27 mars 2008 4 27 /03 /mars /2008 00:00

 

Extrait de l’homélie prononcée par le Pape Benoît XVI le 29 novembre 2006 au sanctuaire de Meryem Ana Evi (Maison de la Mère de Dieu) à Ephèse.

   


Au cours de cette célébration eucharistique, nous voulons rendre grâce au Seigneur pour la maternité divine de Marie, un mystère qui fut ici, à Ephèse, lors du Concile oecuménique de 431, solennellement confessé et proclamé. En ce lieu, l'un des plus chers à la Communauté chrétienne (…), je souhaite m'adresser à cette nation [la Turquie] et, de manière particulière, au "petit troupeau" du Christ qui vit au milieu de celle-ci, pour l'encourager et lui manifester l'affection de l'Eglise tout entière (…) sur cette terre bénie où, aux origines, la communauté chrétienne a connu de grands développements, ainsi que l'attestent également les nombreux pèlerinages qui se rendent en Turquie.

Nous avons écouté le passage de l'Evangile de Jean qui invite à contempler le moment de la Rédemption, lorsque Marie, unie au Fils dans l'offrande du Sacrifice, étendit sa maternité à tous les hommes et, en particulier, aux disciples de Jésus. Le témoin privilégié de cet événement est l'auteur du quatrième Evangile lui-même, Jean, le seul des Apôtres qui resta sur le Golgotha avec la Mère de Jésus et les autres femmes. La maternité de Marie, qui commença avec le fiat de Nazareth, s'accomplit sous la Croix. S'il est vrai – comme l'observe saint Anselme – qu'"à partir du moment du fiat, Marie commença à nous porter tous dans son sein", la vocation et la mission maternelle de la Vierge à l'égard des croyants en Christ commença de manière effective lorsque Jésus lui dit : "Femme, voici ton fils!" (Jn 19, 26). En voyant sa Mère du haut de la Croix et le disciple bien-aimé à ses côtés, le Christ mourant reconnut les prémisses de la nouvelle Famille qu'il était venu former dans le monde, le germe de l'Eglise et de la nouvelle humanité. C'est pourquoi il s'adressa à Marie en l'appelant "femme" et non "mère" ; un terme qu'il utilisa en revanche en la confiant au disciple : "Voici ta mère!"  (Jn 19, 27). Le Fils de Dieu accomplit ainsi sa mission : né de la Vierge pour partager en tout, hormis le péché, notre condition humaine, au moment de son retour au Père, il laissa dans le monde le sacrement de l'unité du genre humain (cf. Const. Lumen gentium, n. 1) : la Famille "rassemblée par l'unité du Père et du Fils et de l'Esprit Saint" (Saint Cyprien, De Orat. Dom. 23:  PL 4, 536), dont le noyau primordial est précisément ce lien nouveau entre la Mère et le disciple. Ainsi, la maternité divine et la maternité ecclésiale demeurent soudées de manière indissoluble.

