Chers amis lecteurs,
J’ai publié il y a quelques semaines sur mon site Dailymotion une vidéo dans laquelle le Cardinal Jean-Marie Lustiger faisait part sur Radio Notre Dame de son interprétation du « Voici ta mère » adressé par Jésus à St Jean depuis la Croix, quelques instants avant de « rendre l’esprit ». Dans ce clip, le regretté Cardinal Lustiger faisait remarquer que la parole réellement prononcée par Jésus était : « Voici LA Mère », et non « Voici TA Mère », ce qui n’est pas sans signification, selon lui, sur le rôle de la Vierge Marie dans l’économie du Salut.
Ce petit clip m’a valu un dialogue « serré » avec un frère protestant dont je reproduis ici la teneur, en ce dimanche du mois de mai, « le plus beau mois de l’année », spécialement consacré dans l’Eglise à la Vierge Marie, notre Maman du Ciel !
Voici ta mère
envoyé par Maemray
Frère Protestant : « Quel déformateur de la Parole de Dieu, cette éminence. Jésus n'a jamais dit voici LA mère, mais voici TON fils et voici TA mère. Quel mensonge effronté : il déforme la Parole de Dieu, ce menteur et blasphèmateur. Malheur à ceux qui déforment la Parole ! Regarde dans la Bible de Jérusalem : elle dit « VOICI TA MÈRE ». Marie n'a rien à voir avec le salut. Rien. »
Maemray (mon nom de « guerre »…) : Cher ami, ignores-tu que la Bible n'a pas été rédigée en Français?
FP : « Jean 19.26 : Jésus, voyant sa mère, et auprès d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : Femme, voilà TON fils. 27 : Puis il dit au disciple : Voilà TA mère. Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui. Maemray, ta vidéo est le mensonge d'un hérétique déformateur de la Parole de Dieu. »
M : Ben voyons!
FP : « Maemray, lis-tu ta bible ? Regarde dans la version catholique, la Bible de Jérusalem, et tu verras que ce prêtre est un menteur. La version Louis-Segond dit la même chose. »
M : Et toi cher ami, as-tu étudié l'Evangile de Jean ? Je veux dire : en sa version originale, grecque ?
FP : « Si la version grecque n'est pas la même que le français, pourquoi la version catholique n'a pas écrit voici LA mère ? Pourtant, c'est bien eux qui ont fait la traduction. Ceci est une hérésie de l'église catholique pour t'amener dans l'idolâtrie et un dogme anti-biblique comme la prière à Marie d'ailleurs, car Jésus nous a montré comment prier. Marie est-elle celle qui va te sauver ? (…) Et pour ce qui est de ce texte de l'évangile de Jean, sais-tu pourquoi Jésus a dit à Jean voici ta mère ? »
M : Je suis sûr que tu vas me le dire...
M : Ce qui est amusant, c'est que tu n'as pas l'air de te soucier plus que cela de la traduction grecque de l'Evangile. Je te comprends en un sens... Tu préfères la traduction française catholique (imparfaite, comme toutes les traductions) qui est (à première vue) plus conforme à ton interprétation de l'Evangile (dont j'attends avec impatience l'énoncé précis). Mais avoue quand même qu'il est étonnant que l'Eglise catholique n'ait pas retenu une traduction plus mot à mot du texte grec inspiré, qui lui aurait permis de défendre plus facilement sa conception de la maternité spirituelle de Marie à l'égard des disciples du Christ.
