4 mars 2007 7 04 /03 /mars /2007 21:41

Nous avons vu ces dernières semaines combien l’Eglise insistait, à la suite du monothéisme hébreux, sur l'importance de la raison dans la démarche de foi.

Pour l’Eglise Catholique en effet, la raison est capable par ses seules ressources, et indépendamment de la révélation biblique, de parvenir à la connaissance de la vérité de ce qui est, et de croire avec certitude en l’existence de Dieu.

Comment cela ? A partir d’une réflexion sur la Création. Ou si vous préférez, sur la Nature, sur le monde physique qui nous entoure et dont les secrets nous sont révélés par la science, sur l’ensemble de l’univers.

La Création nous manifeste Dieu… comme la Joconde nous révèle Léonard de Vinci ! La Joconde en effet nous prouve par elle-même l’existence de son auteur, que nous n’avons pourtant jamais vu. Elle nous dit même quelque chose sur son auteur, même si ce qu’elle nous dit reste limité à ce que l’auteur a bien voulu donner de lui-même dans son œuvre. Aussi, analogiquement, pouvons-nous dire que la Création de Dieu nous manifeste l’existence de son Auteur, ainsi que quelques unes de ses perfections. Elle ne nous dit certes pas tout des richesses infinies du Créateur incréé, mais quoiqu’imparfaite et incomplète, la connaissance de Dieu à partir de la Création est une connaissance certaine, authentique, et rationnellement bien fondée.

Nous sommes donc bien loin des préjugés de tant de nos contemporains, chrétiens y compris ! Pour beaucoup de gens en effet, la question de l’existence de Dieu relève de la foi, entendue comme une adhésion aveugle à une vérité indémontrable par la raison. Ils sont convaincus que l’intelligence humaine ne peut pas connaître par elle-même et à elle seule la vérité sur l’existence de Dieu. On y croit ou on y croit pas. Moyennant quoi, s’ils choisissent d'y croire et de vivre un peu sérieusement leur "foi", il leur faut se mettre à l’écoute d’une Parole... dont ils n’ont pas la certitude qu’elle soit de Dieu, puisque son existence elle-même n’est pas assurée! Et ils empilent ainsi une foi aveugle en la Parole de Dieu sur une foi aveugle en l’existence de Dieu. Et lorsqu’il leur faut encore empiler sur ce bien frêle édifice une foi aveugle dans l’Eglise, dans ses dogmes et sa morale, il n’est pas étonnant que tout finisse par s’écrouler, « car leur maison était bâtie sur le sable »

Comme de récents sondages nous l’on encore révélé : seulement 51 % des Français se disent désormais catholiques. Parmi eux, 52 % n’iraient jamais à la messe, excepté lors de cérémonies familiales, et le ponpon : 50 % confesseraient… ne pas croire en l’existence de Dieu ! Ou comment le fidéisme conduit irrésistiblement à l’athéisme…

Le Pasteur Eric Georges m’avouait son scepticisme quant à l’intérêt d’une réflexion métaphysique de fond au sujet de l’existence de Dieu. La foi étant un don de Dieu, et non le fruit d’un quelconque raisonnement intellectuel (ce que je ratifie tout à fait !), il m’indiquait ne pas comprendre le sens d’une démarche qui ne lui paraissait pas s’inscrire dans une perspective d’évangélisation. J’espère que cet article répondra à cette légitime interrogation. Car enfin : si l’on veut évangéliser, il faut bien commencer par se demander QUI évangéliser, et QUOI annoncer.

QUI évangéliser, sinon des hommes et des femmes doués de raison, qui, pour la plupart, ont appris à penser correctement ? Or, comment ces hommes et ces femmes sensés pourront-ils bien accueillir notre invitation à croire en la Parole de Dieu, si nous leur concédons qu’il est impossible d’établir avec certitude que Dieu existe, et que Dieu a parlé ! Voilà beaucoup de couleuvres à avaler en une seule foi ! si je puis me permettre ce jeu de mots, et je conçois dans ces conditions qu’il y ait tant de résistances au message chrétien dans le cœur et l’âme de tant de nos contemporains.

QUOI annoncer, sinon Jésus-Christ Fils de Dieu, Verbe fait chair pour le Salut du monde ? Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, amis lecteurs engagés dans la grande œuvre d’évangélisation, mais mon expérience personnelle me confirme dans l’idée qu’il est décidément bien difficile de faire l’impasse sur la question métaphysique de l’existence de Dieu. Car comment annoncer la bonne nouvelle de la venue de Dieu en notre humanité à des interlocuteurs qui vous rétorquent que : « de toute façon, moi, je ne crois pas en Dieu » !

