25 mars 2009 3 25 /03 /mars /2009 12:00

Extrait de l’Audience Générale du Pape Benoît XVI du 5 décembre 2007.

Chromace était né à Aquilée vers 345. Il fut ordonné diacre et ensuite prêtre; puis il fut élu Pasteur de cette Eglise (avant 388). Ayant reçu la consécration épiscopale de l'Evêque Ambroise, il se consacra avec courage et énergie à une tâche démesurée en raison de l'ampleur du territoire confié à ses soins pastoraux : en effet, la juridiction ecclésiastique d'Aquilée s'étendait des territoires actuels de la Suisse bavaroise, d'Autriche et de Slovénie, jusqu'à la Hongrie. On peut comprendre à quel point Chromace était connu et estimé dans l'Eglise de son temps à partir d'un épisode de la vie de saint Jean Chrysostome. Lorsque l'Evêque de Constantinople fut exilé de son siège, il écrivit trois lettres à ceux qu'il considérait comme les plus importants Evêques d'Occident, pour en obtenir l'appui auprès des empereurs : il écrivit une lettre à l'Evêque de Rome, la deuxième à l'Evêque de Milan, la troisième à l'Evêque d'Aquilée, précisément Chromace (Ep. CLV:  PG LII, 702). Il s'agissait d'une époque difficile pour lui aussi, en raison de la situation politique précaire. Chromace mourut probablement en exil, à Grado, alors qu'il cherchait à échapper aux incursions barbares, en 407, l'année où mourut également Jean Chrysostome.

Le prestige et l'importance d'Aquilée en faisait la quatrième ville de la péninsule italienne et la neuvième de l'empire romain : c'est également pour cette raison qu'elle attirait les visées des Goths et des Huns. Les invasions de ces peuples causèrent non seulement de graves deuils et des destructions, mais compromirent gravement la transmission des œuvres des Pères conservées dans la bibliothèque épiscopale, riche de codex. Les écrits de Chromace furent eux aussi dispersés de part et d'autre, et ils furent souvent attribués à d'autres auteurs : à Jean Chrysostome (également en raison des premières lettres de leurs noms qui étaient semblables, Chromatius comme Chrysostomus) ; ou bien à Ambroise et à Augustin ; et également à Jérôme, que Chromace avait beaucoup aidé dans la révision du texte et dans la traduction latine de la Bible. La redécouverte d'une grande partie de l'œuvre de Chromace est due à des événements heureux et fortuits, qui ont permis au cours des récentes années de reconstruire un corpus d'écrits assez consistant : plus d'une quarantaine de sermons, dont une dizaine sont fragmentaires, et plus de soixante traités de commentaire à l'Evangile de Matthieu.

Chromace fut un maître sage et un pasteur zélé. Son premier et principal engagement fut celui de se mettre à l'écoute de la Parole, pour être capable d'en être ensuite l'annonciateur : dans son enseignement, il part toujours de la Parole de Dieu et il revient toujours à celle-ci. Certaines thématiques lui sont particulièrement chères : tout d'abord le mystère trinitaire, qu'il contemple dans sa révélation au cours de toute l'histoire du salut. Ensuite, le thème de l'Esprit Saint : Chromace rappelle constamment les fidèles à la présence et à l'action de la troisième Personne de la Très Sainte Trinité dans la vie de l'Eglise. Mais le saint Evêque revient avec une insistance particulière sur le mystère du Christ. Le Verbe incarné est vrai Dieu et vrai homme : il a intégralement assumé l'humanité, pour lui faire don de sa propre divinité. Ces vérités, réaffirmées avec insistance également avec une fonction antiarienne, déboucheront une cinquantaine d'années plus tard sur la définition du Concile de Chalcédoine.

La forte insistance sur la nature humaine du Christ conduit Chromace à parler de la Vierge Marie. Sa doctrine mariologique est limpide et précise. Nous lui devons quelques descriptions suggestives de la Très Sainte Vierge : Marie est la "vierge évangélique capable d'accueillir Dieu" ; elle est la "brebis immaculée et inviolée", qui a engendré l'"agneau vêtu de pourpre" (cf. Sermo XXIII, 3:  Ecrivains du cercle de saint Ambroise 3/1, p. 134). L'Evêque d'Aquilée met souvent la Vierge en relation avec l'Eglise : en effet, toute les deux sont "vierges" et "mères".

L'ecclésiologie de Chromace se développe surtout dans le commentaire de Matthieu. Voici plusieurs concepts récurrents :
l'Eglise est unique, elle est née du sang du Christ ; elle est le vêtement précieux tissé par l'Esprit Saint ; l'Eglise est là où l'on annonce que le Christ est né de la Vierge, où fleurit la fraternité et la concorde. Une image à laquelle Chromace est particulièrement attaché est celle du navire sur une mer en tempête : "Il ne fait pas de doute", affirme le saint Evêque, "que ce navire représente l'Eglise" (cf Tract. XLII, 5:  Ecrivains du cercle de saint Ambroise 3/2, p. 260).

En tant que pasteur zélé, Chromace sait parler à ses fidèles avec un langage frais, coloré et incisif. Bien que n'ignorant pas le parfait cursus latin, il préfère utiliser le langage populaire, riche d'images facilement compréhensibles. Ainsi, par exemple, à partir de l'image de la mer il fait une comparaison avec, d'une part, la pêche naturelle de poissons qui, tirés sur la rive, meurent ; et, de l'autre, la prédication évangélique, grâce à laquelle les hommes sont sauvés des eaux boueuses de la mort et introduits dans la vraie vie (cf. Tract. XVI, 3 : Ecrivains du cercle de saint Ambroise 3/2, p. 106). Toujours dans l'optique du bon pasteur, à une période agitée comme la sienne, frappée par les incursions des barbares, il sait se placer aux côtés des fidèles pour les réconforter et pour ouvrir leur âme à la confiance en Dieu, qui n'abandonne jamais ses fils.

Citons enfin, en conclusion de ces réflexions, une exhortation de Chromace, encore aujourd'hui parfaitement valable : "Prions le Seigneur de tout notre cœur et de toute notre foi – recommande l'Evêque d'Aquilée dans un de ses Sermons - prions-le de nous libérer de toute incursion des ennemis, de toute crainte des adversaires. Qu'il ne regarde pas nos mérites, mais sa miséricorde, lui qui par le passé également daigna libérer les fils d'Israël non en raison de leurs mérites, mais de sa miséricorde. Qu'il nous protège avec son amour miséricordieux constant, et qu'il accomplisse pour nous ce que le saint Moïse dit aux fils d'Israël : "Le Seigneur combattra en votre défense, et vous resterez en silence. C'est lui qui combat, c'est lui qui remporte la victoire... Et afin qu'il daigne le faire, nous devons prier le plus possible. En effet, il dit lui-même par la bouche du prophète : Invoque-moi au jour de l'épreuve ; je te libérerai, et tu me rendras gloire"" (Sermo XVI, 4:  Ecrivains du cercle de saint Ambroise 3/1, pp. 100-102).


Lire le texte intégral de l'Audience Générale du Pape Benoît XVI

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Publié par Matthieu BOUCART -
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