8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 10:41

Au lendemain du vote de la loi Taubira, une réflexion de Mgr Jean-Pierre Batut, évêque auxiliaire du diocèse de Lyon.

Alors que notre pays s’enfonce dans une crise économique et sociale de plus en plus dramatique, on a voté la loi dite du « mariage pour tous » : appellation mensongère puisque le mariage n’a jamais été et ne pourra jamais être pour tous. On a aussi, autre appellation mensongère, parlé d’« ouverture du mariage » alors qu’il ne s’agissait pas d’ouvrir une institution déjà existante, mais d’en changer la définition, ce qui est tout autre chose. Désormais, dans ce qu’on persiste à appeler le mariage, l’union d’un homme et d’une femme ne sera plus qu’une des modalités possibles. De même, dans ce qu’on continue à appeler la filiation, le fait d’être né d’un père et d’une mère ne sera plus qu’une possibilité parmi d’autres – et tant mieux pour les plus chanceux qui continueront à grandir entre deux parents de sexe différent, et tant pis pour les autres qui, pour satisfaire le désir de toute-puissance des adultes, devront porter toute leur vie la fiction absurde d’être nés de deux hommes ou de deux femmes, sans qu’on leur accorde le droit de connaître leur véritable filiation.

Derrière ce refus pour les plus fragiles d’une liberté élémentaire, c’est bel et bien une forme de totalitarisme qui se profile. « L’origine du totalitarisme, écrivait la philosophe Hannah Arendt, c’est le ressentiment contre le fait de ne pas s’être créé soi-même et de n’avoir pas créé le monde. » Pour le dire autrement, c’est le fait de ne pas supporter de n’être pas tout-puissant, de n’être pas le Tout-Puissant.

Devant ce mensonge et ce déni de réalité, je voudrais avoir ici une pensée pour ceux qui en sont les premières victimes, tout autant et peut-être plus encore que les enfants : je veux parler des personnes homosexuelles. Comme beaucoup de prêtres, tout au long de mon ministère, j’ai entendu souvent les confidences de personnes touchées par l’homosexualité. J’ai été témoin de leur souffrance, de leur sentiment d’exclusion, du mépris dont parfois elles font l’objet. C’est pourquoi ma colère est grande de voir comment on s’est servi d’elles pour achever de détruire une institution fondatrice de la vie en société, sous le faux prétexte de leur donner un droit qu’elles n’auraient pas eu encore. Jamais, depuis que le mariage existe, on n’avait prétendu dénier à un homosexuel le droit de se marier au motif qu’il était homosexuel, chose qui ne regarde ni le législateur ni l’officier d’État civil. Il est donc faux de dire que les homosexuels n’avaient pas le droit de se marier : ils jouissaient de ce droit comme tout le monde, dans le cadre de la définition du mariage qui était valable pour tous.

Désormais, non seulement personne ne sait plus ce qu’est le mariage, mais voilà que les personnes se trouvent classifiées non plus en fonction de leur identité sexuée, mais en fonction de leur « orientation » – chose que les régimes les plus dictatoriaux n’avaient jamais osé jusqu’à présent inscrire dans les textes législatifs.

Et maintenant que faut-il faire ? Que faire maintenant que la loi est votée et entérinée par le Conseil constitutionnel ?

Trois choses au moins :

1/ Nous souvenir d’abord, comme le rappelait Jean-Paul II dans son encyclique sur l’évangile de la vie, qu’« une loi injuste n’est pas une loi. »Il n’y a pas plus injuste que la loi qui vient de détruire le mariage : ce n’est donc pas une loi, et ses dispositions n’obligeront jamais personne.

2/ Ensuite, vivre en chrétiens : qui que nous soyons, c’est en nous voyant vivre que ceux qui ne partagent pas notre foi seront touchés par notre conduite. Notre première mission est d’exister comme disciples de Jésus, nous efforçant sans cesse, dans notre vie de pécheurs pardonnés, de suivre Celui qui est le chemin, la vérité et la vie.

3/ Enfin, continuer à éveiller les consciences sur ce qui est en train de se jouer dans notre société. Nous n’en avons pas fini avec le détricotage du lien social, les atteintes à la dignité humaine sous les prétextes les plus divers : continuons sans nous troubler à appeler bien ce qui est bien et mal ce qui est mal. C’est le plus grand service, la plus grande preuve d’amour fraternel que nous pouvons donner à nos contemporains.

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Publié par Matthieu BOUCART -
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