Extrait du Message Pascal du Pape Benoît XVI pour la bénédiction Urbi et Orbi, adressé à la ville de Rome et au monde Place Saint Pierre le dimanche de Pâques 8 avril 2007.
« Mon Seigneur et mon Dieu! » Renouvelons, nous aussi, la profession de foi de Thomas. Cette année, comme vœux de Pâques, j’ai voulu justement choisir ses paroles, parce que l’humanité présente attend des chrétiens un témoignage renouvelé de la résurrection du Christ ; elle a besoin de le rencontrer et de pouvoir le connaître comme vrai Dieu et vrai Homme. Si, chez cet Apôtre, nous pouvons rencontrer les doutes et les incertitudes de nombreux chrétiens d’aujourd’hui, les peurs et les désillusions d’un grand nombre de nos contemporains, avec lui, nous pouvons aussi redécouvrir, avec une conviction renouvelée, la foi au Christ mort et ressuscité pour nous. Cette foi, transmise au cours des siècles par les successeurs des Apôtres, demeure, parce que le Seigneur ressuscité ne meurt plus. Il vit dans l’Église et il la guide résolument vers l’accomplissement de son dessein éternel de salut.
Chacun de nous peut être tenté par l’incrédulité de Thomas. La souffrance, le mal, les injustices, la mort, spécialement quand ils frappent les innocents – comme, par exemple, les enfants victimes de la guerre et du terrorisme, de la maladie et de la faim –, ne mettent-ils pas à dure épreuve notre foi ? Pourtant, paradoxalement, dans ces cas, l’incrédulité de Thomas nous est utile et précieuse, car elle nous aide à purifier toute fausse conception de Dieu et elle nous conduit à découvrir son visage authentique : le visage d’un Dieu qui, dans le Christ, s’est chargé des plaies de l’humanité blessée. Thomas a reçu du Seigneur le don d’une foi éprouvée par la passion et la mort de Jésus, et confirmée par sa rencontre avec Lui, le Ressuscité, et il a transmis ce don à l’Église. Une foi qui était presque morte et qui est née à nouveau grâce au contact avec les plaies du Christ, avec les blessures que le Ressuscité n’a pas cachées, mais qu’il a montrées et qu’il continue de nous montrer à travers les peines et les souffrances de tout être humain.
« C’est par ses blessures que vous avez été guéris » (1 P 2,24), telle est l’annonce que Pierre adresse aux premiers convertis. Ces plaies, qui pour Thomas furent d’abord un obstacle à la foi, parce que signes de l’apparent échec de Jésus ; ces mêmes plaies sont devenues, dans la rencontre avec le Ressuscité, des preuves d’un amour victorieux. Ces plaies, que le Christ a reçues par amour pour nous, nous aident à comprendre qui est Dieu et à répéter nous aussi : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Seul un Dieu qui nous aime au point de prendre sur lui nos blessures et notre souffrance, surtout la souffrance de l’innocent, est digne de foi.
Que de blessures, que de souffrances dans le monde! Il ne manque pas de calamités naturelles ni de tragédies humaines qui provoquent d’innombrables victimes et des dommages matériels considérables (…). Chers Frères et Sœurs, à travers les plaies du Christ ressuscité, c’est avec des yeux d’espérance que nous pouvons voir les maux qui affligent l’humanité. En effet, en ressuscitant, le Seigneur n’a pas enlevé la souffrance et le mal du monde, mais il les a vaincus à la racine avec la surabondance de sa Grâce. Au pouvoir immense du Mal, il a opposé la toute-puissance de son Amour. Comme chemin vers la paix et vers la joie, il nous a laissé l’Amour qui ne craint pas la Mort. « Comme je vous ai aimés – a-t-il dit aux Apôtres avant de mourir – vous aussi aimez-vous les uns les autres » (Jn 13,34).
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