9 décembre 2007 7 09 /12 /décembre /2007 12:18

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Extrait du livre de Georges Huber : "Le cours de évènements : Hasard ou Providence?", sur la question du Mal et de la Souffrance.


Un (…) problème [délicat] se pose (…), connexe à la présence agissante de Dieu en toutes choses. S’il coopère indirectement au délit, en donnant vie et mouvement au criminel, Dieu n’assume-t-il pas quelque responsabilité ? Comment concilier sa sainteté avec son soutien indirect du mal ?

Des comparaisons tirées de la vie quotidienne nous aideront à mieux délimiter les responsabilités. Un père de famille qui fournit une forte somme d’argent à son fils, étudiant universitaire dans une ville lointaine, est-il responsable du mal que fait son fils si, au lieu d’acheter des livres, celui-ci se livre à la débauche et aux beuveries ? Si un artiste, en proie à une distraction, commence trop tôt ou trop tard de jouer sa partition, et produit ainsi des dissonances dans le concert, la responsabilité incombe-t-elle au chef d’orchestre ? Autre exemple : un homme boite, en raison d’une malformation de son tibia ; à qui imputer sa claudication, se demande saint Thomas ? A la vitalité de l’homme ou à la curvité du tibia ? La réponse est claire : c’est la malformation du tibia qui provoque la claudication, comme c’est la distraction de l’artiste qui créé la dissonance dans le concert, comme ce sont ses passions déréglées qui portent l’étudiant à affecter aux beuveries l’agent destiné aux études.

Dans sa logique approximative, l’homme de la rue pourra objecter que si le père n’avait pas donné l’argent à son fils, celui-ci ne se serait pas livré au désordre. Mais c’est là confondre occasion et cause. Donner à quelqu’un la possibilité de faire un mauvais usage d’un bien, ce n’est pas l’inciter directement au mal. Doter un concierge d’un pistolet, ce n’est pas pour encourager le suicide.

L’abus de la liberté est d’ailleurs un risque inhérent à la nature humaine. Dès lors qu’il est libre, l’homme peut choisir le bien comme il peut opter pour le mal.

Pour empêcher le péché, Dieu n’avait qu’un moyen : renoncer à créer des êtres libres, hommes et anges ; couvrir le globe de montagnes et de vallées ; peuples les mers et les fleuves de poissons, et d’animaux les champs et les forêts, sans leur donner pour maîtres des créatures raisonnables. Ainsi la terre n’eût-elle été qu’un immense zoo, image bien pauvre de la richesse créatrice de Dieu.

Il est vrai que, Tout Puissant, Dieu pourrait dès leur affleurement redresser du dedans les mauvaises options de l’homme, sans pour autant ébrécher sa liberté. Le monde ne connaîtrait que des imperfections morales et des fautes vénielles ; il ne serait pas le théâtre de crimes et d’abjections de tout genre. Il ne nous offrirait pas l’image du triomphe de « l’antidécalogue », pour reprendre l’expression de Jean XXIII.

Une telle politique de Dieu n’eût toutefois pas ouvert d’incommensurables espaces aux effusions de la miséricorde de Dieu. Celui-ci avait en quelque sorte besoin des abîmes de la misère humaine pour y déverser les abîmes des richesses divines. Au lieu de la haute sainteté qui éclate tout au long de l’histoire de l’Eglise, l’humanité n’aurait connu qu’une modeste honnêteté morale. « Dieu, affirme Saint Augustin, a préféré tirer le bien du mal, plutôt que d’empêcher tout mal ». La surabondance du mal lui permet d’exercer plus largement son activité de Dieu, qui est de donner, de donner sans cesse, de donner avec abondance, de donner avec surabondance. Sa miséricorde infinie est en quête de misères, comme un chiffonnier est en quête de chiffons.

(...) Saint Augustin et Bossuet auraient volontiers signé cette pensée de Marie-Thérèse de Soubiran, fondatrice de la Société de Marie Auxiliatrice, sur le but suprême de l’action de Dieu ici-bas : « Dieu a fait le monde, et il le bouleverse uniquement pour faire des saints, rien que pour cela ».