FP : « Jésus a dit à Jean voici TA mère car il était Dieu. Et Dieu, contrairement à ce que l'église catholique affirme, Dieu n'a pas de mère. Et la situation du temps, Jésus confie à son disciple sa mère dans son humanité et non dans sa divinité pour en prendre soin. Il faut faire la différence entre mère de Jésus et mère de Dieu. Marie ne peut-être la mère de Dieu car elle est une pécheresse (Luc 1-46-48, Galates 4:4). Sinon, c'est de dire que Marie est une déesse ou la reine des cieux, et c'est ce qu'elle n'est pas. Ceci une hérésie de l'église catholique. Et si tu me crois pas, je te demande de me dire où il est écrit dans la Bible la mère de Dieu. »
M : « je te demande de me dire où il est écrit dans la Bible la mère de Dieu. » Eh bien dans l'Evangile de Luc, lorsque Marie visite sa cousine Elisabeth, celle-ci s'écrie : "Comment ai-je ce bonheur que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi" (Lc 1. 43)! Réaction très étonnante à la vérité, car Elisabeth sait bien que Marie porte Jésus en son sein ; elle sait aussi qu'il est son Seigneur et son Dieu. Mais pourtant, elle ne s'écrie pas : "Comment ai-je ce bonheur que mon Seigneur vienne jusqu'à moi", mais "comment ai-je ce bonheur que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi".
FP : « Je pense que tu fais erreur entre le mot Seigneur et Dieu. Comprends-tu que Marie a accouché de la nature humaine de Jésus mais pas de sa divinité. Marie est une pécheresse et elle est sous la loi (Galate 4:4). Avant que Jésus naisse, il était Dieu, il fait parti de la Trinité depuis toujours. C'est lui qui a décidé de venir en chair et en os sur terre. Regarde dans l'Ancien Testament : quand on parle de l'Ange de l'Eternel, c'est de Jésus qu'on parle. Marie n'a pas cette nature divine ; elle ne peux donc être la mère de Dieu. »
M : Nous sommes donc d'accord. L'Eglise catholique ne dit rien d'autre que ce que tu dis toi-même (à la "pécheresse" près...). C'est comme cela qu'elle entend l'expression "Mère de Dieu". Jamais elle n'a prétendu et enseigné que Marie serait la Mère de la nature divine du Verbe éternel du Père! Marie est la Mère de Dieu parce qu'elle la mère de Jésus qui est Dieu. Tout simplement.
FP : « Je comprends ton point de vue, mais ce qui est grave dans l'église catholique, c'est qu'elle en fait (de Marie) un objet de culte et d'idolâtrie. Le premier commandement tu connais ? »
M : L'idôlatrie consiste à mettre une créature à la place de Dieu. Ce n'est pas ce que fait l'Eglise catholique au sujet de Marie. Dieu seul est Dieu. Marie est la Mère de Jésus ; elle n'est la Mère de Dieu que parce qu'elle est la Mère de Jésus qui est Dieu. Il n'y a donc pas violation du premier commandement.
Mais puisque tu cites les 10 commandements, je me permets de te rappeler aussi le 4e : "Honore ton Père et ta Mère". Il n'est pas étonnant que Jésus, qui est Dieu mais qui est aussi un homme, souhaite honorer de manière particulière sa maman selon la chair. Comme il est évident, si nous voulons être fidèles aux commandements de Dieu, que nous devons honorer Marie comme notre propre Mère, puisqu'elle nous a été confiée comme telle par Jésus lui-même.
FP : « Je vais te dire pourquoi c'est est un culte idolâtrique dans l'église catholique. Je connais des catholiques qui ne voient plus Jésus, mais seulement Marie. C'est ça le danger. Les gens croient : priez la vierge, mais dans le fond c'est le diable qui se sert de Marie pour l'adorer lui. Regarde les paroles de Marie, et je suis sûr que Marie ne demande pas qu'on porte attention à elle. Mais le diable dans sa ruse se sert de ceci. Je pense que tu ne comprends pas toute la portée du premier commandement. Le Tout veux dire tout à Dieu et à Lui-Seul, et il n'y a pas place pour les autres c'est en Dieu seul qu'il faut mettre toute notre confiance. Connais-tu le plan du salut ? »
M : « dans le fond c'est le diable qui se sert de Marie pour l'adorer lui ». C'est marrant, la Bible dit exactement le contraire : que le diable va se déchaîner à la fin des temps... contre Marie et ceux qui la prennent pour Mère!
