11 septembre 2011 7 11 /09 /septembre /2011 14:13

DiableUn lecteur m’envoie un message en privé et me dit : « Si Dieu a fait l'homme a son image, alors on peut dire que Dieu est le Diable. »

 

En effet, quand on observe le monde et les atrocités dont l’homme peut se rendre coupable (les guerres, les meurtres, les viols, les tortures…) – spécialement en ce jour anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 – il y a de quoi s’interroger sur cette image et cette ressemblance de Dieu. Ce que nous donne à contempler l’homme aujourd’hui ressemble davantage, par bien des aspects, à l’idée qu’on se fait du Diable…

 

Mais… il faut lire la Bible en son entier, et ne pas s’arrêter à son premier chapitre! Car il est évident que l’homme tel qu’il est aujourd’hui n’est pas l’homme tel qu’il est sorti des mains de Dieu ; et que le monde dans lequel nous vivons n’est pas le monde tel qu’il est sorti des mains de Dieu.

 

La Bible affirme certes qu’à l’origine, Dieu créa l’homme « à son image et à sa ressemblance » (Gn 1. 26). C’est là la grande affirmation du premier chapitre du Livre de la Genèse. La Création de l’univers – et de tout ce qui le constitue – est jugée « bonne » par le Créateur (« Dieu vit que cela était bon » répète l’Ecriture par 6 fois dans ce passage !). Et après la création de l’homme et de la femme, Dieu, contemplant l’ensemble de son œuvre, la considère même « très bonne » (Gn 1. 31).

 

Ceci posé : la Bible nous raconte ensuite – de manière imagée – un mystérieux évènement qui s’est produit à l’aube des temps, et qui a plongé l’homme et l’ensemble de la Création dans ce que Saint Paul appelle le « pouvoir du néant » (cf. Rm 8. 20) : cet évènement, c’est celui que la Tradition catholique appelle le « péché originel ».

 

Ce péché des origines n’est pas d’abord le fait de l’homme, mais celui du Diable : « c’est par l’envie du Diable que la mort est entrée dans le monde » (Sg 2. 24).

 

Le péché originel, commis par nos premiers parents sous la séduction de Satan, c’est lui qui a introduit le mal dans le monde, ainsi que la souffrance et la mort – non pas Dieu! « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants » (Sg 1. 13)

 

Depuis lors, l’homme et la Création tout entière sont comme « cassés », « abimés », « livrés » au « pouvoir du néant », aux forces du mal, aux puissances de la mort.

 

Leur bonté originelle cependant n’a pas été complètement détruite, annihilée. L’homme reste fondamentalement « image et ressemblance de Dieu »  capable de faire le bien, de reconnaître le vrai, de produire et de contempler le beau ; d’aimer, de prier… – ; c'est même ce qui fonde sa dignité particulière parmi tous les êtres de la terre. Mais cette image est brouillée, et la ressemblance altérée

 

Dieu ne s’est pas résolu à cela : il a envoyé son Fils dans le monde pour ressaisir l’ensemble de la Création, la réconcilier avec Lui, et l’arracher pour toujours à l’emprise des ténèbres.

 

C’est en Jésus-Christ, mort et ressuscité pour notre Salut, que l’humanité retrouve sa beauté originelle (qui resplendit dans la personne même du Christ) – plus encore : qu’elle est promise à la divinisation. « Dieu s’est fait homme, disait Saint Irénée, pour que l’homme devienne Dieu. »

 

Telle est la destinée de l’homme : non pas l’anéantissement et la nuit de la tombe ; mais la glorification de tout son être, corps et âme, dans la lumière de Dieu. Saint Paul annonce une « métamorphose » à venir de l’homme – comparable à la transformation de la chenille en papillon. L’homme pécheur sera transformé de telle manière qu’il ne puisse plus jamais pécher – non par une réduction de sa liberté, mais au contraire, par le don d’un surcroît de liberté (Jésus nous révèle à ce sujet que « tout homme qui commet le péché est esclave du péché » – Jn 8. 34) ; par une participation à la liberté même de Dieu.

 

Nous serons alors – lorsque Dieu sera « tout en tous » (cf. 1 Co 15. 28) – « image et ressemblance » parfaite de Dieu, à un degré tel que nos premiers parents eux-mêmes n’ont pas connus à l’origine.

 

Le Diable, quant à lui, « homicide dès l’origine » (cf. Jn 8. 44), sera jeté au feu éternel – avec tous ceux qui auront pris son parti (cf. Mt 25. 41).

 

C’est pourquoi : il n’y aura plus de mal, ni de souffrance, ni de mort dans le Royaume de Dieu où nous vivrons éternellement (cf. Ap 21. 4). La Création aura alors atteint son plein accomplissement, son plein achèvement – elle sera parvenue au terme de sa croissance, selon le Plan de Dieu.

 

Tout cela peut paraître irréel à certains ; un conte de fée – trop beau pour être vrai. Mais la vie de l’Eglise et l’expérience des saints, ainsi que les manifestations, ici et là, du Royaume, quelque 2000 ans après la venue du Christ (sur les lieux d’apparitions par exemple), attestent que notre monde est habité d’une puissance de transformation en action, dont nous pouvons voir les prémisses.

 

En conclusion, et pour rebondir sur la phrase de notre lecteur, je dirais : « Si Dieu a fait l'homme a son image, alors… on peut dire que cette image a grandement besoin d’être restaurée dans le Christ ! »

 

Ce qui est toujours possible grâce aux sacrements de l'Eglise (baptême, confession...), et à la conversion du cœur (qui est, littéralement : un retournement à 180° vers Dieu).

 

« Tournez-vous vers moi, tous les lointains de la terre, dit le Seigneur, et vous serez sauvés. » (Is 45. 22)

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

B
Bonjour.<br /> <br /> J'aime beaucoup ce que vous faites. Je me posais une question dernièrement, et considérant votre culture indiscutablement plus dense que la mienne conçernant l'apologetique catholique et tout ça, je me suis dis que vous pourriez m'aider à y réfléchir. <br /> <br /> Voilà, le libre arbitre est une propriété de l'Homme et des anges. Satan s'est révolté contre Dieu en exerçant ce libre arbitre, Adam et Eve ont fait de même par la suite. Ce que je voulais savoir c'est si dans le royaume que Jésus-Christ va inaugurer à la fin des temps, l'Homme aura toujours la possibilité de se révolter contre Dieu en exerçant ce libre arbitre? Comment comprendre l'assurance que le péché et donc la mort disparaîtra avec la Parousie si l'Homme conserve son libre arbitre et donc la possibilité de se révolter contre Dieu par la suite? Je ne sais pas si je suis très clair ....<br /> <br /> Merci d'avance, et encore félicitations pour le travail que vous abattez avec ce blog.
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