(…) Le soulignement de cette fin surnaturelle s’impose à plusieurs titres. En effet, la cause finale, qui marque le but de l’action, est justement appelée la « reine des causes ». Elle prédomine par son importance. C’est une clef de voûte. Dans une opération bien menée, tout se dispose et tout s’agence en vue du but à atteindre. Et pour Dieu, le but à atteindre, c’est (…) d’inaugurer sur terre le Royaume des Cieux, c’est-à-dire le règne du Christ mystérieusement vivant dans son Eglise ; c’est de sauver les hommes en les identifiant tous avec le Christ Jésus, dans l’unité de son Corps mystique.

(…) « Le péché de l’homme est une « heureuse faute » qui nous valut le Rédempteur. » (P. Marie-Eugène de l’Enfant Jésus).

(…) « La fin que Dieu s’est proposée en créant le monde est nécessairement aussi celle qu’il poursuit en le gouvernant, écrivait le Cardinal Amette, archevêque de Paris. C’est pour peupler le ciel d’élus qu’il a tout fait. Tel est donc aussi le terme vers lequel tendent tous les desseins de sa Providence sur les individus et sur les peuples. » (…)

« L’histoire de la société humaine n’apparaît à l’esprit investigateur d’Augustin que comme le tableau de l’effusion incessante en nous de la charité divine, pourvoyant à l’accroissement de la cité céleste fondée par lui, à travers les triomphes et les tribulations, mais de manière que les folies et les excès de la cité terrestre contribuent à la prospérité de la cité céleste, suivant les paroles de l’Ecriture Sainte : Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui, selon son décret, sont appelés à être saints » (Pie XI, Encyclique Ad Salutem).

(…) Former des élus, à travers les vicissitudes de la terre, pour peupler le ciel : tel est donc le but vers lequel la Providence fait converger tous les évènements de l’histoire (…).

« La cause finale est la cause des causes » : les milliards et les milliards de causes qui entrent en lice tout au fil des siècles, Dieu les oriente toutes, d’une main à la fois douce et irrésistible, vers cette cause finale : produire des élus pour peupler le ciel (…). La miséricorde brûle de se répandre.

« Je pense,
écrit (…) Jean Guitton, que les « saints » (élus) sont la raison dernière de l’existence des choses. Je me dis parfois que le monde est un hagiostat, un hagiodrome, c’est-à-dire, comme le pensait Bergson (ce fut le dernier mot qu’il imprima) une « machine à faire des dieux ». » (…) Et cette machine fonctionne parfaitement, quelque soient les impressions des gens qui en ignorent le mécanisme.



Déjà paru sur la question du mal et de la souffrance :
-
Si Dieu existe, pourquoi le mal?
- La réponse de Dieu au problème du mal

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

P


La nécessité du mal et son résultat, la souffrance, peuvent provenir d'une difficulté physiologique de vivre dans cette chair éphémère et sensible que nous incarnons momentanément. La jouissance
de la claire béatitude qui nous attendrait dans l'avenir serait alors d'autant plus vive que nous serions partis de l'ombre profonde des ténèbres.


 Le Bouquet final, éternel, ne pourrait exhaler ses délices sans cette traversée de terreau, recouvert de fumier, qu'il faudrait traverser, chacun à sa manière, avant de nous rejoindre dans
un Amour Parfait et une sérénité divine nullement ennuyeuse.


Cette espérance suffit au Croyant (de quelque religion que ce soit).


Le reste est affaire de générosité d'esprit et de coeur. S'il n'y avait rien après la vie, la raison demeurerait de partager les difficultés du présent et de tenter de vivre harmonieusement, les
uns avec les autres, le mieux possible. À nous secourir et nous écouter, nous exprimer sincèrement. À nous comporter dignement, en humains.



