3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 17:42

Suite de la lettre apostolique du Pape Jean-Paul II sur le sens chrétien de la souffrance humaine (Salvifici Doloris, le 11 février 1984).

 

26. Si le premier grand chapitre de l'Evangile de la souffrance est écrit au cours des générations par ceux qui souffrent des persécutions pour le Christ, en même temps que lui un autre grand chapitre de cet Evangile se déploie tout au long de l'Histoire. Il est écrit par tous ceux qui souffrent avec le Christ, en unissant leurs souffrances humaines à sa souffrance salvifique. En eux s'accomplit ce que les premiers témoins de la Passion et de la Résurrection ont dit et ont écrit à propos de la participation aux souffrances du Christ. En eux, par conséquent, se réalise l'Evangile de la souffrance, et en même temps, d'une certaine façon, chacun d'eux continue à l'écrire ; chacun l'écrit et le proclame au monde, l'annonce à son propre milieu de vie et à ses contemporains.

 

A travers les siècles et les générations humaines, on a constaté que dans la souffrance se cache une force particulière qui rapproche intérieurement l'homme du Christ, une grâce spéciale. C'est à elle que bien des saints doivent leur profonde conversion, tels Saint François d'Assise, Saint Ignace de Loyola, etc. Le fruit de cette conversion, c'est non seulement le fait que l'homme découvre le sens salvifique de la souffrance, mais surtout que, dans la souffrance, il devient un homme totalement nouveau. Il y trouve comme une nouvelle dimension de toute sa vie et de sa vocation personnelle. Cette découverte confirme particulièrement la grandeur spirituelle qui, dans l'homme, dépasse le corps d'une manière absolument incomparable. Lorsque le corps est profondément atteint par la maladie, réduit à l'incapacité, lorsque la personne humaine se trouve presque dans l'impossibilité de vivre et d'agir, la maturité intérieure et la grandeur spirituelle deviennent d'autant plus évidentes, et elles constituent une leçon émouvante pour les personnes qui jouissent d'une santé normale.

 

Cette maturité intérieure et cette grandeur spirituelle dans la souffrance sont certainement le fruit d'une conversion remarquable et d'une coopération particulière à la grâce du Rédempteur crucifié. C'est lui-même qui agit au vif des souffrances humaines par son Esprit de vérité, son Esprit consolateur. C'est lui qui transforme, en un sens, la substance même de la vie spirituelle, en donnant à la personne qui souffre une place à côté de lui. C'est lui – comme Maître et Guide intérieur – qui enseigne à ses frères et à ses soeurs qui souffrent cet admirable échange, situé au coeur même du mystère de la Rédemption. La souffrance, en soi, c'est éprouver le mal. Mais le Christ en a fait le fondement le plus solide du bien définitif, c'est-à-dire du bien du Salut éternel. Par ses souffrances sur la Croix, le Christ a atteint les racines mêmes du mal, c'est-à-dire celles du péché et de la mort. Il a vaincu l'auteur du mal qu'est Satan, et sa révolte permanente contre le Créateur. A ses frères et sœurs souffrants, le Christ entrouvre et déploie progressivement les horizons du Royaume de Dieu : un monde converti à son Créateur, un monde libéré du péché et qui se construit sur la puissance salvifique de l'amour. Et, lentement mais sûrement, le Christ introduit l'homme qui souffre dans ce monde qu'est le Royaume du Père, en un sens à travers le cœur même de sa souffrance. La souffrance, en effet, ne peut être transformée par une grâce venant du dehors, mais par une grâce intérieure. Le Christ, de par sa propre souffrance salvifique, se trouve au plus profond de toute souffrance humaine et peut agir de l'intérieur par la puissance de son Esprit de vérité, de son Esprit consolateur.

 

Et ce n'est pas tout : le divin Rédempteur veut pénétrer dans l'âme de toute personne qui souffre par l'intermédiaire du coeur de sa très sainte Mère, prémices et sommet de tous les rachetés. Comme pour prolonger cette maternité dont il avait reçu la vie par l'oeuvre du Saint-Esprit, le Christ, au moment de mourir, a conféré à Marie toujours Vierge une maternité nouvelle – spirituelle et universelle – à l'égard de tous les hommes, afin que chacun, dans le cheminement de la foi, Lui reste, avec elle, étroitement uni jusqu'à la Croix et que toute souffrance, régénérée par la force de cette Croix, de faiblesse de l'homme qu'elle était, devienne puissance de Dieu.

 

Mais un tel processus intérieur ne se développe pas toujours de la même manière. Bien souvent il commence et il s'établit avec difficulté. Déjà le point de départ est différent : c'est avec des dispositions différentes que les hommes abordent leur souffrance. On peut cependant affirmer d'emblée que chaque personne entre presque toujours dans la souffrance avec une protestation tout à fait humaine et en se posant la question : « pourquoi ? ». Chacun se demande quel est le sens de la souffrance et cherche une réponse à cette question au plan humain. Il adresse certainement maintes fois cette interrogation à Dieu, et il l'adresse aussi au Christ. En outre, la personne qui souffre ne peut pas ne point remarquer que celui auquel elle demande une explication souffre Lui-même et qu'Il veut lui répondre de la Croix, du plus profond de sa propre souffrance. Pourtant, il faut parfois du temps, et même beaucoup de temps, pour que cette réponse commence à être perçue intérieurement. Le Christ, en effet, ne répond ni directement ni de manière abstraite à cette interrogation humaine sur le sens de la souffrance. L'homme entend sa réponse salvifique au fur et à mesure qu'il devient participant des souffrances du Christ.

 

La réponse qui vient ainsi dans cette participation, tout au long de la rencontre intérieure avec le Maître, est à son tour quelque chose de plus que la simple réponse abstraite à la question sur le sens de la souffrance. Elle est en effet, par-dessus tout, un appel. Elle est une vocation. Le Christ n'explique pas abstraitement les raisons de la souffrance, mais avant tout il dit : « Suis-moi »! Viens! Prends part avec ta souffrance à cette oeuvre de Salut du monde qui s'accomplit par ma propre souffrance! Par ma Croix! Au fur et à mesure que l'homme prend sa croix, en s'unissant spirituellement à la Croix du Christ, le sens salvifique de la souffrance se manifeste davantage à lui. L'homme ne découvre pas cette signification au niveau humain, mais au niveau de la souffrance du Christ. Mais, en même temps, de ce plan où le Christ se situe, ce sens salvifique de la souffrance descend au niveau de l'homme et devient en quelque sorte sa réponse personnelle. C'est alors que l'homme trouve dans sa souffrance la paix intérieure et même la joie spirituelle.

 

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Publié par Matthieu BOUCART -
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