Chers amis lecteurs,
Je voudrais revenir sur la polémique qui s’est développée suite aux récents propos du Pape Benoît XVI concernant le préservatif comme moyen de lutte contre SIDA. Beaucoup a déjà été écrit à ce sujet et je m’en tiendrai ici à deux ou trois réflexions.
1. La première concerne la métaphore de la prévention routière. Au Pape qui affirme que la distribution massive de préservatifs aggrave le problème du SIDA – en favorisant les conduites immorales à l’origine de la pandémie –, certains lui rétorquent : « Quand on vous dit de mettre votre ceinture de sécurité, c’est pour vous inciter à conduire comme des malades ? »
Cette observation m’a beaucoup fait réfléchir. Et je la trouve à la vérité très intéressante si on la pousse jusqu’au bout.
Il est vrai que la ceinture de sécurité sauve des vies, et que ceux qui la mettent ne sont pas tous des chauffards, loin s’en faut – d’ailleurs, en principe tous la mettent, vu que c’est obligatoire…
A-t-on pour autant réglé le problème de la sécurité routière ? Non. Et pas seulement parce que certains « oublient » de mettre leur ceinture. Plus fondamentalement, parce que les accidents de la route sont dus – la plupart du temps – à un non respect des règles du Code de la route (vitesse excessive, feux grillés, conduites en état d’ivresse…). C’est donc bien le comportement au volant des automobilistes qui est en cause. Et c’est pourquoi les campagnes de prévention routière mettent surtout l’accent sur la responsabilisation des conducteurs. Tant qu’il y aura des « fous du volant », il y aura des accidents mortels sur les routes. Et la ceinture de sécurité n’y changera rien. Elle limitera tout au plus le nombre de morts – ce qui est déjà bien. Mais elle ne permettra pas d’éviter ces grands drames qui endeuillent tant de familles...
Dans le cas du SIDA, c’est exactement la même chose ! Le préservatif est certes un moyen pratique d’éviter que tel ou tel ne contracte le virus à l’occasion d’un rapport sexuel à risque. Mais il n’est pas – et ne peut être présenté comme – un moyen d’endiguer le fléau et de le faire disparaître (et donc, de s’en prémunir absolument). Car le développement du SIDA ne s’explique pas seulement par le fait que certains « oublient » de mettre un préservatif, mais plus fondamentalement par des comportements sexuels délirants dont l’humanité paye aujourd’hui la lourde note… C’est donc bien le comportement sexuel de nos contemporains qui est en cause. Tant qu’il y aura des adeptes de l’« amour libre » et du libertinage sexuel, le SIDA continuera à frapper durement. Et le préservatif n’y changera rien. Combien de millions de victimes faudra-t-il encore pour que nous ouvrions les yeux ?
2. Beaucoup dans le « monde » s’insurgent contre les propos du Pape, lorsqu’il dit que « la ceinture de sécurité aggrave le problème de la sécurité routière lorsqu’elle est présentée comme le seul moyen de lutter contre les accidents de la route ». Pourtant, à y bien réfléchir, il est évident qu’une telle présentation n'ouvre pas la voie à une remise en cause des comportements qui sont à l’origine même des accidents de la route ; pis encore : elle risque d’encourager certains à des comportements irresponsables dans l’illusion qu’ils sont d’être préservés de tout danger par leur ceinture de sécurité…
Telle est l’imposture des campagnes « officielles » de prévention du SIDA. On y présente le préservatif comme la panacée, le seul rempart absolu et efficace contre le virus. Et l’on y claironne le message : « Sortez couverts ! » – qui signifie : « Mettez des préservatifs, et vous serez assuré de ne pas contracter le virus » !