Il faut donc bien commencer par asseoir les fondations, et rendre les intelligences réceptives au don de Dieu dans la Révélation. Faute de quoi l’évangélisation risque de tourner au bourrage de crâne, et à l’insupportable prosélytisme. N’oublions pas que l’acte de foi est fondamentalement un acte de la raison, un assentiment de l’intelligence. On a conservé l’idée que la foi est une conviction, un assentiment, mais on a oublié qu’il s’agit très exactement d’un assentiment de l’intelligence à la vérité elle-même qui se révèle. Dieu parle à des êtres doués de raison, et Il attend de leur part une adhésion totale, y compris de cette raison même qui est don de Dieu.

Il faut donc « préparer la route au Seigneur » en disposant les esprits à recevoir la révélation divine, et à entrer dans une véritable démarche de foi, qui n’est pas dans le langage biblique une simple conviction intérieure, subjective, et dissociée de la raison, mais bien une certitude de l’intelligence fondée dans la réalité objective et expérimentale.

(à suivre…)

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

T
bon, miky me dit que "Oui, j'avais vu, mais cette réfutation, je l'avais déjà réfutée avant même que tu la produises (cf. commentaire n°8 du fil cité) :-)",
on trouve en effet ceci :
"Effectivement, sauf que je peux te donner un exemple qui concerne l'être lui-même et plus seulement ses caractéristique. Pour cela je n'ai pas grand'chose à changer de mon dernier exemple :ETAPE 1 : Constat d'une ressemblance poissons / dauphins :Les poissons ont des nageoires / Les dauphins aussiLes poissons vivent dans l'eau / Les dauphins aussiLes poissons ont une forme hydrodynamique / Les dauphins aussiLes poissons n'ont pas de poils / Les dauphins non plus.ETAPE 2 : Remarque au sujet des poissons :Les poissons proviennent d'un oeuf pondu.ETAPE 3 : Raisonnement analogique :Donc sans doute que les dauphins doivent provenir aussi d'un oeuf pondu.... ce qui est tout aussi faux que l'étape 3 de mon premier exemple""Et là je ne vois pas en quoi on diffère de manière significative de l'argument de Paley :ETAPE 1 : Constat d'une ressemblance artefacts manufacturés / êtres et choses naturels.ETAPE 2 : Remarque au sujet des artefacts manufacturés :Les artefacts manufacturés proviennent de l'action d'êtres intelligents distincts d'eux.ETAPE 3 : Raisonnement analogique :Donc sans doute que les êtres et les choses naturels proviennent de l'action d'au moins un être intelligent distinct d'eux."
 
      Mais enfin là zut quoi, quand on prétend faire dans l'analyse raisonnée, je veux bien qu'on fasse des erreurs, mais pas se contenter d'approximations aussi n'importe quoi que ça !
   Sur quoi se fonde ce "contre-exemple" ?   Juste qu'il joue sur les sens possibles du mot "provenir" !!   C'est pas sérieux, quoi....
   Dans un cas, il s'agit de venir d'un oeuf ou pas,  dans l'autre cas il s'agit d'être le résultat ou non d'une élaboration raisonnée par une pensée consciente  :  le terme "provenir" n'a pas le même sens dans les 2 cas.
 
        Dans le raisonnement par analogie utilisé en sciences, il s'agissait de conclure que les analogies morphologiques dauphin/poissons étaient le fruit d'un même type de processus adaptatif  (adaptation au milieu aquatique).      On reliait donc la forme à une origine causale.   Une même cause,  mais à des moments différents, 
        Donc, pour conclure, dans cet exemple, "or les poissons viennent d'un oeuf,  donc les dauphins aussi",   il faudrait intercaler  "or c'est le fait de provenir d'un oeuf qui donne cette forme".    Sinon, on ne peut pas conclure.
  Dans la transposition en métaphysique, il s'agit bien du type de raisonnement validé en sciences,  comme je l'exposais à propos de l'évolution  :  tels objets que produisent les êtres humains sont ordonnés, organisés... ...et c'est PARCEQU'ils ont été conçus par une telle pensée qu'ils sont ainsi.    Donc, observant par analogie l'organisation et l'ordonnancement de l'univers,    ne peut-on se dire que, etc...
Voilà.   Transposé en métaphysique,  l'erreur de raisonnement que tu nous proposes donnerait  plutôt   :   "l'univers est organisé comme une horloge,   une horloge se monte avec un tournevis,  DONC l'Univers a été monté avec un tournevis",   ce qui effectivement est assez peu probable mais enfin sait-on jamais...   :-)
 