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M
Le débat, passionnant, sur la liberté, le mal et le Salut, se poursuit ici :http://miettesdetheo.over-blog.com/article-14342931-6.html#anchorComment
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M
Je veux dire le bonheur d'une "foule immense, que nul ne [peut] dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues" (Ap. 7. 9).
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E
Mais comme Dieu n'est précisément pas "d'humeur changeante", il ne variera pas d'un iota sur l'objectif premier, ni ne changera de cap : il ira jusqu'au bout de son dessein originel qui est le bonheur de ses enfants dans la pleine liberté des fils de Dieu Vous voulez dire "le bonheur de peu de ses enfants dans la pleine liberté des fils de Dieu" ?
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M
Réponse au Commentaire n°6"Donc Dieu justifie les moyens par la fin, nous sommes d'accord ? Si oui (...) On ne peut pas dire que (...) tuer soit bien quand c'est Dieu qui le fait mais mal quand c'est l'homme"Mais justement! Ce n'est pas Dieu qui tue, c'est l'homme! L'adage selon lequel "la fin justifie les moyens" est donc inapplicable en l'espèce.Dieu ne prend pas le mal comme un moyen, mais la liberté de ses créatures, ce qui n'est pas la même chose! Et Il en assume toutes les conséquences en les chargeant Lui-même sur Ses épaules, les portant au plus haut sommet de l'Amour que l'humanité ait jamais connu dans son Histoire, et dont elle garde encore le souvenir, plus de 2000 ans après ce qui n'apparaît pourtant à première vue que comme un sinistre fait divers parmi tant d'autres sur la terre..."Dieu n'est pas saint, puisqu'il agit comme Toto... Heureux de l'apprendre".Moi, je dirais plutôt : puisque Dieu est Saint, ton raisonnement est manifestement erroné, Miky... il faut revoir ta copie!"Dieu aurait-il l'humeur changeante ? Car s'il projette d'éradiquer définitivement le Mal, que ne le fait-il pas tout de suite ? Si tu me réponds qu'il l'utilise pour faire du Bien de qualité supérieure, alors pourquoi vouloir se débarasser de cette matière première si précieuse ?"Le Mal reste un Mal, Miky. Or, Dieu ne veut pas le Mal. Il veut la liberté des ses créatures. Mais voilà, ses créatures ont abusé de leur liberté pour faire le Mal. Qu'à cela ne tienne! Dieu va se servir de ce Mal pour manifester encore plus son Amour, encore plus sa Puissance, et encore plus sa Sainteté, que s'il n'y avait pas eu ce Mal. Mais comme Dieu n'est précisément pas "d'humeur changeante", il ne variera pas d'un iota sur l'objectif premier, ni ne changera de cap : il ira jusqu'au bout de son dessein originel qui est le bonheur de ses enfants dans la pleine liberté des fils de Dieu."s'il projette d'éradiquer définitivement le Mal, que ne le fait-il pas tout de suite ?"Mais il le fait tout de suite! Simplement, "tout de suite" pour Dieu, cela peut représenter des millénaires pour l'homme... (cf. 2 P 3. 8)."Je trouve que tu donnes un peu trop facilement ta confiance sur des rumeurs..."Ce ne sont pas des rumeurs, Miky, c'est la Parole de Dieu. En laquelle j'ai des raisons puissantes de croire."Donc ton Dieu est injuste."Non Miky, parce que nous sommes vraiment libres, et donc vraiment responsables (cf. http://www.philoreligion.com/article-14211057.html). Le fait que Dieu fasse tourner les conséquences de notre mal en bien n'enlève rien à la malice des actes mauvais et de ceux qui les commettent. Aux hommes qui ont péché, l'imputation du mal ; à Dieu qui a fait surabonder sa grâce, l'imputation de la réparation ; aux hommes qui se convertissent, le don gratuit du Salut obtenu grâce à la réparation de Dieu ; aux hommes qui refusent de se convertir, l'imputation d'une culpabilité réelle et personnelle qu'ils auront à assumer éternellement pour n'avoir pas, au temps de la Miséricorde, lavé leur vêtement dans le Sang de l'Agneau. Telle est la Justice de Dieu!"Alors