6 octobre 2010 3 06 /10 /octobre /2010 17:42

Texte de la Newsletter n°10 (publiée le 3 octobre 2010) du Groupe Facebook consacré à l'oeuvre de Claude Tresmontant, l'un des plus grands métaphysiciens du siècle passé – qui réfuta magistralement l'athéisme.

 

Les philosophes qui professent que l’Univers physique n’est qu’une apparence, une illusion (Maya) – que seul l’Un (Brahman) existe, sans commencement ni genèse ni évolution ; ces philosophes sont confrontés à une difficulté qui leur faut surmonter : il leur expliquer la raison d’être de cette illusion et de cette apparence que sont les êtres multiples composant l’univers.

 

Pour la métaphysique moniste, il n’y a qu’un seul être : l’Absolu. Tous les êtres que nous observons autour de nous – tous les êtres que nous sommes – n’existent pas en tant qu’êtres : ils sont les manifestations apparentes du seul être existant : le Divin. La chaise sur laquelle je suis assis est une parcelle de cette divinité, de même que la bière que je bois, et… moi-même. Tout l’Univers est divin, puisque son essence n’est pas matérielle – contrairement aux apparences – mais divine, puisque seul l’Un, le Divin, l’Absolu, le Brahman existe vraiment.

 

L’Absolu donc, tous, nous le sommes. « Le problème est (...) de savoir comment il se fait que nous l’ayions oublié, que nous ne le sachions pas en naissant, qu’il nous faille l’apprendre et le découvrir, et que peu nombreux sont ceux qui parviennent à cette connaissance de l’identité réelle, ontologique, de tous les êtres, à l’Un ; qu’il faille un maître pour y parvenir » (Claude Tresmontant, in Les Métaphysiques principales, Ed. François-Xavier de Guibert, p. 165).

 

« De l’existence de ce 'moi' il faut rendre compte, et si l’on nous affirme que ce 'moi' individuel est, par sa racine ontologique, identique au 'moi' absolu, à l’Absolu lui-même, il restera à expliquer par quel malheur, par quelle chute s’explique le fait que la plupart d’entre nous ne savent pas qu’ils sont l’Absolu unique : ils ont oublié leur essence divine, et il est nécessaire qu’un gourou, un brahmane, un docteur gnostique, un Plotin, un Spinoza ou un Fichte, vienne leur enseigner ce qu’ils sont sans le savoir, ce qu’ils n’ont jamais cessé d’être : l’Un, l’Absolu. Il reste toujours, dans ces métaphysiques, à expliquer cette chute, cette aliénation, cette modification de l’unique substance, cet oubli étrange, cette illusion tenace qu’imposent la multiplicité et la diversité de notre expérience objective. » (Claude Tresmontant, in Comment se pose aujourd’hui le problème de l’existence de Dieu, Livre de Vie, p. 51-52).

 

Partir du présupposé que l’Univers est une illusion, que seul le Divin existe, c’est affirmer que l’Univers et le Divin ne font qu’UN, en dépit des apparences. La théorie de l’identité ou de la non-dualité est le dogme principal de la doctrine des Upanishad ; l’âme individuelle est identique à l’âme universelle. Je suis, moi, le Divin – et le Divin est moi. Je suis donc éternel : j’existais avant de naître – c’est le mythe de la préexistence de l’âme et de sa divinité originelle ; et j’existerai encore après ma mort : « Comme lorsqu’est détruite une jarre qui enferme l’espace, la jarre est détruite mais non l’espace, ainsi en est-il pour le Jivâ [l’âme incorporée] comparable à la jarre. » (Brahmabindupanisad, 8).

 

« Si l’Univers lui-même est divin, éternel et incréé, éternel dans le passé et éternel dans l’avenir, inusable, impérissable, il est tout naturel de supposer que l’âme humaine est elle aussi incréée, et donc divine. Puisque l’expérience malheureusement ne répond pas ou ne correspond pas exactement à ce mythe originaire [puisque nous faisons l’expérience de nos limites, de la souffrance et de la mort], on est obligé d’ajouter un deuxième mythe : le mythe de la chute des âmes », de l’individuation du Brahman dans la matière brute qui est la conséquence d’une chute, d’une descente dans les corps matériels. « Et un troisième mythe : le mythe du passage des âmes de corps en corps, jusqu’à ce qu’elles parviennent à leur libération définitive » (Claude Tresmontant, in Les Métaphysiques principales, Ed. François-Xavier de Guibert, p. 171).

 

La métaphysique moniste nous conduit donc de mythes en mythes, et irrésistiblement, à la théosophie.

 

 

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Publié par Matthieu BOUCART -
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