19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 08:55

Texte de la Newsletter n°5 (publiée le 14 mai 2010) du Groupe Facebook consacré à l'oeuvre de Claude Tresmontant, l'un des plus grands métaphysiciens du siècle passé – qui réfuta magistralement l'athéisme.

 

Pour la métaphysique idéaliste – considérée à tort comme la seule métaphysique – le monde matériel est une illusion, une apparence, car seul existe (au sens fort du terme) l’Un ou le Brahman. Dans cette grande tradition moniste et acosmique qui nous vient de l’Inde ancienne, et dans laquelle s’inscrivent Plotin, Spinoza et Fichte, c’est le Brahman (ou l’Un, ou la Substance) qui est l’Être, l’être absolu, le seul Être. Il est incréé et il est seul. La multiplicité des êtres – ainsi que les devenir, les genèses et les morts – ne sont que des apparences, des illusions.

 

Le postulat de départ pour Spinoza (nous avons vu que le propre de l’idéalisme, c’est de raisonner a priori selon une méthode déductive qui déploie dans le réel les conséquences du principe posé arbitrairement au départ), c’est qu’une substance ne peut produire une autre substance (« una substantia non potest produci ab alia substantia »). Par conséquent, « dans la nature des choses, il n’y a qu’une seule Substance et celle-ci est absolument infinie. A part Dieu, il n’y a pas et on ne peut concevoir aucune substance. » Puisque la substance est unique, la Création d’une pluralité de substance est impensable. L’idée même de Création est impensable. « Rien de plus absurde ne peut être conçu », nous dit Spinoza.

 

Dès lors, si l’Un seul existe ; si la multiplicité des êtres est une illusion ; si la Création des êtres multiples est impensable ; il résulte que les êtres apparemment multiples qui composent notre univers sont l’Un lui-même, ou la Substance, ou la Nature, ou… Dieu, selon le nom que l’on veut bien donner à l’Être unique existant. Ce qui signifie que l’univers lui-même est divin ; que le cosmos tout entier et tout ce qui le compose sont une émanation de l’Un. « C’est, écrit Plotin, un rayonnement qui est issu de l’Un. C’est comme la lumière qui est issue du soleil ; elle est engendrée éternellement hors du soleil. Toutes les choses qui sont, de leur propre substance produisent une existence nécessaire. Par exemple, le feu engendre la chaleur. La neige ne garde pas son froid. Ce sont surtout les choses odoriférantes qui attestent de cette vérité. Quelque chose s’avance en sortant d’elles. Ce qui est éternellement engendre éternellement et engendre une chose éternelle. Et il engendre quelque chose qui est moindre que lui. »

 

« Pour Plotin et Spinoza, seul l’Un existe en réalité, la Substance est unique et la multiplicité apparente des êtres résulte d’une nécessité inhérente à la nature de l’Un ou de l’Unique Substance. » (Claude Tresmontant, Les Métaphysiques principales, p. 178). Dès lors, « le suprême Brahman, Atman universel, grande demeure de ce qui existe, plus subtil que le subtil, constant, il est en toi, en vérité, et toi, en vérité, tu es lui ! » (Kaivalyopanisad, 16). Il n’y a donc pas à rechercher ailleurs qu’en nous-mêmes l’Absolu de l’Être, puisque l’Absolu, nous le sommes ! « De même que d’un feu flambant, jaillissent par milliers des étincelles de même nature, de même, mon cher, de l’Impérissable naissent les êtres divers, et c’est en lui aussi qu’ils retournent. » (Mundaka Upanishad, II, 1)

 

Toutes les âmes individuelles sont donc, quant à leur essence, identiques à Brahman et identiques entre elles. « Si l’univers lui-même est divin, éternel et incréé, éternel dans le passé et éternel dans l’avenir, inusable, impérissable – il est tout naturel de supposer que l’âme humaine est elle aussi incréée, et donc divine » (Claude Tresmontant, op. cit, p. 171) – et donc éternelle dans le passé et dans l’avenir, inusable et impérissable. Pas plus qu’elle n’a pu naître, l’âme humaine ne peut mourir. « L’Atman ne naît ni ne meurt. Il ne vient de nulle part et ne devient personne. Non né, permanent, constant, primordial, il n’est pas détruit quand le corps est détruit. »  Aussi : « Si le tueur croit qu’il tue, si le tué croit qu’il est tué, ni l’un ni l’autre n’ont la vraie connaissance : celui-ci n’est pas tué, [l’autre] ne tue pas. » (Katha Upanishad, II, 18) CQFD…

 

Nous verrons prochainement les deux grands problèmes que pose cette métaphysique moniste sur le plan de la raison.

 

 

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Publié par Matthieu BOUCART -
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