Cher ami Sauvage (ça fait bizarre de commencer ainsi, mais c’est votre pseudo…),
Je vous remercie de votre long commentaire à mon article "Marie, médiatrice et co-rédemptrice… avec toute l’Eglise!" Vos observations sont très intéressantes, c’est pourquoi je souhaite leur consacrer un article entier (le présent) pour y répondre.
Tout d’abord, je veux vous dire ma joie de dialoguer avec un frère chrétien. Particulièrement en ce jour où nous sommes au cœur de la grande Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Je pense, de ce point de vue, que votre intervention sur ce blog est providentielle, et je rends grâce à Dieu de pouvoir échanger avec vous sur ce qui fait notre bonheur commun, à savoir : notre foi en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, mort et ressuscité pour le Salut de tous les hommes.
Je suis souvent admiratif de l’ardeur que déploient les chrétiens non catholiques à défendre l’honneur de Jésus – et sa Seigneurie universelle ; de l’amour jaloux qu’ils manifestent envers Lui, notre unique Sauveur. Je suis sûr, en tant que catholique, que cela touche profondément le Cœur de Jésus, et je ne m’étonne pas que des grâces nombreuses soient accordées à des communautés protestantes qui célèbrent avec ferveur son Saint Nom de Gloire, le seul par lequel nous puissions être sauvés (cf. Ac 4. 12).
Je loue donc votre foi et votre amour pour le Seigneur Jésus, ainsi que la qualité de votre argumentation, fondée sur la Révélation et la raison – qui soulève des interrogations que je trouve légitimes, du point de vue qui est le vôtre. Voilà pourquoi je souhaiterais vous répondre ici. Non pas tant pour vous convaincre de devenir catholique (quoique tel est mon secret désir ) que pour vous assurer que l’Eglise catholique partage avec vous le même amour pour Jésus-Christ, et le même souci de demeurer fidèle à l’Evangile de Dieu transmis par les Apôtres et de préserver son intégrité face à la tentation, sans cesse, renaissante, de l’idôlatrie.
Dans notre échange, vous me faisiez part de votre incompréhension au sujet de la place qu’occupe la Vierge Marie dans le christianisme catholique. Pour vous, elle est « décédée ». Elle n’a donc aucun titre, selon vous, à être « médiatrice » au sens que j’évoquais dans mon article. Je vous rappelais en réponse que « L'Eglise a toujours affirmé, depuis les origines, que la Sainte Vierge a été élevée au ciel, corps et âme » ; que « Marie est donc bien vivante auprès de Dieu. Et [que] ses apparitions en attestent. Croyez-vous, vous demandais-je, que Lourdes, Fatima, Beauraing... soient des manifestations diaboliques? »
Cela m’a valu votre longue réponse, articulée en 5 remarques que je voudrais maintenant reprendre et discuter.
« Première remarque : Les apparitions de croyants décédés sont rares dans la Bible.
(Vous me direz que Marie n'est pas décédée, j'ai bien entendu. Mais puisque la Bible ne dit pas cela, et n'annonçait pas même cela...)
