26 juin 2008 4 26 /06 /juin /2008 10:40

Extrait de l’Exhortation apostolique Sacramentum Caritatis du Pape Benoît XVI, donnée à Rome en la fête de la Chaire de Saint Pierre Apôtre, le 22 février 2007.


À travers le Sacrement de l'Eucharistie, Jésus fait entrer les fidèles dans son « heure » ; il nous montre ainsi le lien qu'il a voulu entre lui et nous, entre sa personne et l'Église.

En effet, le Christ lui-même, dans le Sacrifice de la croix, a engendré l'Église comme son épouse et son corps. Les Pères de l'Église ont médité longuement sur la relation entre l'origine d'Ève, issue du côté d'Adam endormi (cf. Gn 2, 21-23), et celle de la nouvelle Ève, l'Église, née du côté du Christ, immergé dans le sommeil de la mort : de son côté transpercé, raconte Jean, il sortit du sang et de l'eau (cf. Jn 19, 34), symbole des sacrements. Un regard contemplatif vers « celui qu'ils ont transpercé » (Jn 19, 37) nous conduit à considérer le lien causal qui existe entre le sacrifice du Christ, l'Eucharistie et l'Église. L'Église, en effet, « vit de l'Eucharistie ». Puisqu'en elle se rend présent le sacrifice rédempteur du Christ, on doit avant tout reconnaître qu'aux origines mêmes de l'Église, il y a une influence causale de l'Eucharistie.

L'Eucharistie est le Christ qui se donne à nous, en nous édifiant continuellement comme son corps.
Par conséquent, dans la relation circulaire suggestive entre l'Eucharistie qui édifie l'Église et l'Église elle-même qui fait l'Eucharistie, la causalité première est celle qui est exprimée dans la première formule : l'Église peut célébrer et adorer le mystère du Christ présent dans l'Eucharistie justement parce que le Christ lui-même s'est donné en premier à elle dans le Sacrifice de la croix. La possibilité, pour l'Église, de « faire » l'Eucharistie est complètement enracinée dans l'offrande que le Christ lui a faite de lui-même. Nous découvrons ici aussi un aspect convaincant de la formule de saint Jean : « Il nous a aimés le premier » (1 Jn 4, 19). Ainsi, dans chaque célébration, nous confessons nous aussi le primat du don du Christ. L'influence causale de l'Eucharistie à l'origine de l'Église révèle en définitive l'antériorité non seulement chronologique mais également ontologique du fait qu'il nous a aimés « le premier ». Il est pour l'éternité celui qui nous aime le premier.

L'Eucharistie est donc constitutive de l'être et de l'agir de l'Église. C'est pourquoi l'Antiquité chrétienne désignait par la même expression, Corpus Christi, le corps né de la Vierge Marie, le Corps eucharistique et le Corps ecclésial du Christ. Cette donnée bien présente dans la tradition nous aide à faire grandir en nous la conscience du caractère inséparable du Christ et de l'Église. Le Seigneur Jésus, en s'offrant lui-même pour nous en sacrifice, a annoncé à l'avance dans ce don, de manière efficace, le mystère de l'Église. Il est significatif que la deuxième prière eucharistique, en invoquant le Paraclet, formule en ces termes la prière pour l'unité de l'Église : « Qu'en ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l'Esprit Saint en un seul corps ». Ce passage fait bien comprendre comment la res du Sacrement de l'Eucharistie est l'unité des fidèles dans la communion ecclésiale. L'Eucharistie se montre ainsi à la racine de l'Église comme mystère de communion.

Le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, dans son Encyclique Ecclesia de Eucharistia, avait déjà attiré l'attention sur la relation entre Eucharistie et communio. Il a parlé du mémorial du Christ comme de « la plus haute manifestation sacramentelle de la communion dans l'Église ». L'unité de la communion ecclésiale se révèle concrètement dans les communautés chrétiennes et elle se renouvelle dans l'action eucharistique qui les unit et qui les différencie en Églises particulières, « in quibus et ex quibus una et unica Ecclesia catholica exsistit ». C'est justement la réalité de l'unique Eucharistie célébrée dans chaque diocèse autour de l'Évêque qui nous fait comprendre comment les Églises particulières elles-mêmes subsistent in et ex Ecclesia. En effet, l'unicité et l'indivisibilité du Corps eucharistique du Seigneur impliquent l'unicité de son Corps mystique, qui est l'Église une et indivisible. C'est à partir de son centre eucharistique que se réalise l'ouverture nécessaire de toute communauté qui célèbre, de toute Église particulière : en se laissant attirer par les bras ouverts du Seigneur, on s'insère dans son Corps, unique et sans division. C'est pourquoi, dans la célébration de l'Eucharistie, tout fidèle se trouve dans son Église, c'est-à-dire dans l'Église du Christ. Dans cette perspective eucharistique, comprise de manière appropriée, la communion ecclésiale se révèle être, par nature, une réalité catholique.

Souligner cette racine eucharistique de la communion ecclésiale peut aussi contribuer efficacement au dialogue œcuménique avec les Églises et avec les Communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion avec le Siège de Pierre. En effet, l'Eucharistie établit de manière objective un lien d'unité fort entre l'Église catholique et les Églises orthodoxes, qui ont conservé la nature authentique et entière du mystère de l'Eucharistie. Dans le même temps, le relief donné au caractère ecclésial de l'Eucharistie peut aussi devenir un élément privilégié du dialogue avec les Communautés issues de la Réforme.