Mais on oublie de rappeler que le préservatif n’est pas fiable à 100 % ! Et que quand bien même il le serait à 99 % (ce qui est loin d’être le cas), cela représenterait – sur des millions de milliards de rapports sexuels partout dans le monde – un risque majeur de contamination pour des millions de gens ! L’honnêteté intellectuelle commanderait de le dire, d’avertir, de mettre en garde ! Et d’inviter les femmes et les hommes de notre temps à une prise de conscience collective sur les conséquences possibles de leurs comportements sexuels. Car comme le disait Tony Anatrella : « La transmission du virus du SIDA est parfaitement évitable. Il ne s'attrape pas comme celui de la grippe. Il est lié aux comportements et aux pratiques sexuelles. En ciblant uniquement le préservatif, en laissant entendre « fais ce que tu veux », on risque de confirmer des comportements qui posent déjà problème et on évite de les penser. Le préservatif n'est pas un principe de vie. C'est la responsabilité qui est un principe de vie. »
L’imposture est donc de présenter le préservatif comme un rempart absolu contre le SIDA – et comme le seul repart –, en diffusant des messages subliminaux, du genre : « Faites tout ce que vous voulez, éclatez-vous, rencontrez qui vous voulez ; avec le préservatif, vous ne risquez rien ». Tel est le message adressé en particulier à la jeunesse, à qui l’on offre des distributeurs de préservatifs dans certains lycées...
D’aucuns diront que j’exagère, que ce n’est pas tout à fait cela, que « préservatif » ne signifie pas nécessairement « licence »… Mais alors, comment expliquer que le « monde » ne supporte pas d’entendre parler de fidélité, de chasteté et d’abstinence ?
Quand Etienne affirma devant le grand conseil : « Hommes à la tête dure, votre cœur et vos oreilles ne veulent pas connaître l’Alliance : depuis toujours vous résistez à l’Esprit Saint. Y a-t-il un prophète que vos pères n’aient pas persécuté ? », Luc nous dit que ses interlocuteurs se « bouchèrent les oreilles et se mirent à pousser de grands cris » avant de l’entraîner hors de la ville et de le lapider (cf. Actes 7. 51-58). N’est-ce pas là le triste spectacle auquel nous avons assisté ces derniers jours ? N’y avait-il pas comme un relent de lapidation dans certaines réactions de nos hommes politiques ? Je pense par exemple à un responsable (sic) qui affirmait récemment que « ce pape commence à poser un vrai problème », ou encore à un député européen qui s’exclamait furibond : « Il y en a maintenant assez de ce Pape ! ». Or, comment régler ce « vrai problème » qu’est Benoît XVI ? Comment fermer la bouche à « ce pape » qui nous casse les oreilles avec sa morale d'un autre âge, et dont « on » a « assez » ? Réfléchissez-bien, il n’y a pas 36 solutions…
La chasteté, la fidélité et l’abstinence sont donc devenus les ennemis publics n°1 ! Plus encore que le Pape Benoît XVI. Car après Benoît XVI, il y aura un autre Pape, qui dira exactement la même chose. Et ainsi de suite. Le « vrai problème », ce n’est pas « CE pape » ; ce n’est pas Benoît XVI. Le « vrai problème », c’est la doctrine catholique que le Pape a pour mission de porter haut et fort dans le monde ; doctrine de vérité et d’amour, de tendresse et de fidélité, d’appel à la conversion et au changement de vie ; la doctrine de Jésus-Christ, mort et ressuscité pour le salut de tous les hommes. C’est donc bien in fine Jésus-Christ lui-même qui pose encore aujourd'hui « un vrai problème » au monde…
De même que l’on faisait naguère « barrage » au Front national, de même aujourd’hui, les énergies sont mobilisées pour faire « barrage » à la chasteté, à la fidélité et l’abstinence sexuelle, bref, à ce que l’on appelle dans certains milieux le « retour à l’ordre moral », qui est aujourd’hui pour nombre de « bien-pensants » l’horreur absolue. Que la chasteté, la fidélité et l’abstinence soient les seuls vrais remparts contre le SIDA, peu leur importe ! ils ne veulent même pas le savoir. Car nos grands esprits ne luttent pas en vérité contre le SIDA – contrairement à ce qu’ils prétendent avec des trémollos dans la voix ; mais ils se servent du SIDA pour promouvoir une idéologie (devenue mortifère) : celle de la libération sexuelle et de l’affranchissement de toutes règles morales en matière de sexualité (en premier lieu de la morale chrétienne, on l’aura bien compris). On ne s’explique pas autrement leur opposition systématique au discours de l’Eglise sur ces questions là. La pandémie du SIDA ne leur a donc pas servi de leçon. Le cœur de Pharaon s’est endurcit.