Dans la Bible, il y a beaucoup d’apparitions de Dieu sous forme d’une théophanie comme avec l’ange de l’Eternel. Il y a également des apparitions d’anges comme par exemple avec l’ange Gabriel dans le livre de Daniel ou dans les Évangiles. On peut encore citer les apparitions de Jésus-Christ après la résurrection. Mais les apparitions de croyants décédés peuvent se compter sur les doigts d’une seule main. Ce sont de réelles exceptions qui ne sont pas la règle. On peut recenser une seule apparition de croyant décédé dans l’ancien testament et seulement deux dans le nouveau testament. Dans l’ancien testament, la seule apparition est celle du prophète Samuel (…) (Cf 1 Samuel 28.) C’est l’unique apparition d’un mort dans l’ancien testament. Dans le nouveau testament les apparitions d’êtres humains décédés sont également très rares. Les plus connues sont celles de la transfiguration où Jésus a emmené avec lui ses disciples les plus proches, Pierre, Jacques et Jean. Et la Bible nous dit que : « Jésus fut transfiguré devant eux ; son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. Et voici, Moïse et Elie leur apparurent, s’entretenant avec Lui. » Les disciples ont donc vu une apparition de Moïse et Elie. Ces deux apparitions sont les seules des Évangiles. Il n’y en a aucune dans le livre des Actes en dehors de celle Jésus au début du livre. Il n’y en a aucune dans les épîtres. Et lorsque l’on arrive dans le dernier livre de la Bible, l’apocalypse, il nous est parlé « des deux témoins. » Une interprétation possible et probable serait que ces deux témoins soient Moïse et Elie. Si c’est le cas, cela voudrait dire qu’ils réapparaitront dans la période de la fin des temps. Ce sont les seules apparitions de « saints » dans tout le nouveau testament. Cela fait donc cinq apparitions dans toute la Bible. Ceci nous souligne clairement que l’apparition est d’un caractère très exceptionnel quand il s’agît de croyants décédés. Ce n’est pas là la manière d’agir de Dieu. »
Eh bien… je suis d’accord avec vous ! Je nuancerais simplement en distinguant les « visions » des « apparitions ». On ne parle d’apparitions que pour les manifestations des corps glorieux de Jésus et Marie, qui sont les deux seules personnes à être ressuscitées. Les manifestations des saints et des anges sont des « visions ». Les saints sont vivants auprès de Dieu (et ont, croyons-nous, la possibilité d’agir sur la terre au moyen de leur prière) – mais ils ne sont pas ressuscités. Ils le seront à la fin des temps, avec vous et moi, lorsque le Christ reviendra dans sa Gloire pour établir son Règne.
Ce petit point technique étant précisé, je m’empresse d’affirmer que les apparitions ont un rôle mineur dans la foi catholique. Objectivement parlant, elles sont un phénomène très important, puisque nous n’avons jamais rien vu de semblable auparavant. Si les apparitions à Medjugorje, par exemple, sont authentiques – ainsi que, personnellement, je le crois –, alors cela veut dire que la Vierge apparaît tous les jours depuis plus de 30 ans ! C’est vraiment une première et un évènement considérable, dont il convient de mesurer toute la portée. Malgré tout, pour l’Eglise catholique, les apparitions n’ont qu’une importance relative. Car là n’est pas l’essentiel de notre foi. Pour ceux qui y croient et qui y trouvent une source de motivation pour vivre l’Evangile, tant mieux. Pour les autres qui sont sceptiques, ce n’est pas grave : il ne leur est pas demandé d’y croire. L’Eglise vit de l’Eucharistie, elle ne vit pas des apparitions. L’Eglise pourrait vivre, et vivre bien, sans les apparitions. Mais lorsqu’une apparition est authentifiée, alors elle trouve sa joie à la célébrer dans sa liturgie – car les manifestations de Dieu sont toujours source de réjouissance pour elle ; la preuve tangible que Dieu est proche – preuve dont elle n’a pas besoin, mais qu’elle se plaît à recevoir.
Donc : je suis d’accord avec vous pour dire que les apparitions restent exceptionnelles (même si elles se multiplient depuis deux siècles, les apparitions de la Vierge ne concernent que quelques lieux précis ; elles ne se généralisent pas sur toute la surface de la terre) ; bien plus : qu’elles sont marginales du point de vue de la foi catholique et de la vie de l’Eglise ; et qu’elle ne sont pas, en effet, la manière habituelle d’agir de Dieu.
Cela dit, vous relevez vous-même dans la Bible le témoignage de quelques manifestations surnaturelles – des « visions » de saints. Le seul fait suffit à démontrer que la chose n’est pas impossible et que le Seigneur peut y avoir recours, si bon Lui semble. On ne peut donc exclure a priori la possibilité pour la Sainte Vierge de se manifester.
« Deuxième remarque : Les apparitions sont quelque chose de très tardif dans l’histoire de l’Eglise Catholique.
