2°) Sur la vérité du monothéisme
Nous avons admis que Dieu existe, puisque notre raison elle-même le postule, les deux autres options alternatives n’étant pas philosophiquement crédibles.
Maintenant : comment faire mon choix parmi toutes les religions existantes ? Je crois que Dieu existe – je l’admets désormais –, mais je sais aussi qu’il existe une multitude de religions sur le « marché » : laquelle donc choisir ? L’hindouisme, le bouddhisme, l’islam, le christianisme… ? Laquelle dit vraie ? A laquelle puis-je me fier ? Sur laquelle puis-je fonder avec confiance mon existence ? Est-il simplement possible de le savoir ?...
Là encore, je dirais que notre raison peut nous être d’un précieux secours. L’option en faveur de la raison nous permet d’écarter en effet les traditions religieuses pour lesquelles l’univers physique n’est qu’une apparence, une illusion, seul le Brahman existant (ou l’Un de Plotin, ou l’Unique Substance de Spinoza…). Nous savons, nous, que l’univers existe ; nous croyons en tous les cas en son existence, ainsi que dans la recherche scientifique qui en explore le contenu : ce n’est donc pas une illusion. Pour croire en ces religions dont on trouve l’expression dans l’Inde ancienne, il faudrait renoncer à la raison. Tel n’est pas, je crois, l’objet de ta démarche, Christophe : tu n’as pas l’intention de renoncer à la raison. Eh bien, sois sans crainte : moi non plus…
Nous pouvons écarter également les religions qui tendent à diviniser la matière, rien de ce que nous pouvons observer de celle-ci n’accréditant en quoi que ce fut la thèse d’une quelconque sacralité de la nature… Nous savons par exemple que les étoiles ne sont pas des divinités, mais une masse d’hydrogène se transformant progressivement et irréversiblement en hélium…
De même encore, en l’état actuel des connaissances scientifiques, il ne me paraît plus possible d’assumer une cosmologie qui présuppose l’éternité de l’univers, ou bien des cycles successifs d’univers… La charge de la preuve incomberait immanquablement à ceux qui maintiendraient contre toute évidence de telles conceptions.
Entendons-nous bien : on peut dire tout et n’importe quoi si l’on veut, mais il me semble tout de même – sans vouloir offenser quiconque – que l’intelligence humaine ne peut croire avec fermeté et certitude que ce qu’elle peut vérifier par elle-même – au moins partiellement – dans la réalité objective.
On le voit : un jugement simplement rationnel permet d’élaguer beaucoup la difficulté posée par la pluralité des religions, les seules traditions religieuses paraissant tenir la route aujourd’hui sur le plan de la raison étant celles qui restent compatibles avec ce que les sciences positives nous enseignent de notre univers et de son histoire, qui comporte - rappelons-le - un commencement, un déploiement progressif et irréversible – une Evolution – selon un mode de croissance toujours ascensionnelle du « moins » vers le « plus », et une fin inéluctable et programmée…
Les seules traditions religieuses restant en lice sont donc celles qui proposent une cosmologie compatible avec ces données scientifiques. Or, la seule cosmologie religieuse qui satisfasse à ce critère est celle qui se présente sous la forme de la doctrine de la Création, qui désacralise l’univers physique et la nature, et selon laquelle ni les astres, ni le soleil, ni la lune, ni les étoiles, ne sont des substances divines. Cette doctrine est défendue par les traditions monothéistes qui enseignent que l’univers existe objectivement, réellement, indépendamment de l’homme qui le connaît ; qu’il n’est pas une illusion ni une apparence ; mais qu’il n’est pas non plus l’Être absolu, le seul Être ; qu’il ne se suffit pas à lui-même ; qu’il reçoit l’être et l’ensemble de ses caractéristiques de Dieu, par le don de la Création.
Cette thèse monothéiste est commune au judaïsme, au christianisme, et à l’islam. En conséquence : pour l’homme raisonnable qui sent intuitivement la nécessité de fonder sa croyance religieuse sur une assise rationnelle sûre, la vérité se trouvera nécessairement dans l’une de ses trois grandes religions.