28 octobre 2008 2 28 /10 /octobre /2008 12:44

Extrait de l’homélie prononcée par le Pape Benoît XVI lors de sa visite pastorale à Assise, le 17 juin 2008.

Chers amis, François d'Assise nous transmet aujourd'hui ces paroles de Paul, avec la force de son témoignage. Depuis que le visage des lépreux, aimés par amour de Dieu, lui donna l'intuition, d'une certaine manière, du mystère de la "kénose" (cf. Ph 2, 7), l'abaissement de Dieu dans la chair du Fils de l'homme, et depuis que la voix du Crucifié de Saint-Damien plaça dans son cœur le programme de sa vie : "Va François, réparer ma maison" (2 Cel I, 6, 10:  FF 593), son chemin ne fut que l'effort quotidien de s'identifier au Christ. Il tomba amoureux du Christ. Les plaies du Crucifié blessèrent son cœur, avant même de marquer son corps à La Verne. Il pouvait vraiment dire avec Paul : "Ce n'est plus moi qui vit, mais le Christ qui vit en moi".

Et venons-en au cœur évangélique de la Parole de Dieu d'aujourd'hui. Jésus lui-même, dans le passage de l'Evangile de Luc qui vient d'être lu, nous explique le dynamisme de l'authentique conversion, en nous indiquant comme modèle la femme pécheresse rachetée par l'amour. Il faut reconnaître que cette femme avait beaucoup osé. Sa façon de se placer face à Jésus, en baignant ses pieds de larmes et en les essuyant avec ses cheveux, les embrassant et les oignant d'huile parfumée, était faite pour scandaliser ceux qui regardaient les personnes de sa condition avec l'œil impitoyable du juge. On est au contraire impressionné par la tendresse avec laquelle Jésus traite cette femme, exploitée et jugée par tant de personnes. Elle a finalement trouvé en Jésus un œil pur, un cœur capable d'aimer sans exploiter. Dans le regard et dans le cœur de Jésus elle reçoit la révélation de Dieu-Amour!
 

Pour éviter les équivoques, il faut noter que la miséricorde de Jésus ne s'exprime pas en mettant la loi morale entre parenthèses. Pour Jésus, le bien est le bien, le mal est le mal. La miséricorde ne change pas l'aspect du péché, mais le brûle d'un feu d'amour. Cet effet purifiant et assainissant se réalise si, dans l'homme, se trouve une correspondance d'amour, qui implique la reconnaissance de la loi de Dieu, le repentir sincère, l'intention d'une vie nouvelle. On pardonne beaucoup à la pécheresse de l'Evangile, parce qu'elle a beaucoup aimé. En Jésus, Dieu vient nous donner l'amour et nous demander l'amour.
 

Mes chers frères et sœurs, qu'a été la vie de François converti si ce n'est un grand acte d'amour? C'est ce que révèlent ses prières enflammées, riches de contemplation et de louanges, son tendre baiser à l'Enfant divin à Greccio, sa contemplation de la passion à La Verne, son "vivre selon la forme du saint Evangile" (2 Test 14, FF 116), son choix de pauvreté et sa recherche du Christ dans le visage des pauvres.

Telle est sa conversion au Christ, jusqu'au désir de "se transformer" en Lui, en devenant son image accomplie, qui explique sa manière de vivre typique, en vertu de laquelle il nous apparaît si actuel également par rapport à de grands thèmes de notre époque, tels que la recherche de la paix, la sauvegarde de la nature, la promotion du dialogue entre tous les hommes. François est un véritable maître dans ce domaine. Mais il l'est à partir du Christ. En effet, c'est le Christ, qui est "notre paix" (cf. Ep 2, 14). C'est le Christ qui est le principe même de l'univers, car en lui tout a été créé (cf. Jn 1, 3). C'est le Christ qui est la vérité divine, l'éternel "Logos", en qui chaque "dia-logos" dans le temps trouve son ultime fondement. François incarne profondément cette vérité "christologique" qui se trouve à la racine de l'existence humaine, de l'univers, de l'histoire.

Je ne peux pas oublier, dans le contexte d'aujourd'hui, l'initiative de mon Prédécesseur de sainte mémoire, Jean-Paul II, qui voulut réunir ici, en 1986, les représentants des confessions chrétiennes et des diverses religions du monde, pour une rencontre de prière pour la paix.
Ce fut une intuition prophétique et un moment de grâce, comme je l'ai réaffirmé il y a quelques mois dans ma lettre à l'Evêque de cette ville, à l'occasion du vingtième anniversaire de cet événement. Le choix de célébrer cette rencontre à Assise était précisément suggéré par le témoignage de François comme homme de paix, que de nombreuses personnes, même d'autres tendances culturelles et religieuses, considèrent avec sympathie. Dans le même temps, la lumière du Poverello sur cette initiative était une garantie d'authenticité chrétienne, car sa vie et son message reposent si visiblement sur le choix du Christ, qu'ils repoussent a priori toute tentation d'indifférentisme religieux, qui n'aurait rien à voir avec l'authentique dialogue interreligieux. L'"esprit d'Assise", qui depuis cet événement continue à se diffuser dans le monde, s'oppose à l'esprit de violence, à l'abus de la religion comme prétexte pour la violence. Assise nous dit que la fidélité à sa propre conviction religieuse, la fidélité en particulier au Christ crucifié et ressuscité ne s'exprime pas par de la violence et de l'intolérance, mais par le respect sincère de l'autre, par le dialogue, par une annonce qui fait appel à la liberté et à la raison, dans l'engagement pour la paix et la réconciliation. Ne pas réussir à conjuguer l'accueil, le dialogue et le respect pour tous avec la certitude de foi que chaque chrétien, à l'image du saint d'Assise, est tenu de cultiver, en annonçant le Christ comme chemin, vérité et vie de l'homme (cf. Jn 14, 6), unique Sauveur du monde, ne pourrait pas être une attitude évangélique, ni franciscaine.



Lire le texte intégral de l'homélie du Pape Benoît XVI  

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

H
très beau texte sur St François et l'esprit d'Assise ! Je savais que Benoît XVI était venu à Assise en juin, mais n'avait pas lu ce discours. Comme le dit très bien le Pape, St François avait un très grand amour pour le Christ et c'est cet amour qui l'a conduit à propager son esprit de paix, de dialogue et de recherche de la réconciliation. Celui qui est fidèle au Christ comme François est un artisan de paix et s'oppose à la violence.  Je trouve ce texte bien + intéressant que les débats stériles sur le fait que "Marie aurait ou non conservé son hymen intact après son accouchement" et les accusations d'hérésie lancées ces dernières semaines...  Pax et Bonum, comme on dit dans la famille franciscaine !
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