Aucun père de l’église n’a vécu ou ne relate d’apparition dans les premiers siècles de l’Eglise. Et personne ne relate d’apparition dans le premier millénaire. La totalité des apparitions mariales sont situées à la fin du deuxième millénaire, c’est-à-dire dans les 19eme et 20eme siècles (à part quatre ou cinq exceptions situées après le moyen âge.) Les apparitions sont donc un phénomène des derniers temps. »
Eh bien là encore, je suis d’accord avec vous. Dans l’Histoire de l’Eglise – et a fortiori dans l’Histoire Sainte – les apparitions mariales sont un phénomène récent. Ce qui est peut-être le signe en effet (je partage votre avis sur ce point) que nous sommes entrés dans les tous derniers temps (ceux-ci pouvant encore durer quelques siècles cependant). Je dis les « tous derniers temps », car à la vérité, nous sommes dans les derniers temps déjà depuis la venue du Christ (cf. Heb. 1.2).
« Troisième remarque : Les apparitions de Marie enseignent des fausses doctrines. »
Ah, c’est maintenant que nous n’allons plus être d’accord…
« Pour expliquer ce point, il est nécessaire de citer les paroles de quelques apparitions. Certains ne seront peut-être pas d’accord avec les explications données, mais gardons en arrière plan que l’autorité suprême pour nous permettre de comprendre quelque chose de spirituel, c’est la parole inspirée par Dieu : La Bible. »
Bon, cela ne commence pas très bien. L’autorité suprême « pour nous permettre de comprendre quelque chose de spirituel », ce n’est pas la Bible – même si la Bible, bien entendu, joue là un rôle essentiel. C’est le sujet institué par le Christ pour donner la Parole au monde, à savoir : l’Eglise. C’est elle qui est la « colonne de la vérité » ; elle qui est « l'accomplissement total du Christ »… selon les termes mêmes de la Bible (cf. 1 Tm 3. 15 ; Ep 1. 23) ! C’est elle, d’ailleurs, qui nous donne la Bible, en définit le contenu, et la déclare inspirée de Dieu. Je serais ainsi assez curieux de savoir comment vous savez, vous, cher Sauvage, que la Bible est la Parole de Dieu – si vous ne croyez pas en l’autorité de l’Eglise ?
Vous dites, dans votre propos liminaire que l’Assomption de la Vierge est inexistant dans la Bible. Oui, dans la mesure où il n’en est pas explicitement question. Pas davantage qu’il n’est question dans la Bible de la Trinité, ou de la… Sola Scriptura. En revanche, ainsi que je le disais plus haut, c’est un fait historique que l’Eglise du Christ a toujours cru depuis les origines et partout dans le monde que Marie a été élevée au ciel, dans son corps et dans son âme. En Occident, on parle d’Assomption ; en Orient, plutôt de « dormition ». Mais partout, l’on professe la glorification de Marie, dans son corps et dans son âme. La contestation du fait est récente. Elle date des 15e et 16e siècle. Elle est une nouveauté, en rupture avec l’enseignement de l'Eglise indivise depuis plusieurs siècles. On peut donc légitimement douter qu’elle soit conforme à la doctrine chrétienne – car on ne peut avoir raison contre l’Eglise, contre ce qu'elle a toujours cru et enseigné.
Je poursuis…
« 1° Catherine Labouré a eu plusieurs apparitions qu’elle identifie à la vierge Marie au début du 19eme siècle. Marie lui serait apparue à droite du maître-autel. Ses mains rayonnaient d’un éclat merveilleux. Et Catherine Labouré a entendu ses mots : "Ces rayons sont le symbole des grâces que Marie obtient aux hommes". Mais ces mots sont contraires à l’enseignement de la Bible. Et Dieu ne peut pas se contredire. Dire que Marie était pleine de grâces, et qu’elle obtient des grâces pour les hommes n’est pas biblique. C’est une déformation de Luc 1:28 qui dit : « L’ange entra chez elle, et dit : Je te salue, toi à qui une grâce a été faite ; le Seigneur est avec toi. » Ou du verset 30 « L’ange lui dit : Ne crains point, Marie ; car tu as trouvé grâce devant Dieu. » Nulle part dans les Saintes Écritures, nous lisons que Marie obtient des grâces pour les hommes. Elle fut bénie de recevoir une grâce, ou de trouver grâce devant Dieu pour porter le Fils unique de Dieu. Mais la Bible enseigne clairement qu’elle est dans la position de celle qui reçoit la grâce de Dieu, et non dans la position de celle qui en obtient pour les autres. »
Plusieurs choses ici… D’abord, sauf erreur, l’Eglise n’a pas reconnu les apparitions de la rue du Bac, aussi invraisemblable que cela puisse paraître. Mais bon, je reconnais que c’est tout comme, puisque Catherine Labouré a été canonisée, et que le Pape Jean-Paul II s’est rendu lui-même à la chapelle de la rue du Bac.
