17 novembre 2010 3 17 /11 /novembre /2010 00:00

Texte de la Newsletter n°11 (publiée le 14 novembre 2010) du Groupe Facebook consacré à l'oeuvre de Claude Tresmontant, l'un des plus grands métaphysiciens du siècle passé – qui réfuta magistralement l'athéisme.

 

Pour l’une des trois grandes branches de la métaphysique dans l’histoire de la pensée, le monisme idéaliste (qui se distingue du matéralisme athée et du monothéisme croyant), il existe une seule sorte d’être : l’Esprit. L’univers, le monde matériel, eux n’existent pas (au sens fort du terme) ; ou comme une simple apparence : car la véritable consistance, le véritable Être, l’Être incréé et absolu, c’est l’Esprit (ou le Brahman, ou la Substance, ou l’Un, comme on voudra).

 

Cette tradition métaphysique qui nous vient de l’Inde ancienne et des antiques Upanishad considère le monde matériel dans lequel nous vivons comme le résultat d’une chute de l’Un. Si nous vivons dans un monde où tout est désuni, où l’Un est pulvérisé en une multiplicité d’êtres qui sont autant de parcelles de l’Absolu, c’est qu’il s’est produit un drame à l’intérieur de la Divinité originelle – qui explique pourquoi l’Un n’est pas resté tranquille en lui-même.

 

La théosophie (ou la gnose) veut donner une explication à ce mystérieux évènement qui s’est produit au sein de l’Un – et qui a provoqué sa chute : elle a la « prétention [de] connaître ce qui se passait au sein de l’Être absolu avant la production du monde multiple, indépendamment de cette production » (Claude Tresmontant, Les Métaphysiques principales, p. 201).

 

Le point commun à toutes les gnoses, c’est la pensée que notre monde est le résultat d’une tragédie. Puisqu’à l’origine, il y a l’Un et lui seul, les systèmes gnostiques professent la pré-existence des âmes, leur divinité originelle et leur persistance après la mort ; leur migration de corps en corps, jusqu’à leur retour dans l’Un d’où ils sont issus et dont ils constituent une parcelle. Et puisque dans notre expérience, nous observons une multiplicité d’êtres, la théosophie enseigne la chute de l’Âme originelle dans des corps mauvais, dans un monde mauvais et une matière mauvaise. Pour la gnose et la théosophie, « le mal est antérieur à l’existence concrète puisqu’il en est la cause. Mettre la tragédie à l’origine du monde, c’est l’un des signes, l’un des caractères de la gnose. » (Claude Tresmontant, Les Métaphysiques principales, p. 202 et 203).

 

A l’origine de notre Univers, il n’y a pas, selon la gnose, un Dieu bon et Créateur – mais au contraire, le Mal ; c’est lui qui a enfanté l’univers et tout ce qui le constitue – vous, moi. Le Principe de l’être de l’Univers, c’est le Mal, la division, la guerre, la tragédie. « Cela nous rappelle les antiques mythologies égyptiennes, sumériennes, akkadiennes, babyloniennes, etc. qui nous racontent la genèse des dieux à partir du Chaos originel, et les massacres que les dieux s’infligent les uns aux autres. Le thème théogonique issu de ces antiques mythologies se retrouve dans la Kabbale – qui est la gnose habillée de théologie hébraïque » (Claude Tresmontant, Les Métaphysiques principales, p. 202, 203 et 208).

 

Hegel reprendra ces thèmes théosophiques en 1807 dans sa « Phénoménologie de l’Esprit » qui retrace « la genèse tragique de l’Absolu qui ne se réalise, qui n’accède à la conscience de Soi, à sa vérité, qu’en passant par le déchirement, l’exil, l’aliénation que constitue pour lui la production du monde, nécessaire à sa propre genèse » (Claude Tresmontant, Les Métaphysiques principales, p. 209).

 

Le philosophe allemand Schelling, nourri de la Kabbale dans sa jeunesse, enseignera que  « lorigine du monde sensible nest pensable que comme une rupture intégrale par rapport àl’Être absolu, par un saut. Cest au sens propre une catastrophe. Le fondement des choses de notre expérience sensible ne peut consister que dans un éloignement, une chute par rapport à lAbsolu. Lorigine du monde sensible ne résulte pas dune Création, comme un don positif issu de lAbsolu, mais bien au contraire dune chute à partir de lAbsolu. Lunivers physique nest [donc] quun accident par rapport à lAbsolu. » (Claude Tresmontant, Les Métaphysiques principales, p. 192).

 

 

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Publié par Matthieu BOUCART -
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