Eh bien, tant pis pour Pharaon ! Dieu a investit Moïse pour délivrer son peuple de l’esclavage d’une sexualité inhumaine, et le conduire dans un pays ou ruisselle « le lait et le miel », à savoir : l’amour et la tendresse, le respect de la femme, le don de soi et la fidélité. Ceux qui fixeront leurs regards sur le serpent d’airain de l’amour vrai seront sauvés. Ceux qui continueront de défier la nature en subiront les foudres. Car « Là où l’écologie est négligée, faune et flore sont menacées… Mépriser une écologie élémentaire du corps, une éducation élémentaire du cœur : la destruction s’en suit » (Daniel-Ange, « Ton corps fait pour l’Amour », Le Sarment Fayard 1988).
L’Eglise continuera de proclamer à temps et à contre-temps qu’il est un chemin qui mène tout droit à la mort, et un autre qui conduit à la vie. Au nom de son Seigneur, elle exhortera l’humanité à choisir la vie ! Elle accomplira ainsi sa fonction prophétique au cœur du monde, afin que les hommes marchent non plus dans les ténèbres, mais dans la lumière. L’Eglise, disait le Père Daniel-Ange, est comme la « tour de contrôle » de l’humanité. « Chaque avion reçoit un chenal de vol précis à l’intérieur duquel il peut naviguer librement, sans menace de collision. Eh bien ! La tour de contrôle qui t’aiguille et te donne les coordonnées de sécurité, c’est l’Eglise. » (op cit.).
3. Venons-en pour conclure à cette interrogation du Pasteur Eric Georges (sur le Blog duquel j’ai trouvé la « parabole » de la prévention routière) : « Et si le préservatif et la fidélité ne s’excluaient pas l’un l’autre ? Et si, puisqu’elle refuse (et c’est son droit) le préservatif, l’Eglise Catholique essayait de faire la promotion de la fidélité sans attaquer le préservatif ? »
D’abord, soyons clair : l’Eglise catholique ne « refuse » pas absolument le préservatif comme moyen de prévention contre le SIDA. Elle dit simplement qu’il s’agit là d’un dernier recours, dont on doit savoir qu'il n'est pas fiable à 100 % et qu’il n’exclut pas absolument le danger.
L’Eglise n’attaque pas le préservatif en tant que tel, mais une certaine publicité « sans âme » en faveur du préservatif. « Je dirais que l’on ne peut vaincre ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. S’il n’y a pas l’âme, si les Africains ne s’aident pas, on ne peut résoudre ce fléau en distribuant des préservatifs : au contraire, cela risque d’augmenter le problème. » Voilà ce qu’a dit le Pape.
Il n’est donc pas possible d’entreprendre une vraie campagne de prévention du SIDA sans informer le grand public :
1°) des risques qu’il court par l’utilisation du préservatif (et ce n’est pas « attaquer le préservatif » que de dire la vérité le concernant !) ;
2°) des deux modes alternatifs de prévention que sont la fidélité et la chasteté, seuls vrais moyens d’endiguer le fléau (puisque s'attaquant au mal à la racine).
Mais il semble bien que ces deux derniers modes soient absolument rejetés par les propagandistes du préservatif...
Eh bien c’est précisément cette « absence d’âme » (et d'amour vrai) dans les campagnes de prévention qui fait problème et qui rend la distribution de préservatifs dangereuse. Dans le contexte dramatique que nous traversons, le grand public a droit à la vérité, à la vérité intégrale : sur le SIDA et ses causes (car le SIDA ne tombe pas du ciel!) ; sur le préservatif et son efficacité relative ; sur la fidélité et la chasteté comme seules vraies réponses au problème du SIDA. Cette vérité est occultée dans le « monde » ; elle est proclamée par l’Eglise. Voilà pourquoi le « monde » hait l’Eglise. « Si le monde a de la haine contre vous, dit Jésus, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi. Si vous apparteniez au monde, le monde vous aimerait, car vous seriez à lui. Mais vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde ; voilà pourquoi le monde a de la haine contre vous » (Jn 15. 18-20).
Prions pour que les brebis sachent reconnaître dans le brouhaha médiatique la voix du Bon Pasteur qui les aime et donne sa vie pour elles, afin qu’elles ne tombent pas dans les filets des bergers mercenaires qui ne cherchent qu’à défendre leur idéologie mortifère et pour qui les brebis ne comptent pas vraiment (cf. Jn 10. 1-16).