Ensuite, l’Ange ne dit pas à Marie qu’elle a reçu une grâce, mais qu’elle est comblée de grâce. Le verbe, employé au participe parfait dans le grec évangélique, induit une idée de permanence. La Bible de Jérusalem suggère qu'il faudrait traduire le mot « kécharitôménè » par la périphrase « Toi qui as été et demeure remplie de la faveur divine ». Comme l'écrivait Saint Jérôme : « Nulle part ailleurs dans l'Ecriture je n'ai pu trouver une telle formule de salutation : « Salut, pleine de grâce! » Où aurais-je pu lire cela ailleurs dans l'Ecriture? Je ne m'en souviens pas. Jamais cette formule ne fut adressée à un homme : « Salut, plein de grâce ». A Marie seule, cette salutation était réservée. »
Maintenant : il n’est pas douteux que chacun d’entre nous peut obtenir des grâces en faveur de ses frères. Ainsi, quand je prie pour vous, je demande au Seigneur qu’il vous comble de ses grâces. Et je suis assuré dans la foi qu’Il le fait (cf. par ex. Mc 11. 24). Si moi, misérable pécheur, je peux vous obtenir des grâces par ma prière, à combien plus forte raison la Vierge Marie, la Mère de Jésus, à qui Jésus ne peut rien refuser (ainsi qu’on le voit à Cana - cf. Jn 2. 1-11).
« 2° En 1932, en Belgique, 5 enfants de 9 à 15 ans ont une apparition qui semble être celle de Marie. L’apparition dit alors : « JE CONVERTIRAI LES PÉCHEURS... JE SUIS LA MÈRE DE DIEU, LA REINE DES CIEUX. PRIEZ TOUJOURS. ADIEU ! » Il est tout d’abord étonnant que l’apparition dise que c’est elle qui convertira les pécheurs. Si l’on considère ce que la Bible dit de Marie, elle ne l’a décrit pas comme ayant ce pouvoir de convertir les pécheurs. En fait, personne ne peut convertir quelqu’un, si ce n’est Dieu seul qui peut conduire à la conversion. »
C’est vrai… et ce n’est pas vrai, tout en même temps ! C’est vrai, en ce sens que la foi est une grâce, et que Dieu seul a le pouvoir de la dispenser. Lui seul agit au profond des cœurs au point de pouvoir les convertir. Mais il est vrai aussi de dire que chacun de nous participe à la conversion des pécheurs, par ses dons, ses talents et ses charismes reçus de Dieu. Si je parviens par exemple, à toucher une âme par mon apostolat ; si celle-ci, après cela, reçoit le baptême, et change sa vie pour accueillir le Christ ; alors je pourrai dire en toute vérité que je l’ai convertie – au sens où sa conversion est passée par moi. Je sais bien qu’au fond, ce n’est pas moi ; que c’est le Seigneur qui a tout fait ; et que sans l’action de son Esprit, tous mes efforts auraient été vains. Mais je sais aussi que c’est par l’intermédiaire de mon action que cette personne s’est convertie. Je peux donc dire, en raccourci (sachant que ce n’est pas la totalité de la vérité), que je l’ai convertie.
Deux passages de l’Ecriture pour appuyer mon propos. Dans l’Ancien Testament, en Ezechiel 3. 21, Dieu dit : « Si tu avertis le juste de ne pas pécher, et qu'en effet il ne pèche pas, il vivra PARCE QU’IL AURA ETE AVERTI [sous-entendu : par toi], et toi, tu auras sauvé ta vie. » J'ai donc le pouvoir de faire qu'un juste ne pèche pas – alors même que c'est une grâce de Dieu. Je suis moi-même en ce cas un instrument de cette grâce ; non pas un instrument passif, mais un instrument actif ; voilà pourquoi mon mérite ne restera pas sans récompense : je sauverai ma vie, dit le Seigneur.
