3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 09:06

Texte de la Newsletter n°3 (publiée le 28 février 2010) du Groupe Facebook consacré à l'oeuvre de Claude Tresmontant, l'un des plus grands métaphysiciens du siècle passé - qui réfuta magistralement l'athéisme.

Il existe deux grandes manières de philosopher… mais une seule est considérée comme la « bonne » et enseignée dans les universités. C’est la métaphysique qui consiste à partir de
soi, du « je pense », du « cogito » ; de principes posés a priori. De ces principes, on tirera un certain nombre de conséquences sur le réel et les lois physiques qui le régissent. Le philosophe idéaliste procède par déduction et reconstruction à partir de lui-même, de sa pensée, de ses conceptions, de ses intuitions.

Cette métaphysique
a priori, déductive, fut celle de Descartes et de toute la philosophie moderne après lui. Mais elle vient en réalité de bien plus loin que Descartes : de Parménide et de Platon.

Parménide (5
e siècle av. J-C) considérait (avec raison) que l’Univers ne peut jaillir du néant – parce que le néant ne peut produire aucun être. Il en tirait (à tort) la conclusion que l’Univers ne peut comporter ni commencement ni fin, ni subir la moindre modification, la moindre évolution. L’univers parménidien est éternel dans le passé et dans l’avenir ; stable et immuable ; sans changement. Si la réalité observée vient à dévoiler quelque modification dans l’être de l’Univers, cela ne peut être que le fait d’une apparence. Or, nous dit Parménide, les apparences sont trompeuses ; le devenir, les genèses, les naissances, les morts appartiennent au monde de l’illusion. Parménide est donc le vrai père de l’idéalisme puisque, selon lui, l’univers perçu dans l’expérience n’est pas la vraie réalité ; il n’est qu’un mirage.

Après lui, le platonisme et le néoplatonisme professeront que le monde de la matière et des corps est un monde
irréel, une apparence, une ombre ; et qu’il convient de se détourner de cette image pour entrer dans le monde des Idées qui est hors de ce monde-ci, séparé, ailleurs.

Des siècles plus tard, dans le sillage de Descartes (17
e siècle), Emmanuel Kant (18e siècle) développera l’idée que la Nature, en elle-même, n’est pas informée ; et que si nous trouvons de l’intelligible dans notre expérience, c’est que le sujet connaissant l’y a mis. « Le monde est ma représentation » dira encore Schopenhauer (19e siècle) ; et si les faits viennent contredire cette représentation, c’est qu’ils ont tort. Forcément.

Telle fut la doctrine de Plotin, Spinoza, Fichte, Schelling, Hegel :
« Ce que tu dis, ô Concupiscence, qu’il y a des substances distinctes ; cela, je te le dis, est faux. Car je vois clairement qu’il y en a une Unique, laquelle subsiste par elle-même » (Spinoza, Court Traité, 1ère partie). Si l’expérience nous révèle que des êtres nouveaux – qui ne préexistent en aucune manière – se mettent à exister, c'est qu'elle est dans l’erreur (forcément), puisque la Nature est (selon le postulat de départ) un système fixe et éternel.

Pour promouvoir la métaphysique moniste, idéaliste et acosmique, il faut donc
nier l’expérience, la récuser, la déclarer illusoire. « Tout le système de Spinoza se développe ou se déploie d’une manière déductive et a priori à partir des définitions posées au tout début de l’Ethique. Non seulement le système n’a aucune base expérimentale, mais lorsqu’il rencontre l’expérience, c’est l’expérience qui a tort. Le système vous dit que la Nature est un système éternel, fixe, constant, immuable. L’expérience vous dit le contraire. C’est l’expérience qui a tort (…). L’expérience a tort contre la Raison et contre la Logique du système (…). Nous observerons qu’à la suite de Spinoza, les maîtres de l’idéalisme allemand vont utiliser cette même méthode a priori, déductive. On procède à partir du Moi absolu, dès lors que l’on sait qu’au fond, le JE individuel est identique au MOI absolu » (Les Métaphysiques principales, F-X. de Guibert, page 191).

On comprend mieux ainsi l’ire des scientifiques à l’égard de toute métaphysique – puisque la métaphysique idéaliste est considérée (à tort) comme la seule métaphysique : le divorce entre la science et la métaphysique était dès lors inéluctable.


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Publié par Matthieu BOUCART -
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