    Maintenant, si tu veux regarder l'origine de l'individu poisson/dauphin plutôt que l'origine de leurs analogies de forme, regarde du point de vue véritablement du processus, de l'origine,  ce qu'il se passe dans un oeuf ou dans une poche amniotique c'est bien le même type de processus  ;    et avec la même origine, en plus  (biologique, je veux dire  :   développement embryonnaire à partir d'une  matrice d'ADN ).       Le même enchaînement de phénomènes...mais avec un résultat différent de forme puisqu'avec des plans de base différents  (comme l'horloge, et l'univers, qui bien qu'apparemment organisé n'est pas pour autant un assemblage de rouages métalliques)
  (d'ailleurs il y a des poissons vivpares et des mammifères qui pondent des oeufs, alors....)
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T
d'ailleurs, on notera au passage, "chacun sa vérité" ou "on ne peut pas connaître la vérité",
sont forcément posés comme...des vérités incontestables !   :-)
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M
Merci Ti'Hamo pour cette éclairante contribution.
Pour ce qui concerne la question de la "certitude absolue", je suis d'accord avec toi : mon analyse ne suffit pas à elle seule à donner une "certitude absolue" de l'existence de Dieu.
Ce que je dis simplement, c'est que l'analyse attentive des options alternatives qui nous sont présentées nous conduit inéluctablement, me semble-t-il, à la conclusion selon laquelle l'explication de l'univers par l'existence de Dieu est finalement - et de loin ! - la plus rationnelle. C'est cette dernière appréciation qui me paraît pouvoir faire l'objet d'une "certitude absolue".
Concernant la question de Marc, je dirais :
1°) que tu confonds certainement Marc "relativité" et "relativisme". Ce n'est pas Einstein qui a inventé le "relativisme" (le pauvre!)...
2°) que si l'on croit la raison capable d'atteindre LA vérité, alors on ne peut plus dire que "chacun a SA vérité"! Voilà pourquoi je considère les rationalistes athées moins... "rationalistes" en définitive que l'Eglise catholique elle-même, ainsi que j'ai déjà pu l'écrire :
http://totus-tuus.over-blog.com/article-5974397.html
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T
ah zut tiens mais au fait... (y a des jours, comme ça,...ça doit être le café, ça ouvre l'esprit :-)...   relisant la critique par miky de l'argument "par analogie" exposé par matthieu,...non mais en fait ça saute aux yeux, enfin une fois qu'on l'a vu. voilà :
"Peut-être manque-t-il à mon article un exemple concret de raisonnement analogique comparable au tien mais qui mène pourtant à une conclusion manifestement fausse. En voici un :ETAPE 1 : Constat d'une ressemblance poissons / dauphins :Les poissons ont des nageoires / Les dauphins aussiLes poissons vivent dans l'eau / Les dauphins aussiLes poissons ont une forme hydrodynamique / Les dauphins aussiLes poissons n'ont pas de poils / Les dauphins non plus.ETAPE 2 : Remarque au sujet des poissons :Les poissons ont des branchies et pondent des oeufs.ETAPE 3 : Raisonnement analogique :Donc sans doute que les dauphins doivent avoir aussi des branchies et doivent aussi pondre des oeufs.... ce qui n'est pas le cas puisque se sont des mammifères placentaires."
Or, le raisonnement employé par mathieu n'EST PAS de ce type. ce n'est pas le même.   Mathieu dit ceci (en gros) :
 - l'existence même d'un objet construit, d'une oeuvre ordonnée, nous fait supposer logiquement l'existence d'un auteur, d'une part,  et deuxièmement peut nous apprendre quelquechose de son auteur.
 - de même, par analogie,  l'observation de l'univers (de l'infiniment grand à l'infiniment petit),  son organisation,  son fonctionnement,  nous fait supposer un auteur (une intelligence à l'origine de cette oeuvre)  et peut nous apprendre quelquechose sur lui/elle.
...
Donc :
-->Matthieu utilise un raisonnement par analogie du type : de l'analogie entre 2 "êtres" (au sens philosophique, 2 "choses existantes") - analogie de structure, d'organisation - on déduit intuitivement une analogie entre leurs origines respectives.
-->Miky, voulant montrer l'erreur d'un tel raisonnement, en utilise un autre, également par analogie :  de l'analogie entre 2 "êtres" on extrapolerait d'autres analogies entre ces 2 mêmes êtres, toujours sur le plan de leur structure, de leur nature.   De l'analogie entre 2 êtres,  on concluerait à une même nature de ces 2 êtres.
    Or,  Matthieu n'a pas conclu que l'univers était un tableau, ou une sculpture, ou une horloge,  par analogie avec ces créations humaines ; non plus qu'il ne conclue que dieu soit unhumain ou vice-versa  ;   il a noté des analogies de structure, d'organisation,  il en conclut à une analogie....de leurs origines respectives, autrement dit l'intelligence huamine dans un cas et une autre intelligence dans l'autre.  qu'il appelle "Dieu".
Or, CE TYPE de raisonnement est valide, quoiqu'il mène à un postulat intuitif et pas à une certitude absolue,...du moins j'espère qu'il est valide, puisqu'il est très utilisé en science, en tout cas en...biologie !  et notamment dansl'étude de...l'évolution.  tiens donc.    On explique :
    ...et pour cela je reprends l'exemple du dauphin et du poisson :
analogies de structure :
Les poissons ont des nageoires / Les dauphins aussiLes poissons vivent dans l'eau / Les dauphins aussiLes poissons ont une forme hydrodynamique / Les dauphins aussiLes poissons n'ont pas de poils / Les dauphins non plus.
analogie d'origine :
On suppose que toutes ces analogies ont une origine similaire : une adaptation au milieu aquatique.      Conclusion jusqu'à ce jour non remise en cause.
 
