14 octobre 2009 3 14 /10 /octobre /2009 17:30

Homélie du Père Raniero Cantalamessa pour le 28e dimanche du temps ordinaire de l’année B.

Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d'entrer dans le royaume de Dieu !

Une observation préliminaire est nécessaire pour supprimer les ambiguïtés qui peuvent surgir en lisant ce que l’Evangile de ce dimanche nous dit de la richesse.

Jésus ne condamne jamais la richesse et les biens terrestres pour eux-mêmes.
Parmi ses amis figurent également Joseph d’Arimathie, un « homme riche » ; Zachée déclaré « sauvé », même s’il garde pour lui la moitié de ses biens qui, étant donné son métier – percepteur d’impôts – devaient être considérables. Ce qu’il condamne est l’attachement exagéré à l’argent et aux biens, le fait d’en faire dépendre sa propre vie et d’accumuler des trésors uniquement pour soi (cf. Lc 12, 13-21).

La parole de Dieu appelle l’attachement excessif à l’argent « idolâtrie » (Col 3, 5 ; Ep 5, 5).
Mammon, l’argent, n’est pas une idole parmi tant d’autres ; il s’agit de l’idole par antonomase. Littéralement, « l’idole de métal fondu » (cf. Ex 34, 17). Mammon est l’anti-dieu car il crée une sorte de monde alternatif, il change l’objet des vertus théologales. La foi, l’espérance et la charité ne reposent plus en Dieu mais dans l’argent. Une effrayante inversion de toutes les valeurs se produit. « Rien n’est impossible à Dieu », dit l’Ecriture ; et encore : « Tout est possible à celui qui croit ». Mais le monde dit : « Tout est possible pour celui qui a de l’argent ».

L’avarice, en plus d’être de l’idolâtrie, est aussi source de malheur.
L’avare est un homme malheureux. Méfiant à l’égard de tous, il s’isole. Il n’a de liens d’affection avec personne, pas même avec les personnes de son propre sang, qu’il voit toujours comme des personnes cherchant à l’exploiter et qui n’éprouvent souvent elles-mêmes qu’un seul vrai désir : le voir mourir le plus rapidement possible pour hériter de ses richesses. Tourmenté à l’extrême par l’idée d’épargner, il se refuse tout dans la vie et ainsi ne jouit ni de ce monde, ni de Dieu, ne pouvant lui-même profiter de ses renoncements. Au lieu d’en tirer de la sécurité et de la tranquillité, il est un éternel otage de son argent.

Mais Jésus ne laisse personne sans espérance de salut, pas même le riche
.
Lorsque les disciples, après le récit de la parabole du chameau et du trou de l’aiguille, effarés, demandèrent à Jésus : « Mais alors, qui peut être sauvé ? », celui-ci répond : « Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ». Dieu peut sauver le riche également. La question n’est pas de savoir « si le riche est sauvé » (ceci n’a jamais été sujet de discussion dans la tradition chrétienne) mais « quel riche est sauvé ».

Jésus montre aux riches comment sortir de leur dangereuse situation : « Mais faites-vous des trésors dans le ciel, là où les mites et la rouille ne dévorent pas » (Mt 6, 20) ; « Faites-vous des amis avec l'Argent trompeur, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles » (Lc 16, 9).

On dirait que Jésus conseille aux riches de transférer leur argent à l’étranger ! Mais pas en Suisse, au ciel ! De nombreuses personnes, affirme saint Augustin, se fatiguent à enterrer leur argent sous terre, se privant également du plaisir de le voir, parfois toute la vie, pour le simple fait de le savoir en lieu sûr. Pourquoi ne pas l’enterrer au ciel, où il serait bien plus en sûreté et où on le retrouverait, un jour, pour toujours ? Comment faire ? C’est simple, poursuit saint Augustin : à travers les pauvres, Dieu te donne des messagers. Ils se rendent là où tu espères aller un jour. Dieu en a besoin ici, dans le pauvre, et il te le rendra quand tu seras là-bas.

Mais il est évident que l’aumône facile et les œuvres de bienfaisance ne sont plus aujourd’hui les seuls moyens pour faire que la richesse serve au bien commun, ni même peut-être le plus recommandable. Il existe aussi celui de payer ses impôts de manière honnête, de créer de nouveaux postes de travail, de donner un salaire plus élevé aux ouvriers lorsque la situation le permet, de lancer des entreprises locales dans les pays en voie de développement. En d’autres termes, faire fructifier l’argent en le faisant circuler. Etre des canaux qui conduisent l’eau et non des lacs artificiels qui la retiennent uniquement pour soi-même.

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Publié par Matthieu BOUCART -
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