4 juin 2006 7 04 /06 /juin /2006 11:27

Voici un magnifique texte du Père Jean LAFRANCE que j’invite en ce beau jour de Pentecôte tous les Blogueurs catholiques à garder au cœur dans leur relation avec leurs lecteurs :

« Ce qu’il y a de désespérant dans la prédication chrétienne ou dans l’Ecriture, c’est qu’il faudrait d’abord vous mettre en contact avec le ciel ou avec l’Esprit Saint.

« Je puis dire les choses de différentes façons, mais je ne peux jamais en transmettre la saveur si l’Esprit de Dieu ne s’en mêle pas.

« Ainsi, au moment où je désire vous parler de l’Esprit Saint, je suis bien obligé de reprendre les mots de l’Ecriture, les mots prononcés par Jésus dans son Discours après la Cène, mais ces mots ne deviendront pour vous paroles de Dieu que dans la mesure où ils seront prononcés par un visage. Il faut que les yeux de Jésus s’animent et vous regardent, que sa bouche vous adresse une parole qui transforme votre cœur et allume en lui le feu de son Esprit.

« Saint Augustin dira les choses d’une autre manière quand il évoquera l’action du Maître intérieur. C’est à propos de la parole de Saint Jean au sujet de l’action de l’Esprit qu’il précisera la relation entre celui qui parle au-dehors et celui qui enseigne au-dedans :

« L’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous et vous n’avez pas besoin que quelqu’un vous enseigne, car son onction vous enseigne tout » (1 Jn 2. 27).

« Augustin continue en disant : « Pourquoi tout cela ? Il n’y a qu’à vous abandonner à son onction, et cette onction vous enseignera tout. Voyez donc ce grand mystère, frères : le son de nos paroles frappe vos oreilles, le Maître est à l’intérieur. Ne pensez pas que l’on puisse apprendre quelque chose d’un homme. Nous pouvons attirer votre attention par le tapage de notre voix ; s’il n’y a pas au-dedans quelqu’un pour nous enseigner, ce tapage est inutile » (« Commentaire sur la première Epître de Saint Jean », L. IV, ch. II, PLT XXXV.)

« Le Christ avait des moyens extraordinaires pour faire pressentir à ses auditeurs la vie éternelle : il multipliait les pains, non pas seulement pour donner à manger à la foule, mais pour les mettre en présence de la puissance de Dieu. Et ce moyen était décevant, même pour Jésus, car son auditoire fut déçu et se mit à proclamer que ses paroles étaient non seulement intolérables, mais qu’on ne pouvait même pas les supporter (Jn 6. 60) ! A son tour, Saint Paul comprendra que le prestige de la parole et de la sagesse ne peut pas grand-chose pour annoncer le mystère de Dieu, si la puissance de l’Esprit ne vient pas opérer des signes éclatants pour mettre ses auditeurs en présence de l’invisible (cf. 1 Cor 2. 4-5).

« Lorsqu’on lit les Epîtres de Saint Paul, on sent couler en elles le souffle de la puissance de Dieu qui est aussi un feu, la « dynamis tou théou » : « L’Evangile que nous annonçons ne vous a pas été présenté comme un simple discours, mais il a montré surabondamment sa puissance par l’action de l’Esprit Saint » (1Thes. 1. 5).

« Si Saint Paul, à la suite du Christ, disposait de tels moyens pour annoncer l’évangile, comment faire nous, pauvres prédicateurs, pour vous parler de l’Esprit Saint et du Ciel ? C’est le premier problème qui se pose à nous.

« Je pense que la solution à ce problème est la prière, elle est du reste la solution à tous nos problèmes… Nous n’avons peut-être pas la possibilité d’accompagner notre prédication de signes éclatants comme la guérison du boiteux de la Belle Porte (Ac 3. 1), mais il nous est toujours possible de supplier l’Esprit de brûler le cœur de ceux à qui nous expliquerons les Ecritures (Lc 24. 32) : « La parole du prédicateur est inutile si elle n’est pas capable d’allumer le feu de l’amour » (Saint Grégoire le Grand, « Enchiridon Asceticum », 76, 1223.B).

« (…) Le but de la prédication chrétienne ou de toute parole écrite est donc de disposer le cœur des auditeurs ou des lecteurs à accueillir l’effusion de l’Esprit qui ne vient pas de nous, mais uniquement du bon plaisir du Père (Mt. 11. 26).

« Lorsqu’on parcourt les Actes et que l’on voit l’Esprit-Saint tomber sur les chrétiens d’Ephèse (Ac 19. 6), on comprend qu’il est possible à tous, non pas seulement de prolonger l’expérience de la Pentecôte, mais de la recommencer, en recevant aujourd’hui l’Esprit Saint. Ainsi, la Pentecôte n’est pas seulement un évènement du passé, c’est une réalité toujours nouvelle et présente, dans la mesure où nous adhérons par la foi et la prière au Christ Ressuscité qui envoie l’Esprit.

« Il s’agit alors de la Pentecôte sans le vent violent, les langues de feu ou le parler en langue, car la vraie réalité de la Pentecôte n’est pas dans l’extérieur de la coupe, c’est un évènement mystérieux et invisible qui atteint le plus intime du cœur. C’est le mystère de la grâce qui transforme le cœur de l’homme par la puissance de la Résurrection (la « dynamis tou théou »).

« Dans sa première homélie sur la Pentecôte, Saint Jean Chrysostome explique que les hommes à qui parlait Saint Pierre avaient l’esprit grossier et n’étaient capables que de percevoir les réalités corporelles : « Ils ne pouvaient concevoir la grâce spirituelle, visible seulement aux yeux de la foi : voilà pourquoi il y avait des signes. C’est qu’en effet parmi les grâces spirituelles, les unes sont invisibles, la foi seule peut les comprendre ; les autres sont accompagnées d’un signe sensible, pour convaincre les infidèles » (« Oeuvres complètes », 1887, T III).

« Ainsi, il est donné à ceux qui prient vraiment de revivre l’évènement de la Pentecôte dans sa face cachée et mystérieuse, de voir le Christ ressuscité vivant au fond de leur cœur et d’expérimenter la puissance de Dieu qui l’a ressuscité des morts. »

(Jean LAFRANCE, « Persévérance dans la prière : commentaire du Veni sancte et du Veni Créator », Medaspaul 1982, pages 13 à 16).

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

M
Pour découvrir Maria Valtorta :<br /> http://www.mariavaltorta.com/
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M
Un grand merci RV pour ton commentaire.<br /> Je me permets de renvoyer mes lecteurs à ton excellent article, dans lequel ils pourront prendre connaissance de ces passages de Maria Valtorta auxquels tu fais allusion :<br /> http://oasis1.over-blog.com/article-2920161.html
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R
Ce message est très beau et j'ai été particulièrement percuté par le précédent ("Marie, miroir parabolique").<br /> Ce week-end, j'ai lu ce que disait Maria Valtorta sur la Pentecôte et je me suis aperçu que ses écrits confirmaient totalement tes deux citations (celles qui disent que Marie a eu une place centrale lors de la descente de l'Esprit Saint).<br /> C'est une vraie découverte, pour moi. J'ai vraiment appris une chose très importante. J'en arrive maintenant à me demander s'il n'y aurait pas un lien à tisser entre l'Annonciation (l'Esprit descend sur la Vierge) et la Pentecôte (l'Esprit Saint descend sur les apôtres).<br /> Je vais essayer de creuser tout cela !
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