             J'insiste sur ce point : ce raisonnement n'aboutit pas à la conclusion "donc le dauphin est un poisson",  mais "la morphologie du dauphin et du poisson ont la même origine" ou plutôt "sont dues au même type de cause, et à un mécanisme similaire" ....quoiqu'il ne ce soit pas produit en même temps,   et que les 2 constituent bien 2 branches très distinctes du règne animal,  2 moments différents dans l'histoire de l'évolution.
         En biologie, c'est ce qu'on appelle une "convergence évolutive".    Le concept même de "convergence évolutive",  duquel on connaît pas mal d'application  (l'aile des chauve-souris et l'aile des oiseaux, adaptation aux mêmes contraintes à partir de modèles de base très différents  ;  le bec de tel ou tel oiseau comparé à tel autre oiseau : on supposera qu'ils ont le même régime alimentaire...   ....ce qui se vérifie effectivement...),   repose entièrement sur la validité du raisonnement "par analogie" ci-dessus exposé.
               De même, l'observation d'analogies (étonnantes et fortes) entre la structure de l'oeil des mollusques évolués (poulpe ou calamar :-)  et la structure de l'oeil des mammifères,   n'amène pas à conclure que le poulpe soit devenu un mammifère  ;   ni que nous descendions du poulpe  ;   ni que cet oeil soit hérité d'un ancêtre commun  (faut sans doute remonter jusqu'à des animaux vachement primitifs pour trouver la séparation évolutive mollusques/futurs mammifères, et à ce stade là y a pas d'yeux...enfin en tout cas pas d'yeux de ce type...)   (oh, "y a pas d'yeux", ah-ha)  (bon.),
      mais permet de conclure à un mécanisme d'évolution similaire, par adaptation au même type de contraintes.   Quoiqu'à des moments différents, dans des milieux différents,  à partir d'une base différente.
 
Et c'est un raisonnement maintenant très utilisé : quand on observe de telles analogies,  on suppose immédiatement non pas la même cause,  mais des causes et mécanismes de formation analogues.
     Donc,  le contre-exemple de miky n'en est pas un.  et le raisonnement de Mathieu est rationnellement valide,  quoique menant à une forte suspicion plutôt qu'à une certitude absolue  (en lien également avec le "rasoir d'Ockam)
 !!!
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T
mais....c'est une vraie question ?  (je sais pas trop, hein, je n'ai pas encore l'habitude des gens qui écrivent là,  c'est peut-être un blagueur, marc...) ?
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M
Bonjour,
Vos discussions sont intéressantes.
Cependant, quelqu'un a dit :"Je dis simplement avec le Pape Benoît XVI que "la grande option du christianisme est l'option pour la rationalité et pour la priorité de la raison".
Je voudrais juste savoir pourquoi alors le pape est autant "contre le relativisme" (instauré par Einstein, doué de raison je crois) ?
Cordialement,
Marc
 
