ROME, Lundi 27 mars 2006 (ZENIT.org) – Au cœur de la crise qui agite la France autour du « Contrat première embauche » (CPE) Mgr Vingt-Trois, archevêque de Paris, a lancé un message de responsabilisation et d’espérance aux milliers d’étudiants rassemblés pour le pèlerinage de Chartres, les 25 et 26 mars (cf. http://catholique-paris.cef.fr).
Voici quelques extraits de l’homélie de Mgr Vingt-Trois :
« Nous [vivons] une crise qui exprime une anxiété par rapport à l’avenir. Il me semble que cette anxiété doit nous faire réfléchir sur la manière dont nous nous représentons l’avenir. Qui a les solutions de l’avenir ? Qu’attendons-nous de l’avenir ? Quelle est notre espérance ?
« Pour beaucoup, la seule espérance qui les motive est celle de la sécurité : sécurité de l’emploi, sécurité du niveau de vie, sécurité de la santé, etc.
« Mais qui peut vous laisser croire, ou vous faire croire, qu’il vous apportera ces garanties ? Honnêtement, je ne crois pas que quiconque aujourd’hui puisse vous garantir cette sécurité, pas plus que vous assurer que vous aurez un niveau de vie comparable à celui de vos parents.
« Derrière cette promesse en trompe-l’œil, il y a un jugement qui se dessine sur les valeurs communément admises dans notre société.
« La question radicale est de savoir à quoi nous accordons le plus de prix et ce qui peut vous conduire à une véritable maîtrise de votre vie et à un accomplissement de vos capacités, à un équilibre qui vous permette de connaître le bonheur. Pas seulement un petit bonheur mesurable par les sécurités du contrat social, pas seulement le bonheur d’un CDI ou d’une profession protégée, mais le bonheur réel et profond qui donne la joie d’être au monde et de vivre.
« Ce bonheur-là, personne ne peut l’apporter tout cuit sur un plateau avec le talisman d’un diplôme. Il faut le construire et le reconstruire chaque jour, parce que ce bonheur là ne résulte pas de ce que les autres ou la société pourraient nous donner, mais de la décision d’engager notre vie pour le service des autres et pour la transformation du monde. Ce bonheur, il est le fruit de l’amour qui transforme notre vie et qui lui donne une dimension nouvelle. Il n’est pas le repos après l’effort, il est le réveil quotidien de l’inquiétude pour la vie de nos frères.
« (…) La lumière que nous donne le Christ, c’est d’abord sa parole qui nous indique les chemins de la vie et du bonheur.
« Finalement, la question qui s’impose à nous est la suivante : le Christ, avec sa parole, sa présence sacramentelle dans la vie de l’Église, son Esprit qui nous habite, le Christ Jésus est-il vraiment la lumière de notre vie quotidienne ? Est-il celui en qui nous mettons notre confiance pour notre avenir, celui qui ne déçoit pas et qui ne trompe pas, celui qui nous garantit la véritable sécurité, celle qui vient de Dieu.
« Mes chers amis, les circonstances nous mettent tous devant un choix auquel nous ne pouvons pas échapper : quelle est la valeur suprême de notre vie ? Est-ce que nous sommes prêts à faire confiance à Dieu et à risquer nos sécurités dans le service de nos frères ? Ou bien préférons-nous la sécurité de la société de consommation et de la protection du niveau de vie ?
« Personne ne peut imposer la réponse à ces questions. La réponse doit jaillir de votre liberté et de votre désir d’aimer et de servir vos frères. Mais si vous choisissez la liberté dans le Christ, je peux vous garantir qu’il ne vous laissera pas tomber et qu’il vous comblera de joie. Si vous choisissez la sécurité garantie par la société, j’espère que vous savez ce que vous faites et que vous assumerez vos déceptions (…). »
+ André Vingt-Trois