9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 17:50

Chers amis lecteurs,

 

J’avais entrepris l’année dernière de créer une rubrique « Bible » et d’envisager un partage fraternel avec vous autour des 11 premiers chapitres du Livre de la Genèse.

 

Et puis… je me suis lancé dans une introduction un peu trop longue qui m’a valu des réactions auxquelles je souhaitais répondre de manière détaillée. Et en définitive, je me suis embourbé…

 

Alors, je vais sans doute reprendre le fil de cette introduction, qui est capitale pour disposer des quelques repères utiles pour bien lire l’Ecriture. Mais je vous invite sans tarder à commencer notre partage biblique. Sans quoi, nous ne le débuterons jamais…

 

Prenons donc notre Bible, et ouvrons-là à la première page – au Livre de la Genèse, chapitre 1.

 

La première parole que nous pouvons lire est : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » (Gn 1. 1). Nous allons prendre le temps de méditer ensemble ce premier verset. Et réfléchir aujourd’hui particulièrement sur l’expression « Au commencement » (« Be reshit » en hébreu, qui donne son titre au livre de la Genèse en sa version hébraïque).

 

Au commencement…

 

La tentation pourrait être grande de voir dans cette notion de commencement une mention principalement d’ordre chronologique. Peut-être la notion de « commencement » implique-t-elle aussi un commencement chronologique – sans doute même, puisque Dieu est en dehors du temps : il est « éternel » (sans commencement ni fin) ; tandis que la Création a un commencement et une fin ; le temps lui-même, au sens où nous l’entendons, est créé (ainsi que le texte lui-même le suggère par la succession des évènements de la Création se déployant par étapes successives, selon un processus évolutif à l’origine duquel il y a Dieu – qui, Lui, par contraste, est sans changement). Il y a donc véritablement un commencement du temps, qui marque le début de l’histoire du cosmos, de la vie, et de l’aventure humaine – et avant lequel, il n’y avait pas de temps. Voilà pourquoi il est vain de se demander ce que Dieu pouvait faire « avant » la Création, puisque par définition, il n’y avait pas « d’avant »…

 

« Pourquoi, demanderons certains, le Dieu éternel a-t-il voulu, un beau jour, faire le ciel et la terre qu’il n’avait pas fait auparavant ? Vous nous demandez pourquoi Dieu n’a pas fait le monde « avant », mais nous pourrions aussi bien vous demander pourquoi il ne l’a pas fait « ailleurs » » (St Augustin, « La Cité de Dieu », XI, 5).

 

Cependant... le « commencement » en Gn 1. 1 ne désigne pas d’abord le commencement temporel du monde ; il renvoie plus profondément et plus essentiellement à l’origine ontologique du monde, qui est Dieu.

 

 Il nous faut introduire ici une distinction importante entre la notion de « Création » et la notion de « commencement » (au sens temporel). « Dire que l’univers a commencé, ce n’est pas encore dire qu’il ait été créé. De même, dire que l’univers est éternel, ce n’est pas dire qu’il soit incréé » (Claude Tresmontant). Dieu existant de toute éternité, on peut parfaitement concevoir qu’il créé de toute éternité – que l’œuvre de la Création soit éternelle du fait même de l’éternité de son Créateur. Inversement, si notre univers commence d’être, il le doit peut-être à un autre univers auquel il succède, selon des processus physico-chimiques qui ne doivent rien à un être surnaturel. La seule vérité sur laquelle on peut s’appuyer fermement, et qui fait l’unanimité depuis l’aube des temps, dans toutes les écoles de pensée : c’est que l’univers ne peut commencer spontanément de lui-même, sans cause. Parce que le néant ne peut pas produire l’être ; et que ce serait folie de le penser. D’ailleurs, personne ne l’a jamais pensé…

 

Dès lors : OU bien l’univers provient d’une source naturelle ; OU bien l’univers a une cause surnaturelle.

 

La Bible, en ce premier verset du Livre de la Genèse, affirme que l’univers vient de Dieu ; qu’il est « créé » ; qu’il dépend ontologiquement de Dieu puisqu’il reçoit son être de Dieu. L’univers n’a donc pas sa raison d’être en lui-même, ni dans aucune autre cause naturelle ; il a sa raison d’être en Dieu. Et quand bien même notre univers proviendrait d’un autre univers, qui lui-même proviendrait d’un autre univers… dans une chaîne ininterrompue d’univers, cela ne changerait rien. Pour notre auteur, ultimement (non pas nécessairement chronologiquement, je le répète, mais ontologiquement), notre univers vient de Dieu : au commencement, à la source, à la racine même de l’être de notre univers (qu'il soit éternel ou pas), il y a Dieu. Enlevez Dieu, et l’univers ne peut pas être. C’est Dieu qui se trouve « au commencement » du monde. Sans Dieu, le monde ne pourrait pas exister. Sans Dieu, JE ne pourrais pas exister…

 

« Ni récit ni reportage, ce texte ne prétend nullement être scientifique et il ne faut pas se méprendre sur le sens des premiers mots : « au commencement ». L’auteur ne prétend pas décrire un fait historique. Il médite sur la relation entre Dieu et l’humanité. Pour lui, l’Origine (le Commencement) de toutes choses est Dieu : c’est un poète qui parle, c’est surtout un croyant, ce n’est pas un savant. En revanche, il est porteur d’un message théologique très important » (Marie-Noëlle Thabut).

 

« Dans le Principe, Dieu créa le ciel et la terre. Quel est le Principe de tout, sinon notre Seigneur Jésus-Christ, le Sauveur de tous, le Premier-né de toute créature ? Dans le Principe, c’est-à-dire dans son Verbe, Dieu fit le ciel et la terre, comme Saint Jean le dit au début de son Evangile : Au principe était le Verbe, et le Verbe était face à Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au Principe en Dieu. Tout a été fait par lui, et sans lui rien n’a été fait. L’Ecriture ne désigne ici aucun début temporel, mais elle dit que dans le Principe, c’est-à-dire dans le Sauveur, ont été faits le ciel, la terre, et tout ce qui a été fait » (Origène, Hom 1 sur la Gn).

 

L’univers n’est donc pas l’Être par excellence ; il n’est pas auto-suffisant ; il ne s’est pas auto-créé ; il n’est pas divin. Tout son être, il le reçoit d’un autre Être que lui, qui est plus grand que lui, et qui, Lui, est vraiment divin ; cet Être que l’auteur biblique appelle dans ce même verset : « Dieu ».

 

 C’est sur le mot « Dieu » que nous réfléchirons la prochaine fois. 

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Publié par Matthieu BOUCART -
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M


Bonjour Matthieu, je laisse juste un commentaire et repasserais plus tard. En Christ.



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T


C'est drôle... Enfin, drôle n'est peut-être pas le terme exact, mais... J'ai justement eu un cours d'hébreu aujourd'hui, et avec mes camarades nous étudions le livre de la Genèse (en 8 cours nous
avons réussi à travailler, lire, traduire 25 versets ! on voit que nous sommes de grands débutants).


A vrai dire, on ne se pose pas la question de savoir si Dieu était là ou non, s'il a commencé quelque chose ou pas, si l'univers pouvait exister sans Dieu ou que sais-je... Nous savons que ce
texte est une allégorie, et nous nous attachons davantage aux jeux de mots (c'est incroyable ce que l'hébreu peut être riche pour ça !), aux sens cachés, aux subtilités que les auteurs ont
peut-être, ou pas, voulu faire passer... Aux significations théologiques voire dogmatiques que cela peut cacher ou engendrer...


Merci de reprendre cette série sur la Bible !



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