7 novembre 2008 5 07 /11 /novembre /2008 12:00

Extrait de la lettre du Pape Benoît XVI aux évêques du monde entier pour présenter le Motu Proprio Summorum Pontificum. 

Chers Frères dans l'Épiscopat,

C'est dans l'espérance et avec une grande confiance que je remets entre vos mains de pasteurs le texte d'une nouvelle Lettre apostolique Motu Proprio data, sur l'usage de la liturgie romaine dans sa version antérieure à la réforme de 1970. Ce document est le fruit de longues réflexions, de multiples consultations, et de la prière.

Des informations et des jugements formulés sans connaissances suffisantes, ont suscité beaucoup de confusion. Les réactions sont très diverses : elles vont de l'acceptation joyeuse jusqu'à une opposition dure, à propos d'un projet dont le contenu n'était, en réalité, pas connu. Ce document faisait face à deux craintes en particulier sur lesquelles j'aimerais revenir dans cette Lettre.

1. En premier lieu se présente la crainte de porter atteinte ainsi à l'autorité du Concile Vatican II, et de remettre en question une de ses décisions essentielles – la réforme liturgique. Cette crainte n'est pas fondée. À ce propos, il faut dire tout d'abord que le Missel, publié par Paul VI et réédité ensuite à deux reprises par Jean-Paul II, est et demeure la Forme normale – la Forma ordinaria – de la liturgie eucharistique. La dernière version du Missale Romanum antérieure au Concile, publiée sous l'autorité du Pape Jean XXIII en 1962 et utilisée durant le Concile, pourra par contre être utilisée comme Forma extraordinaria de la célébration liturgique. Il n'est pas convenable de parler de ces deux versions du Missel romain comme de « deux Rites ». Il s'agit plutôt d'un double usage d'un seul et même Rite.


Quant à l'usage du Missel de 1962, comme Forma extraordinaria de la liturgie de la Messe, je voudrais faire remarquer que ce Missel n'a jamais été abrogé du point de vue juridique, et que son usage restait par conséquent, en principe, toujours autorisé.
Lors de l'introduction du nouveau Missel, il n'a pas semblé nécessaire de publier des normes propres concernant la possibilité d'utiliser le Missel antérieur. Sans doute supposait-on que cela ne concernerait que quelques cas particuliers, que l'on résoudrait localement, au cas par cas. Mais il apparut bientôt, en particulier dans les pays où le mouvement liturgique avait procuré à de nombreuses personnes une formation significative dans ce domaine et une familiarité profonde avec la liturgie dans sa forme existante, que de nombreuses personnes restaient attachées à l'usage de ce rite romain qui leur était familier depuis l'enfance. Nous savons tous qu'au sein du mouvement conduit par l'archevêque Mgr Lefebvre, la fidélité au Missel ancien est devenue un signe distinctif extérieur ; les raisons du schisme qui se préparait ici s'enracinaient évidemment bien plus profondément. Beaucoup de personnes tout en acceptant clairement le caractère contraignant du Concile Vatican II, et en étant fidèles au Pape et aux évêques, aspiraient cependant également à retrouver la forme de la sainte Liturgie qui leur était familière, et ce d'autant plus qu'en de nombreux lieux les prescriptions du nouveau Missel n'étaient pas fidèlement respectées mais interprétées comme une autorisation voire une incitation à la « créativité » ; la liturgie se trouvait ainsi souvent défigurée de manière quasi insupportable. Je parle d'expérience, parce que j'ai vécu moi aussi cette période, avec toutes ses attentes et ses confusions. Et j'ai constaté que des personnes qui étaient totalement enracinées dans la foi de l'Église ont été profondément blessées par des déformations arbitraires de la liturgie. C'est pour ce motif que le Pape Jean-Paul II s'est vu dans l'obligation de donner, avec le Motu proprio Ecclesia Dei du 2 juillet 1988, un cadre normatif pour l'usage du Missel de 1962 (…).