Lire le texte intégral de l'Exhortation apostolique Sacramentum Caritatis du Pape Benoît XVI

Partager cet article
Repost0
Publié par Matthieu BOUCART -
commenter cet article

commentaires

S
<br /> Magnifique le blog que je découvre.<br /> <br /> <br /> Magnifique l'exposé.<br />
Répondre
M
Cher Hervé,"Merci de nous donner de tels textes, sur des sujets vraiment essentiels". Je te remercie de tes remerciements, mais c'est le Pape Benoît XVI qu'il faut remercier de nous donner de tels textes! Et le Seigneur, bien entendu, de nous avoir donné Benoît XVI!"Je ne suis pas sûr de tout comprendre et le fait que tu surligne, souligne en gras, mette en gras et en couleurs la moitié de l'article n'aide pas forcément à la lisibilité (si tout est important, autant tout mettre en gras)." Si je mets tout en gras, alors autant tout mettre en maigre! Mais si je mets tout en maigre, qui lira les textes publiés? Pas grand monde sans doute... Les textes de Benoît XVI sont extraordinaires Hervé, mais ils sont aussi extrêmement exigeant sur le plan intellectuel, et parfois arides de lecture (tel ce passage de l'Exhortation apostolique Sacramentum Caritatis), surtout pour un lecteur qui serait peu familier avec le discours théologique d'un Pape catholique. J'essaye donc de varier les couleurs et les polices de caractères, pour attirer au moins le regard sur ce qui me paraît important, et donner l'envie de lire le texte dans son intégralité. Et puis si c'est vraiment trop dur, le lecteur pourra toujours s'en tenir à ce qui est en gros caractère ou souligné. Ce sera déjà ça de lu."Je ne sais pas ce que pensent les autres lecteurs, mais peut-être pourrais-tu nous donner des extraits plus courts, sinon nous ne sommes pas encouragés à tout lire." Des textes plus courts? J'aimerais bien, mais c'est difficile à envisager (comme le texte que tu commentes : comment le saucissonner sans faire perdre le fil du raisonnement au lecteur?) Il faudrait que je publie plus d'articles par jour, ou moins d'articles dans l'absolu. Ce qui exigerait le sacrifice de textes importants...Ce que j'essaye de faire avec l'Exhortation apostolique, c'est d'extraire des passages qui me paraissent constituer une unité à soi tout seul. Le texte publié demeure long et aride, c'est vrai, mais encore une fois, on n'est pas obligé de tout lire!"Et idéalement, même si c'est + compliqué que de recopier des textes d'il y a un an et demi, pourrais-tu parfois nous en faire un petit commentaire (résumé en français courant ou explication). J'entends bien que cela prend du temps, mais tu peux aussi publier moins d'articles  ;-)" En fait, j'avais commencé à publier les articles de Benoît XVI de cette manière-là. Mais je me suis rendu compte effectivement que cela prenait trop de temps. J'ai donc fini par y renoncer. Si un jour toutefois le Seigneur m'accordais la grâce de pouvoir évangéliser à plein temps sur Internet, je me ferais un plaisir de réfléchir à une meilleure présentation.
Répondre
R
:0101:
Répondre
M
Merci RV pour le compliment ! Toi aussi tu as un humour extraordinaire, surtout quand tu dis "quand tu seras converti"... Vraiment très drôle ! :)
Répondre
R
Correction : je voulais dire Monsieur Lourdingue (et non pas Monsieur Loyrdingue).  RV:0101:
Répondre
R
Micky, ton sens de l'humour est tout bonnement extraordinaire. Bravo aussi pour ton message à Monsieur Loyrdingue (sur l'autre fil). Quand tu seras converti, tu vas vraiment pouvoir faire rire les chrétiens. Bravo pour ton humour vraiment fabuleux !!
Répondre
M
"Tu devrais mettre des caractères encore plus gros..." (Evangile selon Matthieu B.):)
Répondre
H
Merci de nous donner de tels textes, sur des sujets vraiment essentiels. Je ne suis pas sûr de tout comprendre et le fait que tu surligne, souligne en gras, mette en gras et en couleurs la moitié de l'article n'aide pas forcément à la lisibilité (si tout est important, autant tout mettre en gras). Je ne sais pas ce que pensent les autres lecteurs, mais peut-être pourrais-tu nous donner des extraits plus courts, sinon nous ne sommes pas encouragés à tout lire. Et idéalement, même si c'est + compliqué que de recopier des textes d'il y a un an et demi, pourrais-tu parfois nous en faire un petit commentaire (résumé en français courant ou explication). J'entends bien que cela prend du temps, mais tu peux aussi publier moins d'articles  ;-)       Fraternellement,
Répondre

Présentation

  • : Totus Tuus
  • : A Jésus par Marie - Un site catholique pour apprendre à connaître et aimer Dieu de tout son coeur et de toute son intelligence.
  • La Lumière du Monde
  • Contact

Cher ami lecteur, tu es le e visiteur. La Paix soit avec toi. 

Ecouter un enseignement sur la foi catholique

Vous rendre sur le blog ami dédié à Claude Tresmontant

Visiteurs actuels