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M
Cher Matthieu,A ta question, je répond : Les deux :-)Cela dit je ne vois pas où tu veux en venir avec cette question. L'oeuf fait le poisson qui fait l'oeuf... mais pas le même oeuf. Il n'y a donc pas l'interdépendance poisson/oeuf que tu sembles suggérer, et qui ne serait pas valable (si je comprend bien le sens de ta question) pour le binôme Créateur/Création. D'autant plus que l'homme, créature de Dieu dans ton hypothèse, se positionne lui-même en créateur... de créatures : voir par ex. le jeu les Sims. Et peut-être que dans un lointain avenir, le perfectionnement de ce jeu, parallèlement à une évolution des technologies informatiques, fera en sorte que les personnages créés deviennent à leur tour des créateurs d'autres personnages, à travers un jeu dans le jeu, et ainsi de suite, à la manière des poupées gigognes.Amicalement,Miky
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M
Cher Miky,
Je ne suis pas sûr de bien comprendre... Tu veux dire que c'est l'oeuf qui fait le poisson, et non le poisson qui fait l'oeuf?...
Répondre
M
Cher Matthieu,
Ta dernière réponse me donne de toi une désagréable impression de... léger manque de bonne foi. J'espère me tromper et veux bien t'accorder le bénéfice du doute.
Tu dis que mon nouvel exemple d'analogie concerne encore les caractéristiques de l'être et non l'être lui-même. Je suis désolé mais supprime l'oeuf de poisson (qui n'est pas encore un poisson proprement dit), tu empêcheras que le poisson existe.
Ensuite, si j'affirme qu'un athéisme conséquent est forcément fidéiste, j'affirme qu'il en est de même pour un théisme conséquent. La foi chrétienne (ou plutôt catholique romaine) prétend certes à la rationnalité, de même que l'athéisme de certains athées, mais c'est dans un cas comme dans l'autre une pseudo-rationnalité. Enfin, encore une fois, une croyance peut n'être qu'une croyance, et pourtant être certaine (ex. : croyance en l'existence d'autrui comme sujet).
Le lien donné par Yves ne dit pas autre chose, me semble-t-il : c'est au niveau des conséquences pratiques que se fait la différence entre athéisme et foi chrétienne. Il semble être admis que l'agnosticisme est bien la meilleure option théorique (son seul véritable problème étant de n'être pas vivable).
Amicalement,
Miky
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M
Merci Olivier pour ce très bon lien que notre ami Yves à fort joliment illustré :
http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-5924340.html
Répondre
O
Chers Matthieu et Miky;
Un lien que je trouve intéressant, sur le très bon site de Sandro Magister, à propos du dialogue Habermas/Ratzinger :
http://chiesa.espresso.repubblica.it/dettaglio.jsp?id=125081&fr=y
Habermas écrit à Ratzinger, Ruini répond. Alliés contre le "défaitisme" de la raison moderne : Le célèbre philosophe athée invoque une nouvelle alliance entre foi et raison, mais sous une forme différente de celle qu’a proposée Benoît XVI à Ratisbonne. Le cardinal Ruini met en évidence les points d’accord et de désaccord et insiste sur la "meilleure hypothèse": vivre comme si Dieu existait.
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M
Cher Miky,

Je suis désolé, mais le nouvel exemple d’analogie que tu donnes concerne encore les caractéristiques de l’être (en l’occurrence, de sa naissance), et non l’être lui-même : le fait que le poisson soit, le fait que le dauphin existe.

Or, quant à l’être, que nous enseigne l’expérience ? Que seul l’être peut donner naissance à l’être. On n’a jamais rien observé d’autre depuis que l’homme existe. On n’a jamais pu démontrer que l’être puisse provenir du non-être.

Cela dit, le raisonnement par analogie, très employé en théologie pour éclairer les mystères de la foi (cf. les discours en paraboles de Jésus), n’est pas le cœur de la théologie naturelle, qui repose bien davantage, me semble-t-il, sur l’observation et l’expérience commune à laquelle chacun peut se confronter. Elle ne cherche donc pas à exploiter les « trous » existant dans la connaissance humaine, ainsi que tu sembles le prétendre, mais bien au contraire à réfléchir à fond et jusqu’au bout le réel tel qu’il nous apparaît progressivement dans toute sa richesse et complexité au fil du temps et des progrès de la science.

