12 novembre 2009 4 12 /11 /novembre /2009 18:50

Extrait du Message du Pape Benoît XVI pour la Journée Mondiale des Missions 2008.

Chers Frères et Sœurs,

À l'occasion de la Journée mondiale des Missions, je voudrais vous inviter à réfléchir sur l'urgence qui demeure d'annoncer encore l'Évangile à notre époque. Le mandat missionnaire continue d'être une priorité absolue pour tous les baptisés, appelés à être « serviteurs et apôtre du Christ Jésus » en ce début de millénaire. Mon vénéré prédécesseur, le Serviteur de Dieu Paul VI, affirmait déjà, dans l'Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi que « évangéliser est la grâce et la vocation propre de l'Église, son identité la plus profonde » (n. 14).
Comme modèle de cet engagement apostolique, je voudrais indiquer en particulier saint Paul, l'Apôtre des nations, puisque nous célébrons cette année un jubilé spécial qui lui est consacré. C'est l'Année paulinienne qui nous offre l'opportunité de nous familiariser avec cet insigne Apôtre, qui eut pour vocation de proclamer l'Évangile aux Gentils, selon ce que le Seigneur lui avait annoncé : « Va, c'est au loin, vers les païens, que moi, je veux t'envoyer » (Ac 22, 21). Comment ne pas saisir l'occasion offerte par ce jubilé spécial aux Églises locales, aux communautés chrétiennes et aux fidèles, pour diffuser jusqu'aux frontières les plus reculées du monde l'annonce de l'Évangile, puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit (Rm 1, 16) ?

L'humanité a besoin d'être libérée et rachetée. La Création elle-même – dit saint Paul – souffre et nourrit l'espoir d'entrer dans la liberté des enfants de Dieu (cf. Rm 8, 19-22). Ces paroles sont également vraies dans le monde d'aujourd'hui. La Création souffre. L'humanité souffre et attend la vraie liberté, elle attend un monde différent, meilleur ; elle attend la « rédemption ». Et, au fond, elle sait que ce monde nouveau attendu suppose un homme nouveau, suppose des « enfants de Dieu ».
Voyons de plus près la situation du monde d'aujourd'hui. Si, d'une part, le panorama international présente des perspectives de développement économique et social prometteur, de l'autre, il offre à notre attention de fortes préoccupations en ce qui concerne l'avenir même de l'homme. La violence, dans de nombreux cas, caractérise les relations entre les individus et les peuples ; la pauvreté opprime des millions d'habitants ; les discriminations et, parfois même, les persécutions pour motifs raciaux, culturels et religieux poussent beaucoup de gens à fuir leur pays pour chercher ailleurs refuge et protection ; le progrès technologique, lorsqu'il n'a pas pour objectif final la dignité et le bien de l'homme et n'est pas voué au développement solidaire perd sa potentialité comme facteur d'espérance et risque même plutôt d'accroître les déséquilibres et les injustices déjà existants. En outre, une menace constante sur la relation entre l'homme et l'environnement, en raison de l'usage irréfléchi des ressources, entraîne des répercussions sur la santé physique et mentale de l'être humain. L'avenir de l'homme est aussi menacé par les atteintes contre sa vie, atteintes revêtant diverses formes et modalités.

Face à ce scénario, « une inquiétude nous saisit et nous nous interrogeons avec un mélange d'espoir et d'angoisse » (cf. Const. Gaudium et spes, 4) et, préoccupés, nous nous demandons :
Qu'en sera-t-il de l'humanité et de la Création ? Y a-t-il une espérance pour l'avenir où, mieux encore, existe-t-il un avenir pour l'humanité ? Et comment sera cet avenir ? La réponse à ces interrogations, pour nous, chrétiens, provient de l'Évangile. Le Christ est notre avenir et, comme je l'ai écrit dans la Lettre encyclique Spe salvi, son Évangile est communication qui « change la vie », donne l'espérance, ouvre toute grande la porte du temps et illumine l'avenir de l'humanité et de l'univers (cf. n. 2).

Saint Paul avait bien compris que l'humanité ne peut trouver la rédemption et l'espérance que dans le Christ. C'est pourquoi il ressentait, impérieusement et avec urgence, la mission d' « annoncer la promesse de la vie qui est le Christ Jésus » (2 Tm 1, 1), « notre espérance » (1 Tm 1, 1), pour que tous puissent participer au même héritage et avoir part à la promesse par le moyen de l'Évangile (cf. Ep 3, 6). Il était conscient que, privée du Christ, l'humanité est « sans espérance et sans Dieu dans le monde (Ep 2, 12), sans espérance parce que sans Dieu » (Spe salvi, 3). En effet, « celui qui ne connaît pas Dieu, tout en pouvant avoir de multiples espérances, est dans le fond sans espérance, sans la grande espérance qui soutient toute l'existence (cf. Ep 2, 12) » (Ibid., 27).