on ne comprend plus pourquoi Dieu permet le Mal. Je pensais que c'était pour que des gens puissent se dépasser eux-mêmes, mais si tu me dis maintenant que ces gens ne font qu'accepter humblement que Dieu agisse à travers eux, alors cela me paraît tout aussi possible dans un monde meilleur. Dieu ferait tout ce qu'il pourrait faire en agissant à travers les saints. Puis il complèterait en agissant directement."Mais il en était ainsi à l'origine. Dieu avait créé un monde bien meilleur que celui dans lequel nous vivons à présent. Mais c'était sans compter le Péché de nos premiers parents avec lequel Dieu a bien été "obligé" de composer..."Je vois mal comment on pourrait avoir besoin de Dieu pour vivre libres et heureux sur cette terre et dans l'autre, alors qu'il n'est précisément jamais là quand on a besoin de lui !"Es-tu si assuré que cela de la valeur universelle d'une telle affirmation?"Sinon, a-t-on vraiment besoin du Mal pour être humble ?"Dans un contexte où le venin de l'orgueil coule dans les veines de l'homme, sans nul doute malheureusement!"C'est bien parce que j'ai connu mon père et qu'il ne m'a pas abandonné, qu'il a consenti à des sacrifices, etc. que je pouvais me sentir humble."Bravo Miky, tu as tout dit! C'est parce que j'ai connu mon Père, qui ne m'a pas abandonné après ma faute, dans ma peine et ma souffrance, et qui a consenti en son Fils au Sacrifice de la Croix par respect absolu de ma liberté, que je peux tomber à genou devant Lui et le reconnaître comme mon Seigneur et mon Dieu. Si le Mal et la Souffrance ont un mérite, c'est celui-là : de rendre plus éclatant encore l'Amour du Père manifesté à tous les hommes en son Fils Jésus-Christ. Car "Il n'est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime..." (Jn 15. 13)
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T
oui, j'ai une autre suggestion : à partir de quel principe définis-tu et reconnais-tu "en premier" la bonté, et "sans conteste" ? ...Une fois donné la réponse à cette question (oui, bon, au moins un début), il reste quelques approximations ou mauvaises compréhensions à éclaircir, je pense :-> "si Dieu leur donne un coup de main, ils seront moins saints" : mais de toute façon, et comme l'a rappelé matthieu, le concept chrétien du "saint" n'a strictement rien à voir avec celui du "self-made-man", bien au contraire ; le saint est celui qui choisit de laisser Dieu agir en lui ; on dit "oui", et dieu agit, enfin c'est comme cela que je l'avais compris,donc justement, devenir saint suppose justement qu'on a demandé et reçu maint "coups de main" de Dieu.   C'est justement celui qui dit "pas besoin de dieu, je me débrouille tout seul", qui risque fort de ne jamais savoir ce que "saint" veut dire.-> Tu essayes encore de faire de toto un dieu, après nicolas sarkozy - après tout pourquoi pas mais étrange panthéon tout de même. Mais justement il se trouve que (je le crois en tout cas) ni l'un ni l'autre ne sont Dieu.       Toto peut toujours dire "je laisse faire le mal pour qu'il en sorte du bien", mais que fait-il justement, pour qu'il en sorte du bien ?  A-t-il le pouvoir de s'adresser à l'âme de l'agresseur, d'envoyer vers lui, inlassablement, des témoins de son amour, des guides, des pistes, des possibilités de changer, de revirement, de conversion ?  Il ne me semble pas, ou alors ce n'est plus le toto que j'ai connu au détour des papiers de carambar.  Et c'est en ce sens que ce qui est applicable à dieu n'est pas focément applicable tel quel à tout un chacun.       De même, le rôle d'un président est-il celui de dieu ? Peut-il "sonder les reins et les coeurs", lire au plus profond de chaque esprit, connaître tous les tenants et aboutissants, les intentions ? Rendre la Justice ?  Il ne me semble pas non plus.        D'où que toto, s'il veut agir ainsi, DOIT intervenir (puisque c'est son moyen d'action humain),...reste à savoir de quelle manière. Quid du cas d'un toto faible et pas particulièremet baraqué, devant ton histoire d'agression ?   