entre rencontre personnelle, connaissance et témoignage chrétien fait partie intégrante de la diakonia de la vérité que l'Eglise exerce au sein de l'humanité.
La révélation de Dieu offre à chaque génération la possibilité de découvrir la vérité ultime sur sa propre vie et sur la fin de l'histoire. Cette tâche n'est jamais facile : elle implique toute la communauté chrétienne et motive chaque génération d'éducateurs chrétiens pour garantir que le pouvoir de la vérité de Dieu imprègne toutes les dimensions des institutions qu'ils servent. De cette manière, la Bonne Nouvelle du Christ est mise en condition d'agir, guidant autant l'enseignant que l'étudiant vers la vérité objective qui, en transcendant le particulier et le subjectif, renvoie à l'universel et à l'absolu qui nous permet de proclamer avec confiance l'espérance qui ne déçoit pas (cf. Rm 5, 5). Contre les conflits personnels, la confusion morale et la fragmentation de la connaissance, les nobles buts de la formation académique et de l'éducation, basés sur l'unité de la vérité et sur le service à la personne et à la communauté, deviennent un puissant instrument d'espérance.

(…) Certains aujourd'hui remettent en question l'engagement de l'Eglise dans l'éducation, en se demandant si ses ressources ne pourraient pas être mieux employées ailleurs. Certes, dans une nation comme celle-ci, l'Etat offre de larges possibilités d'éducation et attire des femmes et des hommes dévoués et généreux vers cette honorable profession. Il convient, donc, de réfléchir sur ce qui est spécifique à nos institutions catholiques. Comment peuvent-elles contribuer au bien de la société à travers la mission première de l'Eglise qui est l'évangélisation?


Toutes les activités de l'Eglise naissent de sa conscience d'être porteuse d'un message qui a son origine en Dieu même : dans sa bonté et sa sagesse, Dieu a choisi de se révéler lui-même et de faire connaître le dessein caché de sa volonté (cf. Ep 1, 9; Dei Verbum, n. 2). Le désir de Dieu de se faire connaître et le désir inné de tout être humain de connaître la vérité fournissent le contexte de la recherche humaine sur le sens de la vie. Cette rencontre unique est soutenue dans la communauté chrétienne : qui cherche la vérité devient un homme qui vit de foi (cf. Fides et ratio, n. 31). Cela peut être décrit comme un mouvement du "moi" au "nous", qui conduit l'individu à venir faire partie du peuple de Dieu.


La même dynamique d'identité communautaire – à qui appartiens-je? – vivifie l'ethos de nos institutions catholiques.
L'identité d'une université ou d'une école catholique n'est pas simplement une question de nombre des étudiants catholiques. C'est une question de conviction – croyons-nous vraiment que le mystère de l'homme ne devient clair que dans le mystère du Verbe incarné (cf. Gaudium et spes, n. 22)? Sommes-nous vraiment prêts à confier tout notre "moi" – intellect et volonté, esprit et cœur – à Dieu? Acceptons-nous la vérité que le Christ révèle? La foi est-elle "tangible" dans nos universités et nos écoles? Lui donne-t-on une expression fervente dans la liturgie, dans les sacrements, à travers la prière, les actes de charité, la sollicitude pour la justice et le respect de la création de Dieu? Ce n'est que de cette manière que nous témoignons réellement du sens de qui nous sommes et de ce que nous soutenons.

C'est dans cette perspective qu'on peut reconnaître que la "crise de la vérité" contemporaine est enracinée dans une "crise de la foi". Ce n'est qu'à travers la foi que nous pouvons donner librement notre assentiment au témoignage de Dieu et le reconnaître comme le garant transcendant de la vérité qu'il nous révèle. Encore une fois, nous voyons pourquoi la promotion de l'intimité personnelle avec Jésus Christ et le témoignage communautaire de sa vérité qui est amour est indispensable dans les institutions de formation catholiques. De fait, nous voyons tous et nous observons avec inquiétude, la difficulté ou la réticence que beaucoup de personnes ont aujourd'hui à se confier eux-mêmes à Dieu. C'est un phénomène complexe, auquel je réfléchis constamment
. Alors que nous avons cherché avec diligence d'impliquer l'intelligence de nos jeunes, nous avons peut-être négligé leur volonté. En conséquence, nous observons avec angoisse que la notion de liberté est déformée. La liberté n'est pas une faculté de "désengagement de" ; elle est une faculté "d'engagement pour" – une participation à l'Etre même. Par conséquent, l'authentique liberté ne peut jamais être atteinte en s'éloignant de Dieu. Un choix semblable signifierait en dernier ressort négliger la vérité authentique dont nous avons besoin pour nous comprendre nous-mêmes. C'est pourquoi une responsabilité particulière pour chacun d'entre vous, et pour vos collègues, est de susciter parmi vos jeunes le souhait d'un acte de foi, en les encourageant à se confier à la vie ecclésiale qui découle de cet acte de foi. C'est ici que la liberté rejoint la certitude de la vérité. En choisissant de vivre selon cette vérité, nous embrassons la plénitude de la vie de foi qui nous est donnée dans l'Eglise.

Cependant, il est clair que l'identité catholique ne dépend pas des statistiques. Elle ne peut pas non plus être simplement comparée à l'orthodoxie qu'elle contient par nature. Cela exige et inspire bien davantage : il faut que tous les aspects de vos communautés d'étude se reflètent dans la vie ecclésiale de foi. Ce n'est que dans la foi que la vérité peut s'incarner et que la raison peut s'humaniser, en étant capable de diriger la volonté le long du sentier de la liberté (cf. Spe salvi, n. 23). De cette manière, nos institutions offrent une contribution vitale à la mission de l'Eglise et servent efficacement la société. Elles deviennent des lieux où la présence active de Dieu dans les affaires humaines est reconnue et où tous les jeunes gens découvrent la joie d'entrer dans l'"être pour les autres" du Christ (cf. ibid., n. 28).


Lire le texte intégral du discours du Pape Benoît XVI

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Publié par Matthieu BOUCART -
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