19 août 2010 4 19 /08 /août /2010 14:19

Texte de la Newsletter n°8 (publiée le 18 août 2010) du Groupe Facebook consacré à l'oeuvre de Claude Tresmontant, l'un des plus grands métaphysiciens du siècle passé – qui réfuta magistralement l'athéisme.

 

Les métaphysiciens monistes – qui professent que l’Univers physique n’est qu’une illusion, une apparence, et que seul l’Un existe véritablement (ou le Brahman, ou la Substance) – doivent affronter une difficulté, une difficulté majeure, admirablement présentée par Plotin en ces termes : « Comment donc, à partir de l’Un, qui est tel que nous disons que l’Un est, – comment donc peut-il y avoir une existence quelconque, soit une multiplicité, soit une dualité, soit un nombre ? Et pourquoi donc l’Un n’est-il pas demeuré tranquille en lui-même ? Pourquoi donc une multiplicité s’est-elle précipitée hors de, arrachée, retirée hors de l’Un, – cette multiplicité qui se voit dans les êtres de notre expérience ? Et comment pensons-nous ramener cette multiplicité vers l’Un ? » (Ennéades, V, 1, 6).

 

Telle est la grande question qui se pose à la métaphysique idéaliste. Si l’Un, seul, existe, si notre Univers et tous ses composants – dont chacun de nos êtres personnels – sont une apparence, il reste à expliquer… le fait même de cette apparence.

 

« Le problème posé est simple. Nous constatons dans notre expérience qu’il existe une multiplicité d’êtres singuliers, qui se prennent eux-mêmes pour des êtres singuliers et distincts les uns des autres ! S’il est vrai qu’en réalité l’Un seul existe (…), alors l’expérience a tort. Elle se trompe, elle nous trompe. Elle n’est qu’une illusion ou une apparence (…). Il reste à comprendre l’existence de cette multiplicité d’êtres. Si cette multiplicité est déclarée au fond illusoire et purement apparente, il reste à expliquer l’existence de cette illusion cosmologique. » (Claude Tresmontant, Les Métaphysiques principales, François-Xavier de Guibert, p. 173).

 

Si l’on cherche une explication à l’existence même de ce grand mirage qu’est la multiplicité des êtres dans l’Univers, on ne peut la trouver que du côté… de l’Un, puisque lui seul existe ! Seul l’Un peut être à l’origine de cette multiplicité apparente des êtres. Qui d’autre cela pourrait-il être, puisque l’Un est, selon le Credo moniste, le seul Être existant ?

 

« Si la multiplicité des êtres est une apparence et une illusion, si la souffrance du monde n’est qu’un rêve, un mauvais rêve, un cauchemar ; si le tortionnaire et le torturé au fond ne sont qu’UN ; si le massacreur et le massacré ne font qu’UN ; si l’oppresseur et l’opprimé ne font qu’UN, – il reste que cette douleur du monde qui n’est qu’une apparence est le fait de l’Un, de l’unique Substance, puisque de fait, la Substance est unique. On aura beau dire que la souffrance du torturé, du massacré, de l’opprimé n’est qu’une illusion et une apparence, cette apparence-là est bien l’œuvre de l’Un, puisqu’en réalité il est seul. Il faut donc admettre ou tout au moins supposer que quelque chose ne va pas bien au sein de l’Un, au sein de l’Unique Substance, puisqu’il rêve les horreurs que nous voyons dans notre monde des apparences » (Claude Tresmontant, op.cit., p. 179).

 

« L’illusion de l’existence individuelle, singulière, personnelle, est partagée par la plupart des humains. La plupart des torturés s’imaginent à tort être autres que, être distincts de leurs tortionnaires. Les massacrés s’imaginent être distincts de leurs massacreurs, et ainsi de suite. Cette illusion de l’existence individuelle, qui est notre fait à nous les paysans, les mineurs de fond, les prisonniers, les affligés, les esclaves, – cette illusion est le fait de l’Unique Substance, puisqu’en réalité la Substance est unique » (Claude Tresmontant, op.cit., p. 179).

 

Dès lors, si « le paysan, le docker, le mineur de fond et en somme toute l’humanité (…) s’imaginent qu’ils sont des êtres distincts les uns des autres, et [s’ils] ne savent pas qu’en réalité, Dieu, ils le sont – non seulement, ils ne le savent pas, mais si on le leur dit, ils ne le croient pas », c’est qu’il s’est produit une tragédie à partir de l’Un, et même à l’intérieur de l’Un : « il faut (…) admettre qu’au sein de l’Un, il y a eu et il y a une sorte de catastrophe qui engendre cette illusion de la multiplicité des êtres qui ont l’illusion, et parfois très fort, de souffrir… » (Claude Tresmontant, op.cit., p. 179).

 

 

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Publié par Matthieu BOUCART -
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