Si l'on suit cette logique de donner la possibilité du changement, du revirement intérieur, de proposer une autre voie,si l'on veut agir de la sorte, mais bien chacun selon ce dont il dispose comme moyens (et personnellement je ne dispose pas de moyens divins),alors toto doit de toute façon intervenir, dans l'espoir d'empêcher un mal, ou de le réparer, de réconforter ou sauver la victime, et espérer montrer à l'agresseur le mal de son acte (donc, espérer le sauver lui aussi) (ce qui n'était pas compris dans l'histoire du départ, soit dit en passant)...    ...y compris si toto risque lui-même, du même coup, sa vie ou au moins son intégrité physique.    C'est la seule action logique que je vois, si l'on prend cette description de l'action de dieu. Et c'est ainsi qu'ont agit ceux qu'on a nommés "saints" (ce qui, d'ailleurs, au passage, ne recouvre pas entièrement le concept de "saint")    Ainsi, à chaque fois que tu veux mettre un humain en position divine, alors qu'il ne dispose pas des mêmes moyens, on aboutit effectivement à une aberration. Là, je suis d'accord sur l'observation (mais pas la conclusion, et je trouve quand-même qu'on t'en apporte là une explication valable).Mais en supposant un humain humain avec des moyens humains, voulant suivre un plan divin tel que décrit plus haut,   on arrive à une conclusion qui se tient (reste que pour vouloir mettre cela en pratique, il faut déjà croire à cette prémisse).    Toto n'est pas, lui, en position de "laisser l'occasion aux hommes de devenir des saints".   Là, c'est lui qui est en position d'en devenir un. S'il le souhaite......Sinon, je suis d'accord : on n'a aucun besoin du Mal pour être humble ; c'est plutôt parcequ'on ne l'est pas que l'on fait le mal.
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M
Cher Matthieu,J'espère que tu seras d'accord avec moi sur au moins un point : si Dieu est bon, ce n'est pas dans le sens humain de "bon" tel que nous l'entendons habituellement. C'est au moins cela, je crois, que montrent mes expériences de pensée : dès que l'on remplace Dieu par un être humain, on n'a plus envie de dire de cet être humain qu'il est bon (puisque, pour le coup, avec les êtres humains, on utilise spontanément la définition humaine de la bonté). Donc la bonté, chez Dieu, n'est pas ce que l'on appellerait la bonté chez un homme.Inversement, j'espère que tu seras d'accord aussi pour dire que si Dieu nous demande d'être bon, c'est cette fois selon la définition humaine de la bonté.Si j'arrive à avoir ton accord sur au moins ces deux points, alors j'espère que tu seras également d'accord avec ceci : puisque le concept de bonté est très différent selon que l'on parle de Dieu ou des hommes, il faudrait utiliser deux mots différents pour en parler, afin d'éviter toute confusion et querelle de mots. Je suggère donc de réserver le terme de "bonté" aux seuls hommes, puisque c'est d'abord en observant les hommes qu'on apprend la signification du mot "bon" et qu'on ne va quand même pas changer un usage millénaire chez tout le monde pour qualifier qqch de concret que tout le monde constate et que personne ne conteste. Pour Dieu, je propose d'utiliser le mot "nob" ("bon" à l'envers) et le mot "nobité" pour "bonté", car c'est la conceptualisation de la "bonté" divine qui vient en second, et qui se démarque de l'usage courant. Tu es bien sûr libre de faire une autre suggestion...Bien à toi,Miky
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M