Si l'on a pu supposer, aussitôt après le Concile Vatican II, que la demande du rite selon le Missel de 1962 se limiterait à la génération des aînés qui l'avaient connu depuis leur enfance, il est apparu entre-temps que des personnes jeunes découvrent cette forme liturgique, se sentent attirées par elle et y trouvent un mode de rencontre avec le mystère de la Très Sainte Eucharistie qui leur convient particulièrement.
C'est ainsi qu'est né le besoin d'une régulation juridique plus claire, qui n'était pas encore prévisible à l'époque du Motu proprio de 1988 ; ces Normes entendent également décharger les évêques de la nécessité de réévaluer sans cesse la manière de répondre aux différentes situations.

2. En second lieu, au cours des discussions sur ce Motu proprio à venir, la crainte a été exprimée que la possibilité d'un usage élargi du Missel de 1962 mène à des désordres, voire à des divisions dans les communautés paroissiales. Cette crainte ne me paraît pas non plus réellement fondée. L'usage de l'ancien Missel présuppose un minimum de formation liturgique et un accès à la langue latine ; ni l'un ni l'autre ne sont vraiment fréquents. Ne serait-ce qu'en raison de ces présupposés concrets, il est clair que le nouveau Missel restera évidemment la Forme ordinaire du Rite romain, non seulement pour des questions juridiques, mais aussi en raison de la situation réelle dans laquelle se trouvent les communautés croyantes.

Il est vrai que les abus, voire parfois tel ou tel aspect social indûment liés à l'attitude de certains fidèles liés à l'ancienne tradition liturgique latine ne manquent pas. Votre charité et votre intelligence pastorale serviront de stimulant et de guide pour perfectionner les choses. En outre, les deux modes d'usage du Rite romain peuvent se féconder réciproquement : dans l'ancien Missel pourront être et devront être insérés les nouveaux saints, et quelques-unes des nouvelles préfaces. La Commission Ecclesia Dei, en lien avec les diverses entités dédiées à l'usus antiquior, en étudiera les modalités pratiques. Dans la célébration de la Messe selon le Missel de Paul VI, pourra être manifestée de façon plus accentuée que ce n'est souvent le cas actuellement, cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite ancien. La manière la plus sûre pour que le Missel de Paul VI soit facteur d'unité dans les communautés paroissiales et soit apprécié par elles découle de la mise en œuvre respectueuse de ses prescriptions, qui rend perceptible sa richesse spirituelle et sa profondeur théologique (…).

Il n'y a aucune contradiction entre l'une et l'autre édition du Missale Romanum. L'histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l'improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. Il est bon pour nous tous de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l'Église, et de leur donner leur juste place. Pour vivre la pleine communion, les prêtres appartenant aux communautés qui adhèrent à l'usage ancien ne peuvent, bien entendu, pas non plus, exclure la célébration selon les nouveaux livres par principe. L'exclusion totale du nouveau rite ne serait en effet pas cohérente avec la reconnaissance de sa valeur et de sa sainteté.



Lire le texte intégral de la lettre du Pape Benoît XVI aux évêques du monde entier

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

C
Notre Saint-Père le pape Benoît XVI nous dit : "il n'y  aucune contradiction entre l'une et l'autre édition du Missale Romanum".Comment qualifie-t-il les différences entre les deux otraisons pour les juifs de l'office du vendredi-Saint ?Formule de 1966 : Prions pour les Juifs à qui Dieu a parlé en premier : qu’ils progressent dans l’amour de son Nom et la fidélité à son Alliance.Dieu éternel et tout puissant, toi qui as choisi Abraham et sa descendance pour en faire les fils de ta promesse, conduis à la plénitude de la rédemption le premier peuple de l’Alliance, comme ton Église t’en supplie.Formule du Motu Proprio de Benoît XVI : Prions aussi pour les juifs, afin que notre Seigneur et Dieu illumine leurs cœurs, et qu’ils reconnaissent le sauveur de tous les hommes. (…) Dieu éternel et tout-puissant, qui veux que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité, fais que, la plénitude des nations entrant dans ton Eglise, tout Israël soit sauvé.
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