Suite de la lettre apostolique du Pape Jean-Paul II sur le sens chrétien de la souffrance humaine (Salvifici Doloris, le 11 février 1984).
V - PARTICIPANTS DES SOUFFRANCES DU CHRIST
19. Le même chant du Serviteur souffrant, dans le Livre d'Isaïe, nous conduit justement, par les versets qui suivent, dans la direction de cette question et de cette réponse :
« S'il offre sa vie en sacrifice expiatoire,
il verra une postérité, il prolongera ses jours,
par lui s'accomplira la volonté du Seigneur.
A la suite de l'épreuve endurée par son âme,
il verra la lumière et sera comblé.
Par sa connaissance,
le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes
en s'accablant lui-même de leurs fautes.
C'est pourquoi il aura sa part parmi les multitudes,
et avec les puissants il partagera le butin,
parce qu'il s'est livré lui-même à la mort
et qu'il a été compté parmi les criminels
et qu'il portait le péché des multitudes
et qu'il intercédait pour les criminels »
On peut dire qu'avec la Passion du Christ, toute souffrance humaine s'est trouvée dans une situation nouvelle. Cette situation, il semble que Job l'ait pressentie quand il disait : « Je sais, moi, que mon rédempteur est vivant... », et qu'il ait orienté vers elle sa propre souffrance qui, sans la Rédemption, n'aurait pu lui révéler la plénitude de sa signification. Dans la Croix du Christ, non seulement la Rédemption s'est accomplie par la souffrance, mais de plus la souffrance humaine elle-même a été rachetée. Le Christ – sans qu'il ait commis aucune faute – s'est chargé du mal total du péché. L'expérience de ce mal a déterminé la mesure incomparable de la souffrance du Christ, qui est devenue le prix de la Rédemption. C'est ce que dit le chant du Serviteur souffrant dans Isaïe. En leur temps, les témoins de la Nouvelle Alliance, conclue dans le Sang du Christ, le diront aussi. Voici comment s'exprime l'Apôtre Pierre dans sa première lettre : « Sachez que ce n'est par rien de corruptible, argent ou or, que vous avez été affranchis de la vaine conduite héritée de vos pères, mais par un sang précieux, comme d'un agneau sans défaut et sans tache, celui du Christ ». Et l'Apôtre Paul, dans sa lettre aux Galates, dira : « Il s'est livré pour nos péchés afin de nous arracher à ce monde actuel et mauvais », et dans la première lettre aux Corinthiens : « Car le Seigneur vous a achetés très cher. Rendez gloire à Dieu dans votre corps! ».
C'est ainsi, ou par des pressions semblables, que les témoins de la Nouvelle Alliance parlent de la grandeur de la Rédemption qui s'est accomplie par la souffrance du Christ. Le Rédempteur a souffert à la place de l'homme et pour l'homme. Tout homme participe d'une manière ou d'une autre à la Rédemption. Chacun est appelé, lui aussi, à participer à la souffrance par laquelle la Rédemption s'est accomplie. Il est appelé à participer à la souffrance par laquelle toute souffrance humaine a aussi été rachetée. En opérant la Rédemption par la souffrance, le Christ a élevé en même temps la souffrance humaine jusqu'à lui donner valeur de Rédemption. Tout homme peut donc, dans sa souffrance, participer à la souffrance rédemptrice du Christ.
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