FP : « Je n'ai jamais vu ceci dans la Bible. Si tu fais allusion à la femme qui attend un enfant et qui va allaiter dans le désert, c'est le peuple d'Israël. Connais-tu le plan du salut ? La femme couronnée de 12 étoiles, c'est l'église et les 12 tribus d'Israël. »
M : Relis le chapitre 12 de l'Apocalypse. Verset 5 : "la Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations" (qui donc a mis Jésus au monde?) Et le verset 17 : "le Dragon se mit en colère contre la Femme, et s'en alla faire la guerre contre le reste de sa descendance, ceux qui observent les commandements de Dieu et qui gardent le témoignage pour Jésus." Ton opposition farouche envers ceux qui ont pris Marie pour Mère ne m'étonne donc pas vraiment. Tu accomplis ainsi les Ecritures.
FP : « Relis toi : les 144,000 élus du livre de l'Apocalypse qui sont les 12 tribus d'Israël. Marie n'est pas la femme avec 12 étoiles. Jésus est l'église et non Marie ! »
FP : « Commentaires Bibliques Apo. 12 : v1 - Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête ; - Ce signe au ciel annonce une nouvelle section. Il y a un lien avec l’ouverture du temple de Dieu au ciel, du verset 11:19. La femme fait allusion au rêve de Joseph (Gn 37:7) et alors, elle représente les douze tribus d’Israël. Le rêve de Joseph montre le soleil, la lune et onze étoiles qui se prosternent devant lui, une vision qui se réalise lorsqu’il devient le bras droit du Pharaon et ses frères se prosternent devant lui (Gn 43:26-29). La femme symbolise les élus, notamment les élus de l’Ancien Testament qui donnent naissance au Christ (verset 5) et plus loin elle symbolise les élus du Nouveau Testament (verset 17). »
FP : « Jean voit une continuation entre les élus de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament (voir 21:12-14). Wilson dit « Dans les écritures, il n’y a pas de ligne précis entre la vraie Israël et la nouvelle Israël, car le peuple de la promesse est un seul peuple, qu’il vit avant ou après la venue du Christ ». Dans ce verset, la femme symbolise clairement les élus de l’Ancien Testament. Comparez la gloire céleste de cette femme, qui représente les élus (la femme Ep 5:22) avec la prostituée étincelante qui symbolise le monde dans Ap 17:4. Cette femme-ci, est en contraste avec la prostituée, et la Reine du ciel. »
FP : « v2 - elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l’enfantement. - (cf. Is 26:17, 66:7-8, Mi 4:10) ceci représente sans doute les tentatives pour tuer l’enfant, qui est le Christ, avant sa naissance. Voir Gn 3:15, où on voit de l’hostilité entre l’humanité et le Diable, et l’enfant promis écrasera la tête du serpent. Verset 4, le Dragon joue le rôle de sage femme et se trouve là pour tuer l’enfant à la naissance. Satan tente, ensuite, de détruire la graine promise, et on retrouve divers événements dans l’Ancien Testament où l’on essaie de détruire le lignage d’où naîtra le Christ. »
FP : « v3 - Puis un second signe apparut au ciel : un énorme Dragon rouge-feu, à sept têtes et dix cornes, chaque tête surmontée d’un diadème. - Un second « signe » apparaît au ciel. Maintenant il voit le signe du dragon, ce qui souligne la nature symbolique de ces visions. C’est la première fois que l’on voit le dragon rouge-feu, qui est le serpent de Gn 3:1. Le dragon est l’introduction des deux ennemis à l’extérieur de l’église, Satan et le Monde, l’ennemi de l’intérieur est la chair. Le dragon est rouge-feu à cause du sang qu’il a répandu, car il fut homicide dès le commencement (Jn 8:44). Les dix cornes indiquent la force et les sept couronnes indiquent son autorité. Les couronnes sont des couronnes royales (diadema) et non pas les couronnes de la victoire comme portées par la femme. »
