27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 15:41

Extrait du discours du Pape Benoît XVI aux cardinaux et à la curie romaine, le 21 décembre 2009.

 

Messieurs les cardinaux,

vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,

chers frères et sœurs,

 

La solennité du Saint Noël […] est pour tous les chrétiens une occasion tout à fait particulière de rencontre et de communion. Cet Enfant que nous rencontrons à Bethléem nous invite à faire l'expérience de l'amour immense de Dieu, ce Dieu qui est descendu du ciel et s'est fait proche de chacun de nous pour faire de nous ses fils, membres de sa famille. Ce rendez-vous traditionnel de Noël du Successeur de Pierre avec ses plus proches collaborateurs constitue également une rencontre de famille, qui renforce les liens d'affection et de communion, pour former toujours plus ce « Cénacle permanent » consacré à la diffusion du Royaume de Dieu, comme cela vient d'être rappelé […].

 

Une autre année riche d'événements importants pour l'Eglise et pour le monde touche à son terme. Avec un regard rétrospectif empreint de gratitude, je voudrais en cette heure faire mémoire de quelques points-clés pour la vie ecclésiale. De l'Année de Saint Paul, nous sommes passés à l'Année sacerdotale. De la figure imposante de l'Apôtre des nations qui, frappé par la lumière du Christ ressuscité et par son appel, a apporté l'Evangile aux peuples du monde, nous sommes passés à la figure humble du curé d'Ars qui, pendant toute sa vie, est resté dans le petit village qui lui avait été confié et qui toutefois, précisément dans l'humilité de son service, a rendu largement visible dans le monde la bonté réconciliatrice de Dieu. A partir de ces deux figures se manifeste la vaste portée du ministère sacerdotal et il devient évident que c'est précisément ce qui est petit qui est grand et que, à travers le service apparemment petit d'un homme, Dieu peut accomplir de grandes choses, purifier et renouveler le monde de l'intérieur.

 

Pour l'Eglise, et pour moi personnellement, l'année qui se conclut a été placée en grande partie sous le signe de l'Afrique. Il y a eu avant tout le voyage au Cameroun et en Angola. Il a été émouvant pour moi de ressentir la grande cordialité avec laquelle le Successeur de Pierre, le Vicarius Christi, a été accueilli. La joie festive et l'affection cordiale de ceux qui sont venus à ma rencontre sur toutes les routes ne s'adressaient pas, justement, à un hôte quelconque. Dans la rencontre avec le Pape, on a pu percevoir l'Eglise universelle, la communauté qui embrasse le monde et qui est réunie par Dieu à travers le Christ — la communauté qui n'est pas fondée sur des intérêts humains, mais qui nous est offerte par l'attention bienveillante de Dieu pour nous. Tous ensemble, nous formons la famille de Dieu, frères et sœurs en vertu d'un unique Père : telle a été l'expérience vécue. Et on faisait l'expérience que l'attention pleine d'amour de Dieu dans le Christ pour nous n'appartient pas au passé et ne relève pas non plus de théories savantes, mais est une réalité tout à fait concrète ici et maintenant. C'est précisément Lui qui est au milieu de nous : c'est ce que nous avons perçu à travers le ministère du Successeur de Pierre. Ainsi, nous avons été élevés au-dessus du simple quotidien. Le ciel s'est ouvert, et c'est ce qui transforme un jour en une fête. Et c'est dans le même temps quelque chose de durable. Cela continue à être vrai, également dans la vie quotidienne, que le ciel n'est plus fermé ; que Dieu est proche ; que dans le Christ, nous appartenons tous les uns aux autres.

