Chers amis lecteurs,
Le Père Daniel-Ange évoque dans la suite de son exposé le mystère de l'Assomption de la Très Sainte Vierge Marie.
L'Assomption de Marie est intimement liée à son immaculée conception. Qui nie l'un de ces deux mystères sera ansi naturellement conduit à nier l'autre.
A la différence de l'immaculée conception, l'Assomption a fait (comme la conception virginale de Jésus) l'unanimité dès les débuts de l'Eglise, aussi bien en Orient qu'en Occident, avec des variantes toutefois : en Orient, l'on parle plus volontiers de dormition, afin de signifier que Marie a traversé notre mort : selon cette conception, Marie s'est endormie dans le sommeil de la mort avant de ressusciter dans son corps. En Occident, il existe deux écoles : l'une proche de la conception orientale de l'Assomption, l'autre qui considère que Marie a été immédiatement glorifiée dans son corps, sans passer par la mort. Marie ayant été miraculeusement préservée du péché, elle ne devait pas connaître la mort corporelle, celle-ci étant la conséquence du péché. Son corps et son âme n'ont donc jamais été séparés : à la fin de sa vie terrestre, l'âme de Marie est montée au ciel avec son corps. L'autre école réplique que si l'Innocent en personne, Jésus-Christ, a voulu passer par la mort, il fallait, pour que Marie soit la première disciple de son Fils, qu'elle fasse elle aussi l'expérience de la mort de son Fils. Le Pape Jean-Paul II a donné sa préférence à la version orientale de l'Assomption. Il convient toutefois de relever que la formule dogmatique retenue par le Pape Pie XII le 1er décembre 1950 ne tranche pas la question, et autorise les deux conceptions.
L'Assomption est un bel exemple de la maturation historique de la pensée théologique ; elle est le fruit de la contemplation de toute l'Eglise.
Il existe de grandes convenances-magnificences à ce mystère :
1°) Par son Assomption, la Vierge Marie participe à la mort-résurrection de son propre Fils.
2°) Par son Assomption, Marie anticipe chacune de nos morts : elle suit son Fils, mais elle précède ses enfants.
3°) L'Assomption est le signe annonciateur et l'assurance de ma propre résurrection. Les apparitions de la Vierge Marie dans le monde confirment ce mystère. Les apparitions de la Mère de Dieu ont pour rôle théologique premier de manifester aux hommes leur avenir. En apparaissant dans son corps glorieux, Marie nous dit : voilà ce qui t'attend de l'autre côté de la mort. Les apparitions sont une brèche ouverte dans le mur de béton de la mort, où il nous est donné d'entrevoir le paysage qui est au-delà. Ton corps sera aussi ressuscité et glorieux que le mien.
L'assomption est donc la preuve tangible de notre résurrection. Ce n'est pas la résurrection de Jésus qui me prouve que je vais ressusciter un jour, c'est l'Assomption de Marie. Pourquoi? Parce que Jésus est Dieu, et que moi, je ne suis pas Dieu. Le miracle n'est pas que Jésus soit ressuscité, car il est le Prince de la Vie, mais c'est qu'il ait pu mourir. Voilà le plus grand miracle de tous les temps : que la Vie en personne ait pu mourir! que le Corps de Dieu, la chair même de Dieu qui donne la vie à toute chose ait pu être morte durant quelques heures. Il s'agit là d'un mirale contre-nature divine inimaginable! Une effraction dans l'ordre de la nature même de Dieu! La résurrection était donc dans l'ordre des choses : elle était ce qu'il y avait de plus naturel pour Jésus. Il ne pouvait pas en être autrement, car il est Dieu, le Vivant.
C'est la raison pour laquelle Jésus a ressuscité, par anticipation de notre résurrection à tous, l'une d'entre nous, une soeur de notre race, de notre chair et de notre sang, une créature, sa Maman. Si l'un d'entre nous en effet est ressuscité, cela me dit quelque chose sur la volonté de Dieu de me ressusciter moi aussi. Je peux dorénavant en avoir la certitude absolue.
Les apparitions sont à cet égard d'une extrême importance. Il faut se reporter à l'important document du cardinal Ratzinger au sujet des apparitions privées (Cardinal Ratzinger dont le Cardinal Meisner de Cologne disait : "il a l'intelligence de 12 professeurs d'université, et le coeur d'un premier communiant"). Les apparitions sont comme l'actualisation de l'Evangile pour le peuple de Dieu à une époque (ou un lieu) déterminée. Comme des piqûres de rappel de l'Evangile. Et l'Eglise hiérarchique, au niveau institutionnel, a assumé officiellement dans beaucoup de cas ce qui a été donné charismatiquement par une apparition ou une révélation privée. Nous avons ainsi des fêtes liturgiques pour toute l'Eglise qui viennent d'une apparition privée (Cf. Marguerite Marie et la fête du Sacré-Coeur, Sainte Faustine et la fête de la Divine Miséricorde, Notre Dame de Fatima, Notre Dame de Lourdes...) Au passage : il ne paraît donc plus possible pour un catholique de ne pas croire en ces révélations privées, puisqu'elles font dorénavant partie de la liturgie de l'Eglise universelle...
Les apparitions sont la confirmation du mystère de la glorification du corps de Marie. Lorsque des saints ou des anges apparaissent, ils prennent une apparence corporelle afin qu'on puisse les reconnaître. Quand la Vierge Marie apparaît, ele se manifeste telle qu'elle est dans la réalité. Elle est vraiment comme ça aujourd'hui! Son corps humain est véritable, réellement charnel, humain, mais... glorifié!
Les apparitions sont une épiphanie de ma future gloire ; elles manifestent les conséquences de l'Eucharistie. C'est une impossibilité biologique en effet que je reçoive le Corps du Ressuscité et que mon corps ne ressuscite pas! C'est physiquement impossible! Si je mange la chair du Ressuscité, alors mon corps doit ressusciter! Je reçois ainsi dans l'Eucharistie la semence de mon corps glorieux futur. C'est dire la grandeur de la Messe! "Avec l'Eucharistie, écrivait le Pape Jean-Paul II, on assimile le secret du Ressuscité".
Dieu a pris ma chair mortelle pour me la rendre immortelle. Dieu, qui ne peut pas souffrir, a pris un corps pour souffrir, et il me rend ce corps pour que je ne souffre pas à tout jamais.
Voilà ce que nous manifeste la glorieuse Assomption de la Très Sainte Vierge Marie.
9e étoile : le mystère de l'Assomption de la Très Sainte Vierge Marie