1°) "Au fond, Matthieu, ce que tu nous présentes là, c'est indirectement une défense de l'adage "La fin justifie les moyens", qui a permis par exemple à cette douce philosophie pleine de bonnes intentions qu'est le léninisme de faire tuer des tas de gens dans les goulags, afin de faire arriver le Grand Soir (qu'on attend encore d'ailleurs)." C'est effectivement ce qui arrive quand l'homme veut se mettre à la place de Dieu...Rép. : Ca ne répond pas à la question. Donc Dieu justifie les moyens par la fin, nous sommes d'accord ? Si oui, il n'y a pas de raison que l'homme n'en fasse pas de même. Si "la fin justifie les moyens" est une vérité morale, alors c'est une vérité morale pour tout le monde. On ne peut pas dire que, par exemple, tuer soit bien quand c'est Dieu qui le fait mais mal quand c'est l'homme (surtout si l'homme est censé se rapprocher de la perfection divine). C'est du relativisme à l'état pur !2°) "Si j'applique cette logique à Toto, bizarrement, ça ne marche plus : Toto laisse faire le mal pour donner à d'autres l'occasion d'être des saints en luttant contre ce mal. Ce faisant, Toto se prive bien évidemment de l'occasion d'être un saint, ce qui prouve en tout cas son désintéressement..." ... et la fausseté de ton raisonnement.Rép. : Donc Dieu n'est pas saint, puisqu'il agit comme Toto... Heureux de l'apprendre.3°) "Faut-il d'ailleurs que l'être humain s'efforce d'éradiquer tout mal sur Terre ? Non. (...) l'humanité ne doit pas, selon cette conception que tu défends, Matthieu, totalement supprimer le mal de la Terre, parce que sinon, les saints et les élus seraient en chômage technique !" Eh bien justement : la preuve que le mal reste en détestation de Dieu, et qu'il ne s'en satisfait pas malgré le bien qu'il peut en tirer, c'est qu'il va l'éradiquer définitivement, et que cette victoire est commencée en Jésus-Christ. Et crois-moi, Miky : au Ciel, les saints et les élus ne seront jamais au chômage technique, parce qu'il y a bien d'autres choses à faire dans le Paradis promis que de lutter contre le Mal...Rép. : Encore une réponse de normand. Dieu aurait-il l'humeur changeante ? Car s'il projette d'éradiquer définitivement le Mal, que ne le fait-il pas tout de suite ? Si tu me réponds qu'il l'utilise pour faire du Bien de qualité supérieure, alors pourquoi vouloir se débarasser de cette matière première si précieuse ?4°) "De là à dire qu'en décidant d'être soi-même un malfrat, on contribue finalement au plan de Dieu, il n'y a qu'un pas." Alors là, soyons clairs : tout contribue au plan de Dieu, Miky. Absolument tout. Le Bien que nous faisons comme le Mal, car Dieu intègre dans ses Plans tous les libres choix des hommes, en les faisant tourner, dans sa Miséricorde et par sa Toute-Puissance, à l'avantage de Son dessein d'amour et de Salut. Soyons-en donc bien assurés Miky : quoiqu'il arrive, le projet de Dieu ira à son plein achèvement. Avec ou sans nous.Rép. : Je trouve que tu donnes un peu trop facilement ta confiance sur des rumeurs...5°) "si toutes ces crapules sont si indispensables à la surabondance du Bien, il serait profondément injuste qu'elles n'aient pas leur place au Paradis. Polnareff a donc raison : on ira tous au Paradis, toutes les bonnes soeurs, tous les voleurs, toutes les brebis, tous les bandits." Eh bien pourtant, ce n'est pas ce que nous enseigne l'Ecriture : aux Justes, en effet, est promis le Royaume préparé pour eux "depuis la Création du monde" ; mais aux "crapules" est annoncé "le feu éternel préparé pour le démon et ses anges" (cf. Mt 25. 34 ; 41). Rép. : Donc ton Dieu est injuste. CQFD.6°) "si Dieu permet le mal pour qu'il y ait des saints, alors s'il leur donne un coup de main, ils seront moins saints à mesure de l'aide reçue..." Ben non, Miky, c'est exactement l'inverse. Car le saint est précisément celui qui vit avec Dieu, qui ne compte pas sur ses seules forces humaines, mais accepte humblement de se laisser guider par Dieu.Rép. : Alors on ne comprend plus pourquoi Dieu permet le Mal. Je pensais que c'était pour que des gens puissent se dépasser eux-mêmes, mais si tu me dis maintenant que ces gens ne font qu'accepter humblement que Dieu agisse à travers eux, alors cela me paraît tout aussi possible dans un monde meilleur. Dieu ferait tout ce qu'il pourrait faire en agissant à travers les saints. Puis il complèterait en agissant