 

Le souvenir des célébrations liturgiques reste gravé de façon particulièrement profonde dans ma mémoire. Les célébrations de la Sainte Eucharistie ont été de véritables fêtes de la foi. Je voudrais mentionner deux éléments qui me semblent particulièrement importants. Il y avait avant tout une joie partagée, qui s'exprimait également à travers le corps, mais de façon disciplinée et guidée par la présence du Dieu vivant. Ceci indique déjà le deuxième élément : le sens du sacré, du mystère présent du Dieu vivant a façonné, pour ainsi dire, chaque geste. Le Seigneur est présent — le Créateur, Celui auquel tout appartient, dont nous provenons et vers lequel nous marchons. De façon spontanée me sont venues à l'esprit les paroles de Saint Cyprien qui, dans son commentaire au Notre Père, écrit : « Rappelons-nous que nous sommes sous le regard de Dieu posé sur nous. Nous devons plaire aux yeux de Dieu, tant par l'attitude de notre corps que par l'usage de notre voix » (De dom. or. 4 csel III 1, p. 269). Oui, cette conscience était présente : nous étions en présence de Dieu. De cela ne découle ni peur, ni inhibition, pas davantage une obéissance extérieure aux rubriques, et encore moins une façon de se mettre en évidence les uns devant les autres ou d'élever la voix de façon désordonnée. Il régnait plutôt ce que les Pères appellent « sobria ebrietas » :être remplis d'une joie qui demeure toutefois sobre et ordonnée, qui unit les personnes de l'intérieur, en les conduisant à la louange communautaire de Dieu, une louange qui suscite dans le même temps l'amour du prochain, la responsabilité réciproque.

 

Naturellement, la rencontre avec mes frères dans le ministère épiscopal et l'inauguration du synode pour l'Afrique à travers la remise de l'Instrumentum laboris,ont fait bien sûr partie du voyage en Afrique […]. A l'occasion de ma visite en Afrique, la force théologique et pastorale du primat pontifical comme point de convergence pour l'unité de la famille de Dieu a d'abord été rendu évidente. Au cours dusynode, est apparue encore plus fortement l'importance de la collégialité — de l'unité des évêques, qui reçoivent leur ministère précisément du fait qu'ils entrent dans la communauté des successeurs des Apôtres : chacun est évêque, successeur des Apôtres, uniquement dans la mesure où il appartient à la communauté de ceux dans lesquels se poursuit le Collegium Apostolorumdans l'unité avec Pierre et avec son successeur. Comme dans les liturgies en Afrique, puis de nouveau, à Saint-Pierre de Rome, le renouveau liturgique de Vatican II a pris forme de façon exemplaire, ainsi, dans la communion du synode, l'ecclésiologie du Concile a été vécue de façon très concrète. Les témoignages que nous avons pu écouter de la part des fidèles d'Afrique — des témoignages de souffrance et de réconciliation concrète dans les tragédies de l'histoire récente du continent — ont été également émouvants.

 

Le synode s'était proposé comme thème : l'Eglise en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. Il s'agit d'un thème théologique et surtout pastoral d'une actualité brûlante, mais qui pouvait également être pris à tort pour un thème politique. La tâche des évêques était de transformer la théologie en pastorale, c'est-à-dire en un ministère pastoral très concret, dans lequel les grandes visions de l'Ecriture Sainte et de la Tradition sont appliquées à l'œuvre des évêques et des prêtres à un moment et en un lieu déterminés. Mais il ne fallait pas pour cela céder à la tentation de prendre personnellement en main la politique et de pasteurs, se transformer en guides politiques. En effet, la question très concrète devant laquelle les pasteurs se trouvent continuellement, est précisément celle-ci : comment pouvons-nous être réalistes et pratiques, sans nous arroger une compétence politique qui ne nous revient pas? Nous pourrions également dire : il s'agissait de la question d'une laïcité positive, pratiquée et interprétée de façon juste. Il s'agit là également d'un thème fondamental de l'encyclique, publiée le jour de la fête des Saints Pierre et Paul, « Caritas in veritate », qui a de cette façon repris et développé plus avant la question qui concerne la place théologique et concrète de la doctrine sociale de l'Eglise.

 

 

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Publié par Matthieu BOUCART -
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