Dans l’Evangile de Matthieu, en 18. 15 : « Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. S'il t'écoute, TU AURAS GAGNE TON FRERE. » TU auras gagné ton frère… Or, qu’est-ce que « gagner un frère », si ce n’est le convertir (« S'il t'écoute... » ) et le sauver ?
Chaque chrétien a donc le pouvoir de sauver ou de perdre, selon qu’il annonce Jésus-Christ ou s’en abstient. Nous avons, dans la conversion des pécheurs, une part active à prendre, même si cette part serait vaine, bien entendu, si le Christ n’avait pas livré sa vie pour nous. Si le Seigneur nous envoie, c’est pour sauver le monde ! Si nous restons à la maison et ignorons cet appel, le monde ne sera pas sauvé. Voilà pourquoi le Salut des hommes dépend aussi de notre action ; voilà pourquoi nous sommes nous aussi, en un sens, des Sauveurs.
Dès lors : si nous, chrétiens, mais ô combien pécheurs, nous pouvons, par notre prédication ou notre exemple, convertir des âmes – avec les nuances que j’ai apportées plus haut –, à combien plus forte raison la Vierge Marie, par la puissance de sa prière sur le Cœur de Jésus. Marie nous dit qu’elle convertira des pécheurs, en ce sens que : par sa prière, son intercession toute-puissante et ses manifestations sur la terre, elle aura une part active à leur conversion au Seigneur Jésus.
« Ensuite, l’apparition se présente comme la mère de Dieu. Or la Bible nous enseigne que Marie mit l’enfant Jésus au monde, mais elle ne dit nulle part que Marie mit Dieu au monde. »
Mais comme l’enfant Jésus est Dieu, l'un signifie l'autre. Marie est Mère de Dieu, parce qu'elle est la Mère de Jésus qui est Dieu.
D'ailleurs, dans l’Evangile, Elisabeth n’appelle-t-elle pas Marie « la mère de son Seigneur » (cf. Lc 1. 43) ?
« Dieu existe de toute éternité. Il n’a pas de mère, et encore moins une mère humaine. Avec le titre de mère de Dieu, il y a la notion que l’apparition est supérieure à Dieu. Cela laisserait sous-entendre que Marie est supérieure à Dieu, étant la mère de Dieu ! » Mais ce n’est pas ainsi que l’Eglise entend l’expression « Mère de Dieu ».
« (...) le titre suivant que l’apparition se donne vient jeter de la lumière sur son origine. Elle dit être : La reine des cieux. La Bible nous parle 5 fois de la reine du ciel. Mais qu’en dit-elle ? Jérémie 7:18 « Les enfants ramassent du bois, Les pères allument le feu, Et les femmes pétrissent la pâte, Pour préparer des gâteaux à la reine du ciel, et pour faire des libations à d’autres dieux, afin de m’irriter. » La reine du ciel était une idole parmi toutes les autres. Elle était une occasion de chute pour Israël parce qu’elle détournait le peuple de Dieu de Dieu Lui-même. Cette reine du ciel, ou des cieux, est clairement une imposture. »
C’est moins simple qu’il n’y paraît. La reine du ciel dont Ezéchiel parle est une idôle païenne. Elle est dite reine du ciel, comme d’autres sont reine de la terre, reine des eaux, reine du vent, etc… Dire de Marie qu'elle est reine du ciel, c’est dire qu’elle est reine dans le ciel – c'est-à-dire dans le monde de Dieu. Elle n’est pas reine d’un élément du cosmos. Elle est reine dans le Royaume de Dieu – reine du Royaume de Dieu. Et elle est reine parce qu’elle est la Mère du Roi de l’Univers qu’est le Christ – et que la mère du roi est elle-même reine.
Tout ce que Marie reçoit comme grâces et privilèges est toujours, vous le voyez, en relation directe avec son Fils. Marie est Mère de Dieu parce que son Fils est Dieu. Elle est Reine du Ciel parce que son Fils est Roi du Ciel… Affirmer les qualités de Marie, c’est confesser celles du Christ, duquel Marie tient tout ce qu’elle a et tout ce qu’elle est.
« Quatrième remarque : Les apparitions ressemblent à une tromperie du diable, qui est l’ennemi de Dieu.