directement.7°) Le Mal est donc sans nul doute aussi une école d'humilité. L'expérience de la souffrance nous renvoie en effet à notre condition de créature, à notre finitude. Elle nous rappelle que nous ne sommes pas Dieu, et que nous avons besoin de Dieu pour vivre libres et heureux sur cette terre et dans l'autre. Rép. : Je vois mal comment on pourrait avoir besoin de Dieu pour vivre libres et heureux sur cette terre et dans l'autre, alors qu'il n'est précisément jamais là quand on a besoin de lui ! Sinon, a-t-on vraiment besoin du Mal pour être humble ? Un enfant doit-il être abandonné par un père qu'il n'a du reste jamais connu pour ce sentir humble vis-à-vis de lui ? Bien au contraire je trouve. C'est bien parce que j'ai connu mon père et qu'il ne m'a pas abandonné, qu'il a consenti à des sacrifices, etc. que je pouvais me sentir humble. En tout cas, s'il y en a bien un qui n'est pas humble dans l'histoire, c'est ton Dieu. Ce n'est pas parce qu'on est Tout-Puissant qu'il faut se croire tout permis et dégagé de toute responsabilité. Au contraire je dirais : à celui qui a beaucoup, il sera beaucoup demandé, dit même la Bible ;-)
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P
Bonne continuation sur le chemin de la vie vers l'Enfant-Dieu : "Car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés".
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M
"si Dieu permet le mal pour qu'il y ait des saints, alors s'il leur donne un coup de main, ils seront moins saints à mesure de l'aide reçue..." Ben non, Miky, c'est exactement l'inverse. Car le saint est précisément celui qui vit avec Dieu, qui ne compte pas sur ses seules forces humaines, mais accepte humblement de se laisser guider par Dieu.Le Mal est donc sans nul doute aussi une école d'humilité. L'expérience de la souffrance nous renvoie en effet à notre condition de créature, à notre finitude. Elle nous rappelle que nous ne sommes pas Dieu, et que nous avons besoin de Dieu pour vivre libres et heureux sur cette terre et dans l'autre.
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M
"Au fond, Matthieu, ce que tu nous présentes là, c'est indirectement une défense de l'adage "La fin justifie les moyens", qui a permis par exemple à cette douce philosophie pleine de bonnes intentions qu'est le léninisme de faire tuer des tas de gens dans les goulags, afin de faire arriver le Grand Soir (qu'on attend encore d'ailleurs)." C'est effectivement ce qui arrive quand l'homme veut se mettre à la place de Dieu..."Si j'applique cette logique à Toto, bizarrement, ça ne marche plus : Toto laisse faire le mal pour donner à d'autres l'occasion d'être des saints en luttant contre ce mal. Ce faisant, Toto se prive bien évidemment de l'occasion d'être un saint, ce qui prouve en tout cas son désintéressement..." ... et la fausseté de ton raisonnement."Faut-il d'ailleurs que l'être humain s'efforce d'éradiquer tout mal sur Terre ? Non. (...) l'humanité ne doit pas, selon cette conception que tu défends, Matthieu, totalement supprimer le mal de la Terre, parce que sinon, les saints et les élus seraient en chômage technique !" Eh bien justement : la preuve que le mal reste en détestation de Dieu, et qu'il ne s'en satisfait pas malgré le bien qu'il peut en tirer, c'est qu'il va l'éradiquer définitivement, et que cette victoire est commencée en Jésus-Christ. Et crois-moi, Miky : au Ciel, les saints et les élus ne seront jamais au chômage technique, parce qu'il y a bien d'autres choses à faire dans le Paradis promis que de lutter contre le Mal..."De là à dire qu'en décidant d'être soi-même un malfrat, on contribue finalement au plan de Dieu, il n'y a qu'un pas." Alors là, soyons clairs : tout contribue au plan de Dieu, Miky. Absolument tout. Le Bien que nous faisons comme le Mal, car Dieu intègre dans ses Plans tous les libres choix des hommes, en les faisant tourner, dans sa Miséricorde et par sa Toute-Puissance, à l'avantage