Extraits du discours d’ouverture du Pape Benoît XVI au Congrès ecclésial du diocèse de Rome, le 5 juin 2006.
Avec le besoin d'aimer, le désir de vérité appartient à la nature même de l'homme. C'est pourquoi, dans l'éducation des nouvelles générations, la question de la vérité ne peut donc certainement pas être éludée : elle doit au contraire occuper une place centrale. En posant la question de la vérité, nous élargissons en effet l'horizon de notre rationalité et nous commençons à libérer la raison des limites trop étroites dans lesquelles elle est enfermée lorsque l'on ne considère comme rationnel que ce qui peut faire l'objet d'une expérimentation et d'un calcul. C'est précisément ici qu'a lieu la rencontre de la raison avec la foi : dans la foi, nous accueillons en effet le don que Dieu fait de lui-même en se révélant à nous, créatures faites à son image ; nous accueillons et nous acceptons cette Vérité que notre esprit ne peut comprendre totalement et ne peut posséder, mais qui, précisément pour cela, étend l'horizon de notre connaissance et nous permet de parvenir au Mystère dans lequel nous sommes plongés et de retrouver en Dieu le sens définitif de notre existence.
Chers amis, nous savons bien qu'il n'est pas facile d'accepter de surmonter les limites de notre raison. C'est pourquoi la foi, qui est un acte humain très personnel, demeure un choix de notre liberté, qui peut également être refusé. Mais ici se fait jour une seconde dimension de la foi, celle de se confier à une personne : non pas à n'importe quelle personne, mais à Jésus Christ et au Père qui l'a envoyé. Croire signifie établir un lien très personnel avec notre Créateur et Rédempteur, en vertu de l'Esprit Saint qui oeuvre dans nos coeurs, et faire de ce lien le fondement de toute la vie. En effet, Jésus Christ est "la Vérité faite Personne qui attire le monde à Lui [...] toute autre vérité est un fragment de la vérité qu'Il est et renvoie à Lui" (Discours à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, 10 février 2006). Ainsi, Il remplit notre coeur, l'élargit et le comble de joie, Il pousse notre intelligence vers des horizons inexplorés, offre à notre liberté son point de référence décisif, la libérant des limites étroites de l'égoïsme et la rendant capable d'un amour authentique.
Dans l'éducation des nouvelles générations, nous ne devons donc pas craindre de comparer la vérité de la foi avec les véritables conquêtes de la connaissance humaine. Les progrès de la science sont aujourd'hui très rapides et sont souvent présentés comme contraires aux affirmations de la foi, provoquant la confusion et rendant plus difficile l'accueil de la vérité chrétienne. Mais Jésus Christ est et demeure le Seigneur de toute la création et de toute l'histoire : "Tout a été créé par lui et pour lui [...] et tout subsiste en lui" (Col 1, 16.17). C'est pourquoi le dialogue entre foi et raison, s'il est conduit avec sincérité et rigueur, offre la possibilité de percevoir de façon plus efficace et convaincante le bien-fondé de la foi en Dieu – non pas en n'importe quel Dieu, mais dans le Dieu qui s'est révélé en Jésus Christ – et également de montrer qu'en Jésus Christ lui-même, se trouve l'accomplissement de toute authentique aspiration humaine.
Chers jeunes de Rome, avancez donc avec confiance et courage sur la voie de la recherche de ce qui est vrai. Et vous, chers prêtres et éducateurs, n'hésitez pas à promouvoir une véritable "pastorale de l'intelligence" et, plus largement, de la personne, qui prenne au sérieux les questions des jeunes – tant les questions existentielles que celles qui naissent de la comparaison avec les formes de rationalité aujourd'hui diffuses – pour les aider à trouver des réponses chrétiennes valables et pertinentes et finalement à s'approprier la réponse décisive qu'est le Seigneur Jésus Christ.
(…) Je vous demande, chers jeunes, et à vous tous, chers frères et soeurs ici présents, et je demande à toute la bien-aimée Eglise de Rome, en particulier aux âmes consacrées, provenant notamment des monastères de clôture, d'être assidus dans la prière, spirituellement unis à Marie, notre Mère, d'adorer le Christ vivant dans l'Eucharistie, de l'aimer toujours plus, Lui, qui est notre frère et véritable ami, l'Epoux de l'Eglise, le Dieu fidèle et miséricordieux qui nous a aimés en premier. Ainsi, vous, chers jeunes, serez prêts et disponibles à accueillir son appel, s'Il vous veut entièrement pour lui, dans le sacerdoce ou dans la vie consacrée.
Lire le texte intégral du discours du Pape Benoît XVI