La première Lecture nous a présenté ce que l'on peut définir comme l'"évangile" de l'Apôtre des nations : tous, même les païens, sont appelés en Christ à participer pleinement au mystère du salut. Le texte contient en particulier l'expression que j'ai choisie comme devise de mon voyage apostolique : "Le Christ, qui est notre paix" (Ep 2, 14). Inspiré par l'Esprit Saint, Paul affirme non seulement que Jésus Christ nous a apporté la paix, mais qu'il "est" notre paix. Et il justifie cette affirmation en se référant au mystère de la Croix : en versant "son sang" – dit-il –, en offrant "sa chair" en sacrifice, Jésus a détruit l'inimitié "en lui-même" et il a créé "en sa personne les deux en un seul Homme Nouveau" (Ep 2, 14-16). L'Apôtre explique dans quel sens, vraiment imprévisible, la paix messianique a été réalisée en la Personne même du Christ et de son mystère salvifique. Il l'explique en écrivant, alors qu'il est emprisonné, à la communauté chrétienne qui habitait ici, à Ephèse : "au peuple saint qui est à Ephèse, fidèles dans le Christ Jésus" (cf. Ep 1, 1), comme il l'affirme dans l'adresse de la Lettre. L'Apôtre leur souhaite "que la grâce et la paix soient avec vous de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ le Seigneur" (Ep 1, 2). La "grâce" est la force qui transforme l'homme et le monde : la "paix" est le fruit mûr de cette transformation. Le Christ est la grâce ; le Christ est la paix. Or, Paul sait qu'il est envoyé pour annoncer un "mystère", c'est-à-dire un dessein divin qui, uniquement dans la plénitude des temps, dans le Christ, s'est réalisé et révélé, à savoir que "les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l'annonce de l'Evangile" (Ep 3, 6). Ce "mystère" se réalise, sur le plan historique et salvifique, dans l'Eglise, ce Peuple nouveau dans lequel, une fois abattu le vieux mur de division, se retrouvent unis les juifs et les païens. Comme le Christ, l'Eglise n'est pas seulement un instrument de l'unité, mais elle en est également le signe efficace. Et la Vierge Marie, Mère du Christ et de l'Eglise, est la Mère de ce mystère d'unité que le Christ et l'Eglise représentent et construisent inséparablement dans le monde et au cours de l'histoire.

L'Apôtre des nations remarque que le Christ "des deux, [il] a fait un seul peuple" (Ep 2, 14) : une affirmation qui se réfère au sens propre à la relation entre les juifs et les païens en ce qui concerne le mystère du salut éternel ; une affirmation qui peut cependant également s'étendre, sur le plan de l'analogie, aux relations entre les peuples et les civilisations présentes dans le monde. Le Christ "est venu annoncer la paix" (Ep 2, 17) non seulement parmi les juifs et les non juifs, mais entre toutes les nations, car tous proviennent du même Dieu, unique Créateur et Seigneur de l'univers. Réconfortés par la Parole de Dieu, d'ici, d'Ephèse, ville bénie par la présence de la Très Sainte Vierge Marie – que nous savons également aimée et vénérée par les musulmans – nous élevons au Seigneur une prière spéciale pour la paix entre les peuples. De cette partie de la péninsule d'Anatolie, pont naturel entre les continents, nous invoquons la paix et la réconciliation, tout d'abord pour ceux qui vivent sur la Terre que nous appelons "sainte", et qui est considérée comme telle par les chrétiens, les juifs et les musulmans : c'est la terre d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, destinée à accueillir un peuple qui deviendra une bénédiction pour toutes les  nations (cf. Gn 12, 1-3). Paix pour l'humanité tout entière! Que cette prophétie d'Isaïe puisse se réaliser au plus tôt : "Ils briseront leurs épées pour en faire des socs / et leurs lances pour en faire des serpes. / On ne lèvera plus l'épée nation contre nation, / on n'apprendra plus à faire la guerre" (Is 2, 4). Nous avons tous besoin de cette paix universelle ; l'Eglise est appelée à être non seulement l'annonciatrice prophétique de cette paix, mais, plus encore, à en être "le signe et l'instrument". C'est précisément dans cette perspective de pacification universelle, que devient plus profonde et intense l'aspiration vers la pleine communion et la concorde entre tous les chrétiens.



Lire le texte intégral de l'homélie du Pape Benoît XVI 

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

M
Et merci à toi e-x-o-d-e pour cette référence!
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E
Pour ceux que le sujet intéresse, je conseille le livre La MAISON DE MARIE A EPHESE, au éditionss Pierre TEQUI. Pour moi, il est clair que Marie -Mariam est un trait d'union important entre Musulmans et Chrétiens. Les lieux de pélerinages qui lui sont consacrés voient se cotoyer des croyants des deux religions, ce qui est assez rare...Merci Marie!
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