de Son dessein d'amour et de Salut. Soyons-en donc bien assurés Miky : quoiqu'il arrive, le projet de Dieu ira à son plein achèvement. Avec ou sans nous."si toutes ces crapules sont si indispensables à la surabondance du Bien, il serait profondément injuste qu'elles n'aient pas leur place au Paradis. Polnareff a donc raison : on ira tous au Paradis, toutes les bonnes soeurs, tous les voleurs, toutes les brebis, tous les bandits." Eh bien pourtant, ce n'est pas ce que nous enseigne l'Ecriture : aux Justes, en effet, est promis le Royaume préparé pour eux "depuis la Création du monde" ; mais aux "crapules" est annoncé "le feu éternel préparé pour le démon et ses anges" (cf. Mt 25. 34 ; 41).
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M
Cher Matthieu,Au fond, Matthieu, ce que tu nous présentes là, c'est indirectement une défense de l'adage "La fin justifie les moyens", qui a permis par exemple à cette douce philosophie pleine de bonnes intentions qu'est le léninisme de faire tuer des tas de gens dans les goulags, afin de faire arriver le Grand Soir (qu'on attend encore d'ailleurs).Si j'applique cette logique à Toto, bizarrement, ça ne marche plus : Toto laisse faire le mal pour donner à d'autres l'occasion d'être des saints en luttant contre ce mal. Ce faisant, Toto se prive bien évidemment de l'occasion d'être un saint, ce qui prouve en tout cas son désintéressement...Faut-il d'ailleurs que l'être humain s'efforce d'éradiquer tout mal sur Terre ? Non. Comme la caricature du médecin qui maintient son patient dans un état suffisament malade pour qu'il ait encore besoin de lui, mais suffisament guéri pour qu'il soit satisfait, l'humanité ne doit pas, selon cette conception que tu défends, Matthieu, totalement supprimer le mal de la Terre, parce que sinon, les saints et les élus seraient en chômage technique ! L'humanité ne connaîtrait que cette modeste honnêteté morale qui ne semble pas te convenir...Il faut donc se féliciter de la présence de tous ses malfrats. Heureusement qu'ils sont là pour que les forces du Bien puissent s'y opposer avec courage et dévouement... De là à dire qu'en décidant d'être soi-même un malfrat, on contribue finalement au plan de Dieu, il n'y a qu'un pas. Grâce à toi, les malfaiteurs de la Terre peuvent dormir tranquille : ils font oeuvre utile à leur manière, ils donnent du boulôt à tous les héros, les saints, les "abbés Pierre" et les "mères Theresa"...Mais Matthieu, si toutes ces crapules sont si indispensables à la surabondance du Bien (*), il serait profondément injuste qu'elles n'aient pas leur place au Paradis. Polnareff a donc raison : on ira tous au Paradis, toutes les bonnes soeurs, tous les voleurs, toutes les brebis, tous les bandits. (*) Note d'ailleurs que ça n'a pas l'air d'être un grand souci pour toi de ne pas te contre-dire d'une fois sur l'autre : il y a quelques temps, tu affirmais que le Mal était du non-être, que l'existence du Mal présupposait l'existence du Bien ; aujourd'hui, c'est devenu le contraire : le Bien requiert à présent l'existence du Mal pour se manifester dans toute sa grandeur... Si les manifestations du Mal étaient avortées, il n'y aurait guère plus qu'une honnêteté morale tranquille et trop fadasse pour les besoins de sensations fortes du bon Dieu..."La surabondance du mal lui permet d’exercer plus largement son activité de Dieu, qui est de donner, de donner sans cesse, de donner avec abondance, de donner avec surabondance. Sa miséricorde infinie est en quête de misères, comme un chiffonnier est en quête de chiffons."De donner quoi au juste ? Parce que si Dieu permet le mal pour qu'il y ait des saints, alors s'il leur donne un coup de main, ils seront moins saints à mesure de l'aide reçue...Amicalement,Miky
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É
Article bien argumenté ! Je me souviendrai de l' image du zoo...Bonne semaine !
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