C'est donc un impérieux devoir pour tous d'annoncer le Christ et son message salvifique. « Malheur à moi, affirmait saint Paul, si je n'annonçais pas l'Évangile » (1 Co 9, 16). Sur le chemin de Damas, il avait fait l'expérience et compris que la rédemption et la mission sont l'œuvre de Dieu et de son amour.
L'amour du Christ le conduisit à parcourir les routes de l'Empire romain comme héraut, apôtre, propagateur, maître de l'Évangile, dont il se proclamait « ambassadeur dans les chaînes » (Ep 6, 20). La charité divine le rendit « tout à tous, afin d'en sauver à tout prix quelques-uns » (1 Co 9, 22). En considérant l'expérience de saint Paul, nous comprenons que l'activité missionnaire est une réponse à l'amour par lequel Dieu nous aime. Son amour nous rachète et nous aiguillonne vers la missio ad gentes ; c'est l'énergie spirituelle capable de faire grandir dans la famille humaine l'harmonie, la justice, la communion entre les personnes, les races et les peuples, auxquelles tous aspirent (cf. Enc. Deus caritas est, 12). C'est donc Dieu, qui est Amour, qui conduit l'Église vers les frontières de l'humanité et qui appelle les évangélisateurs à s'abreuver « à la source première et originelle qui est Jésus-Christ, du cœur transpercé duquel jaillit l'amour de Dieu » (Deus caritas est, 7). Ce n'est qu'à partir de cette source que l'on peut puiser l'attention, la tendresse, la compassion, l'accueil, la disponibilité, l'intérêt pour les problèmes des gens, et les autres vertus nécessaires aux messagers de l'Évangile pour tout quitter et se consacrer entièrement et inconditionnellement à la diffusion dans le monde du parfum de la charité du Christ.

Alors que la première évangélisation reste nécessaire et urgente dans de nombreuses régions du monde, le manque de clergé et de vocations affligent aujourd'hui divers diocèses et Instituts de vie consacrée.
Il est important de réaffirmer que, malgré la présence de difficultés croissantes, le mandat du Christ d'évangéliser tous les peuples demeure une priorité. Aucune raison peut en justifier un ralentissement ou une stagnation, car « le mandat d'évangéliser tous les hommes constitue la vie et la mission essentielle de l'Église » (Paul VI Exhort. ap. Evangelii nuntiandi, 14). Mission qui « en est encore à ses débuts et nous devons nous engager de toutes nos forces à son service » (Jean-Paul II, Enc. Redemptoris missio, 1). Comment ne pas penser ici au Macédonien qui, étant apparu en songe à Paul, criait : « Viens en Macédoine et aide-nous ». Ils sont nombreux aujourd'hui ceux qui attendent l'annonce de l'Évangile, ceux qui ont soif d'espérance et d'amour (…).

Chers frères et sœurs, « duc in altum » ! Prenons le large sur la vaste mer du monde et, suivant l'invitation de Jésus, jetons sans peur nos filets, confiants en son aide constante.
Saint Paul nous rappelle que prêcher l'Évangile n'est pas un titre de gloire (cf. 1 Co 9, 16), mais un devoir et une joie. Chers frères évêques, suivant l'exemple de Paul, que chacun se sente « prisonnier du Christ à cause des païens » (Ep 3, 1), en sachant qu'il peut compter, dans les difficultés et dans les épreuves, sur la force qui nous vient de lui (…).

Chers fidèles laïcs, vous êtes tous appelés à prendre part à la diffusion de l'Évangile, d'une manière toujours plus importante, vous qui œuvrez dans les différents milieux de la société. Un aréopage complexe et multiforme à évangéliser s'ouvre ainsi devant vous : le monde. Témoignez par votre vie que les chrétiens « appartiennent à une société nouvelle, vers laquelle ils sont en chemin et qui, dans leur pèlerinage, est déjà anticipée » (Spe salvi, 4).

(…) Que s'intensifie toujours davantage au sein du peuple chrétien la prière, indispensable moyen spirituel pour répandre parmi tous les peuples la lumière du Christ, « lumière par antonomase » qui éclaire « les ténèbres de l'histoire » (Spe salvi, 49).

Du Vatican, le 11 mai 2008.

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Publié par Matthieu BOUCART -
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