FP : « Les couronnes royales sont portées par le dragon, par la Bête (13:1) et par le Christ, 19 :2. Les sept têtes (sept symbolise l’état complet) signifient sans doute son intelligence, ou ses formes diverses. Comparez cela avec les sept têtes de la Bête, 13:1. Comparez cela également avec l’Agneau, 5:6, qui avait sept cornes mais une seule tête. Notez, on appelait le Pharaon, le dragon, Ez 29:3. »
FP : « v4 - Sa queue balaie le tiers des étoiles du ciel et les précipite sur la terre. - ceci indique sans doute les anges déchus, c’est à dire, les démons. Lorsque Satan fut jeté du ciel, il amena ses démons avec lui, Ap 12:7, Dn 8:10. »
FP : « v4 - En arrêt devant la Femme en travail, le Dragon s’apprête à dévorer son enfant aussitôt né. - Ici on trouve une allusion au roi Hérode qui tenta de tuer Jésus à sa naissance, Mt 2:16. Hérode est une sorte d’Antéchrist. Cela nous rappelle un événement similaire lorsque le Pharaon essaie de tuer les enfants mâles (Ex 1:15-16). Le dragon essaie d’empêcher la naissance de celui qui va lui écraser la tête (Gn 3:15). On a essayé de tuer le Christ pendant sa vie, mais peuvent le faire seulement quand son heure est venue. Cela fait le parallèle avec les deux témoins, qui sont intouchables avant la fin de leur témoignage. »
FP : « v5 - Or la Femme mit au monde un enfant mâle, celui qui doit mener toutes les nations avec un sceptre de fer ; - Cependant, le dragon ne réussit pas à détruire l’enfant mâle. Au cas où nous doutons quant à l’identité de l’enfant, il est l’enfant mâle « celui qui doit mener toutes les nations avec un sceptre de fer », une référence au psaume 2:9. L’enfant mâle est Jésus. On retrouve cette référence au psaume dans Ap 1:27 et Ap 19:15. Le mot « mener » signifie « pasteur » mais, dans le contexte de 19:15, ce passage signifie qu’il frappera les nations lors de son avènement. Mounce donne l’explication suivante : « Mener avec un sceptre de fer suppose détruire plutôt que régner de façon sévère. Le pasteur mène ses brebis et les protège des bêtes féroces. Son sceptre est une arme de défense. Le sceptre du Messie est un sceptre de fer, il est fort et ne se plie pas dans sa mission de jugement. »
M : Cher ami, ton interprétation de l'Apocalypse est intéressante, et j'y souscris pour l'essentiel, mais qu'est-ce qui te permet d'affirmer qu'elle est la seule possible ? Si Jésus est « l’enfant mâle » du livre de l’Apocalypse, qu’est-ce qui interdit de penser que Marie soit la « Femme » qui l’a mis au monde, celle-là même contre laquelle le démon se met en colère, et à la descendance de laquelle il s’en va faire la guerre, la « descendance » n’étant pas restreinte dans ce passage au seul enfant mâle-Jésus, mais étendue à tous « ceux qui observent les commandements de Dieu et qui gardent le témoignage pour Jésus » ? Cette interprétation aurait en tous les cas l’avantage d’expliquer pourquoi Jésus sur la Croix présente Marie à Saint Jean (l’auteur du livre de l’Apocalypse !) non pas seulement comme SA Mère à lui Jésus (v.25) ou à St Jean (v. 27), mais comme LA Mère (v. 26)… LA Mère de l’Eglise, la Mère de tous « ceux qui observent les commandements de Dieu et qui gardent le témoignage pour Jésus », LA Mère par excellence, dont le rôle est d’enfanter à la vie nouvelle les hommes rachetés par la Croix du Christ.