(…) Satan a la puissance de se déguiser, de se maquiller, de se faire passer pour quelqu’un d’autre. Comme il peut se faire passer pour un être venant de Dieu, un ange de lumière, il a la puissance de se faire passer pour n’importe quelle personne enveloppée d’une lumière éclatante (…). Les apparitions sont un phénomène de la fin des temps où le diable a une activité intense. »
Deux choses ici. Il faut toujours être prudent, en présence d'une manifestation céleste, avant de dire : « C’est du diable ». N’oublions pas en effet que le péché contre l’Esprit – ce terrible péché qui est irrémiscible, selon Jésus – consiste précisément à voir l’action du diable là même où Dieu agit. Bien sûr, la prudence s’exerce aussi dans l’autre sens. Vous dites très justement que le diable a des pouvoirs tout à fait extraordinaires – et qu’il a l’art de se faire passer pour un ange de lumière. Il faut donc discerner. Mais c’est une chose grave de dire d’une action surnaturelle qu’elle vient du diable – surtout lorsqu’elle est confirmée par de nombreux miracles...
Deuxième point important : quelle est la caractéristique des évènements de la fin des temps ? Vous l’avez dit : c’est l’« activité intense » du diable. Mais contre qui cette « activité intense » est-elle dirigée ? Saint Jean nous le révèle dans le livre de l’Apocalypse, au Chapitre 12 : CONTRE la Femme et le reste de sa descendance – les disciples de Jésus. Bien sûr, ce passage s’applique principalement à l’Eglise, dont la Femme est la figure. Mais de cette Femme, nous savons par ailleurs qu’elle « mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer. » (Ap. 12. 5) Il s’agit donc aussi très explicitement de la Vierge Marie. Or, dans son Evangile, Saint Jean évoque Marie en l’appelant la « Femme » ; et il la présente comme la « Mère » des disciples que Jésus aime. Tout se tient donc ! Je vous invite à lire à ce sujet ma série d’article sur ce très important passage de l’Evangile de Jean, au chapitre 19 versets 25 à 27, qui est le fondement biblique du culte marial dans l’Eglise.
« il convient d’ajouter une dernière remarque qui est très importante.
Cinquième remarque : Les apparitions détournent de celui qui nous appelle à ne venir qu’à Lui.
Il faut comprendre que les apparitions de Marie ne sont pas un moyen pour les témoins de se rapprocher de Dieu, mais au contraire de s’en éloigner. Il suffit pour s’en convaincre de regarder les lieux de pèlerinages (Ex Lourdes, La Salette…) où, sans conteste, le personnage principal est Marie, « mère de Dieu ». Tous les regards se tournent vers elle, représentée sous forme de statue. Et les prières montent vers elle, qui pourrait les aider, les guérir, les sauver, ou leur obtenir des grâces particulières. C’est elle que l’on prie et que l’on invoque. C’est elle que l’on remercie et que l’on recherche (…). Les apparitions élèvent Marie et la mettent sur le devant de la scène, chose que ni le Fils ni le Père n’ont voulu (…). C’est vers Jésus que Dieu veut que nous tournions les regards. C’est Lui seul qui doit recevoir nos prières et notre attention. »
Eh bien je me permets de reproduire ici ce que je vous répondais déjà lorsque vous avez soulevé une première fois l’objection.
Marie ne remplace pas Jésus dans sa fonction de Rédempteur universelle – nous sommes sauvés par Jésus, et par Jésus seul. Cela, l'Eglise catholique le professe sans la moindre ambiguïté. Si un croyant pensait le contraire, il serait évidemment dans l'erreur – et invité par la Sainte Eglise à rectifier son rapport à la Sainte Vierge.
Il reste que la Sainte Vierge a un rôle essentiel dans le Plan de Dieu. Sa mission sur la terre est de donner le Christ au monde. C'était vrai au jour de l'Annonciation et à Noël ; cela reste vrai aujourd'hui, quoique d'une autre manière et sous une autre forme.
Nous ne prions pas Marie comme nous prions Jésus. A Jésus, nous demandons le Salut et la Paix. A Marie, nous lui demandons qu'elle veuille bien prier pour nous – et porter notre supplication de pauvre pécheur dans sa prière personnelle au Christ, son Fils. « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort ».