28 mars 2008 5 28 /03 /mars /2008 00:00

L'ange dit aux femmes qui s'étaient rendues au sépulcre, le matin de Pâques : « N'ayez pas peur ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité ». Mais Jésus est-il vraiment ressuscité ? Quelles garanties avons-nous qu'il s'agit d'un fait qui s'est réellement produit et non d'une invention ou d'une suggestion ? Saint Paul, écrivant pas plus de vingt-cinq ans après les faits, dresse la liste des personnes qui l'ont vu après sa résurrection, la plupart étant encore en vie (1 Co 15, 8). De quel fait de l'antiquité avons-nous des témoignages aussi forts que de celui-ci ?

 

Mais il y a également une observation générale qui peut nous convaincre de la véracité de ce fait. Au moment de la mort de Jésus les disciples se sont dispersés ; son cas est clos : « Nous espérions que c'était lui... » disent les disciples d'Emmaüs. De toute évidence, ils ont cessé d'espérer en lui. Et tout à coup, nous retrouvons ces mêmes hommes proclamer de manière unanime que Jésus est vivant, affronter à cause de ce témoignage, des procès, des persécutions et enfin, l'un après l'autre, le martyre et la mort. Qu'est-ce qui a pu déterminer un changement aussi radical si ce n'est la certitude qu'il était vraiment ressuscité ?

 

Ils n'ont pas pu se tromper car ils ont parlé et mangé avec lui après sa résurrection ; et c'était des hommes concrets, pas faciles à exalter. Eux-mêmes, au début, doutent et refusent de croire. Ils ne peuvent pas non plus avoir voulu tromper les autres car si Jésus n'était pas ressuscité, les premiers à être trahis et à y laisser la vie, c'était précisément eux. Sans le fait de la résurrection, la naissance du christianisme et de l'Eglise devient un mystère encore plus difficile à expliquer que la résurrection elle-même.

 

Ce sont quelques arguments historiques, objectifs, mais la preuve la plus grande que le Christ est ressuscité est qu'il est vivant ! Vivant, non pas parce que nous le gardons en vie en parlant de lui mais parce que lui nous garde en vie, nous transmet le sentiment de sa présence, nous fait espérer. « Celui qui croit au Christ le touche », disait saint Augustin et les croyants authentiques savent que cette affirmation est vraie.

 

Ceux qui ne croient pas à la réalité de la résurrection ont toujours émis l'hypothèse que la résurrection aurait été un phénomène d'autosuggestion ; les apôtres ont cru voir. Mais si cela était vrai, ce serait en définitive un miracle tout aussi grand que celui que l'on veut éviter de reconnaître. Cela suppose en effet que des personnes différentes, dans des situations et des lieux différents, aient toutes eu la même hallucination. Ceux qui reçoivent des visions imaginaires sont en général ceux qui les attendent et les désirent intensément mais après les événements du vendredi saint, les apôtres n'attendaient plus rien.

 

La résurrection du Christ est, pour l'univers spirituel, ce que fut, selon une théorie moderne, le Big-bang initial, pour l'univers physique : une explosion d'énergie d'une force inouïe, capable d'imprimer le mouvement d'expansion qui dure encore aujourd'hui, plusieurs milliards d'années plus tard. Si l'on enlève à l'Eglise la foi dans la résurrection, tout s'arrête et s'éteint, comme lors d'une panne d'électricité dans une maison. Saint Paul écrit : « Si tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si ton cœur croit que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé » (Rm 10, 9). « La foi des chrétiens est la résurrection du Christ », disait saint Augustin. Tous croient que Jésus est mort, même les païens et les agnostiques le croient. Mais seuls les chrétiens croient qu'il est également ressuscité et l'on n'est pas chrétien si on ne le croit pas. En le ressuscitant des morts, c'est comme si Dieu donnait son aval à l'œuvre du Christ, comme s'il y imprimait son sceau. « Dieu a offert à tous une garantie en le ressuscitant des morts » (cf. Ac 17, 31).

 

Père Raniero Cantalamessa


Lire aussi :
- "Les vivants qui combattaient un mort ont été réduits à l'impuissance"
- La Résurrection : témoignage suprême de la vérité du Christ
- Le mystère Jésus (lire en particulier les commentaires)

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

F
Miky, Il s'agit de la puissance de l'amour et je pense que tu es d'accord pour dire que l'amour est puissant : il peut changer un être, le renouveler, le faire "fondre", le transformer, le raviver, le faire "renaître"... Il existe des expressions toutes faites concernant l'amour, même si elles concernent le sentiment d'amour et non pas l'"agape", mais je veux dire par là que, sans même parler de foi, je crois que tu sais bien ce que je veux dire et que peut-être aussi tu y es sensible : l'amour rend joyeux, quelqu'un qui trouve l'amour dans une personne peut se trouver changer, etc... C'est en ce sens que l'amour est puissant ; même fragile, il peut beaucoup... Tu peux constater cette puissance d'amour autour de toi malgré la noirceur de ce monde... Et face au "mal", il peut être très "désarmant" (par exemple, en ce qui me concerne, ma propre agressivité va avoir tendance à tomber en puissance devant quelqu'un de souriant, de doux, gentil, conciliant ou qui regrette, etc... alors qu'elle va avoir tendance à s'amplifier devant du mépris, une autre agressivité, refus de comprendre, intolérance, froideur, etc...)J'espère que nous sommes d'accord sur ce point (sinon, là... j'abdique :).Donc ton problème se situerait alors plutôt au niveau de Dieu = bonté (biblique). Et là aussi alors s'agit-il d'une question de "rencontre" et d'"expérience"...
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M
Cher Miky,J'ai déjà répondu à cette objection, il me semble :http://totus-tuus.over-blog.com/article-12546767-6.html#anchorComment (commentaires n°2 et 3)Concernant ta réponse à Frédérique, tu dis que "la Résurrection, et à mon humble avis Dieu et l'immortalité de l'âme (du moins au sens où l'entendent l'Eglise catholique romaine) sont des vérités de foi, non des vérités historiques, scientifiques ou même rationnelles." C'est inexact pour l'existence de Dieu (nous en avons déjà beaucoup parlé, et je termine actuellement ma série en réponse à tes textes sur l'IME), c'est vrai pour la résurrection, même si celle-ci s'inscrit dans notre Histoire. Mais dans ce dernier cas, il existe quand même des raisons de croire (voir plus haut). Le fait de croire ne s'oppose donc jamais à la raison.
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M
Chère Frédérique,Tu écris :"En fait, je m'adressais surtout à Miky. Je crois qu'il est difficile de lire les écritures et d'y chercher de quelconques preuves SANS la lumière de la foi et de l'expérience de celle-ci dans nos vies. C'est pour cela que je parlais d'"impasse" si l'on n'a pas d'abord rencontré la miséricorde de Dieu."Je suis entièrement d'accord. C'est toujours ce sur quoi j'ai insisté avec Matthieu : la Résurrection, et à mon humble avis Dieu et l'immortalité de l'âme (du moins au sens où l'entendent l'Eglise catholique romaine) sont des vérités de foi, non des vérités historiques, scientifiques ou même rationnelles. Ce qui ne veut pas dire que ce serait irrationnel. A mon sens, c'est simplement a-rationnel, mais cela peut s'accomoder à la rationalité et être affiné secondairement par un traitement rationnel.La seule vérité de foi que je trouve irrationnelle et scientifiquement réfutable et réfutée, c'est celle suivant laquelle Dieu serait à la fois bon et très puissant. C'est tout. Le reste, je m'en accomode fort bien, quoique n'y adhérant pas forcément.Amicalement,Miky
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M
Cher Matthieu,Tu écris :"Et puis le fait historique le plus tangible pour nous qui n'avons jamais vu le Christ ressuscité reste l'attitude héroïque des Apôtres qui ont été jusqu'à verser leur sang pour attester l'authenticité du fait de la résurrection. Si le Christ n'était pas ressuscité, leur sacrifice sanglant serait infiniment plus mystérieux (à mon sens) que le fait même de la résurrection..."Je dois te remercier, car grâce à ce brillant argument, je sais à présent qu'Allah est grand, que Mahomet est son prophète et que le Coran dit la vérité. Car sinon, le sacrifice sanglant d'un certain nombre d'islamistes serait proprement incompréhensible. Encore merci de m'avoir ouvert les yeux.Amicalement,Miky
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F
Oui Matthieu, et merci de réagir aux commentaires. En fait, je m'adressais surtout à Miky. Je crois qu'il est difficile de lire les écritures et d'y chercher de quelconques preuves SANS la lumière de la foi et de l'expérience de celle-ci dans nos vies. C'est pour cela que je parlais d'"impasse" si l'on n'a pas d'abord rencontré la miséricorde de Dieu.
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M
"Personnellement, je me retrouve dans une "impasse" lorsque je me demande si Jésus est historiquement, réellement ressuscité et apparu aux disciples... Cela dépasse ma raison."Je ne vois pas le problème en ce qui me concerne. Que la manière dont Jésus est ressuscité soit mystérieuse, et que le corps glorieux de Jésus soit une réalité qui nous échappe complètement, c'est une chose évidente (ou comme dirait le Père Descouvemont : c'est évident que ce n'est pas évident!). Mais le fait de la résurrection, lui, ne me paraît pas si incompréhensible que cela. Si Jésus est Dieu, comme je le crois avec toute l'Eglise, s'il est la Vie, alors je dirais qu'à la limite, c'est sa mort qui est bien plus miraculeuse et étonnante encore que sa résurrection. De même, si l'on croit que Dieu est bon, il est facile d'admettre qu'il ne nous a pas fait pour la mort, et que celle-ci ne peut être qu'un "accident de parcours". Et puis le fait historique le plus tangible pour nous qui n'avons jamais vu le Christ ressuscité reste l'attitude héroïque des Apôtres qui ont été jusqu'à verser leur sang pour attester l'authenticité du fait de la résurrection. Si le Christ n'était pas ressuscité, leur sacrifice sanglant serait infiniment plus mystérieux (à mon sens) que le fait même de la résurrection...Cela dit, je suis d'accord avec toi pour dire que la Résurrection n'est pas seulement un évènement du passé, mais un dynamisme de vie qui se déploie dans toute l'Eglise et dans le coeur des croyants qui consentent à se laisser guider par l'Esprit. La résurrection du Christ est un fait dont chacun peut faire l'expérience par la rencontre personnelle avec Jésus, le Vivant. Que son Nom soit béni éternellement!
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F
Bonjour,Je suis chrétienne catholique. Personnellement, je me retrouve dans une "impasse" lorsque je me demande si Jésus est historiquement, réellement ressuscité et apparu aux disciples... Cela dépasse ma raison. Ceci dit, si je lis ces passages de la Bible, non pas en me demandant si cela s'est passé ainsi véritablement, mais en quoi ces paroles rejoignent mon expérience et mon existence, je constate que chaque fois que j'accepte avec humilité (et non pas résignation) ma propre souffrance lors des épreuves de la vie ; que j'accepte de suivre les enseignements du Christ face à ce qui me paraît scandaleux, que je fais appel à lui, à Sa volonté, à l'esprit saint ; que je lui fais confiance et que j'accepte ce saut dans l'inconnu lorsque je renonce à la révolte de mon propre ego qui veut sauver sa peau à tout prix, mon orgueil qui refuse de se plier, et bien je vis la résurrection, une vie nouvelle, renouvelée ou je me sens bien plus libre et unifiée, et cela me suffit à croire en celle de Jésus-Christ. Je lis ces écritures comme un chemin à suivre pour traverser tous ces passages de mort, de deuil dans notre vie (cela peut aller du deuil de ne pas toujours avoir "raison", de ne pas toujours "savoir", à celui de la mort d'un proche qu'on perd, en passant par bien d'autres "petites morts" que nous traversons au quotidien). Voilà ma conception de la résurrection : elle est à vivre chaque instant de notre quotidien jusqu'au "dernier grand passage" dont nous ne SAVONS évidemment rien mais dans lequel nous avons confiance, au vu de notre expérience éclairée dans notre vie actuelle et à la lecture des Ecritures.
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H
à Miky : la question de la Résurrection est au coeur de la Foi Chrétienne, c'est un point essentiel. A mon avis, Matthieu va revenir sur ce sujet, mais tout en sachant que j'aurais du mal à convaincre une personne sceptique comme vous, je voudrais vous apporter quelques arguments.Les évangélistes n'avaient pas d'intérêt à "inventer des histoires de toutes pièces". Au 1er siècle, l'Eglise était fragile et tous les Romains et Juifs étaient hostiles aux chrétiens. C'est parce que la Résurrection a eu lieu qu'il y a eu un tel développement de la Foi, que ce petit groupe de Galiléens peureux s'est transformé en piliers courageux de l'Eglise naissante. C'est la Résurrection qui a produit tant de signes (cf. les Actes des Apôtres et l'histoire du Christianisme) : 2000 ans après, le Christ est toujours au coeur de la vie d'une grande partie de l'humanité. Connaissez-vous une histoire fausse qui aurait produit les mêmes fruits que la Résurrection ? Je vous conseille une petite lecture intéressante sur ce thème :  http://www.mariedenazareth.com/1275.1.html    On peut s'interroger sur cette question importante, mais cela n'est pas le fruit de l'imagination de 4 illuminés...          Cordialement,    
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M
Cher Matthieu,Les quatres évangélistes (qui sont les seuls dont le témoignage est de première main) auraient bien pu inventer cette histoire de résurrection de toute pièce. Cela n'a rien d'étonnant. En tout cas moins que de supposer une résurrection réelle qui défie tout ce que l'on sait de la nature...Bien amicalement,Miky
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