Quant au fidéisme, tu affirmes qu’elle fait partie intégrante de la démarche athée. Dont acte. Tu confirmes ainsi ce que j’ai déjà écris ici : à savoir que l’athéisme repose non sur une connaissance certaine, mais sur une croyance (non fondée en raison de surcroît, selon toi, alors que la foi chrétienne prétend, elle, reposer sur la croyance rationnelle en l’existence de Dieu : quel renversement de perspectives !).

Cf. http://totus-tuus.over-blog.com/article-2568062-6.html

Tu confirmes aussi ce que je voulais dire en dénonçant le fidéisme : car si celui-ci est effectivement constitutif de la démarche athée, alors introduire le fidéisme dans la foi chrétienne revient à y inoculer le virus de l’athéisme.
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M
Encore un petit commentaire sur la définition du fidéisme issue de l'Encyclopeadia Universalis :"D'après le fidéisme, la raison ne nous permet pas de connaître la nature des choses ; elle se borne à observer et à classer les apparences"Je suis d'accord jusque là. On n'expérimente jamais les choses en elles-mêmes, telles qu'elles sont indépendament du fait qu'on les observe, mais on expérimente notre relation aux choses."seule la foi, illuminant l'intelligence (elle-même intuitive, donc distincte de la raison, qui est analytique), nous fait connaître le fond des choses, c'est-à-dire les réalités spirituelles."En un certain sens, je suis d'accord. Il y a bien une part de foi en une sorte de réalisme spontané et naturel qui nous permet de connaître la nature des choses et qui nous permet donc de savoir qu'un objet qui n'est observé par personne continue de conserver ses propriétés."En un sens plus précis, le fidéisme exclut que les vérités de foi comportent des préambules rationnels, prennent appui sur des démonstrations, incluent un noyau de rationalité qui pourrait être récupéré par une philosophie autonome."Effectivement, certaines vérités ne se démontrent pas car elles sont ce sur quoi toute démonstration prend sens."En un autre sens, également théologique, le fidéisme fait consister la foi dans la confiance en Dieu, non dans l'adhésion à des dogmes (...)."Bien que non-croyant, je pense que si je devais être croyant un jour, ma croyance ressemblerait assez à cela. "De même que le rationalisme tend à surestimer la raison au point de professer que la science est l'unique source de vérité (récusant ainsi par avance toute croyance), de même le fidéisme tend à surestimer la foi au point de professer que la révélation est l'unique garantie du vrai (discréditant ainsi les efforts de toute activité rationnelle)." Là à mon avis la définition pêche en prenant partie mais de manière un peut trop simpliste. On peut tout à fait (c'est mon cas, voir ce que j'ai déjà écrit à ce sujet) affirmer que la raison elle-même repose sur la foi, sur une sorte d'acte de foi. Par conséquent, on n'est pas forcément tenu, en étant fidéiste, à rejeter la raison. Il y a plusieurs sortes de fidéismes assez subtiles qui ne rejettent pas la raison, mais contestent sa toute-puissance, insistant sur le fondement de la raison dans une foi (religieuse ou pourquoi pas simplement réaliste) : je pense en particulier à la pensée de Ludwig Wittgenstein et surtout de Norman Malcom (Wittgensteinian fideism) et à celle de Alvin Plantinga ( Intellectual Sophistication and Basic Belief in God). Pour finir, je dirais que tout athéisme conséquent est un fidéisme, mais non pas que le fidéisme conduit à l'athéisme.
Répondre
M
Cher Matthieu,Faute de temps, je me permets de répondre juste à cette remarque pour le moment :"Tes critiques sur le raisonnement par analogie sont intéressantes, et elles en montrent bien effectivement les limites, je suis d'accord. Sauf que l'exemple que tu prends concerne les caractéristiques de l'être (en l'occurrence les poissons et les dauphins), et non l'être lui-même."Effectivement, sauf que je peux te donner un exemple qui concerne l'être lui-même et plus seulement ses caractéristique. Pour cela je n'ai pas grand'chose à changer de mon dernier exemple :ETAPE 1 : Constat d'une ressemblance poissons / dauphins : Les poissons ont des nageoires / Les dauphins aussi Les poissons vivent dans l'eau / Les dauphins aussi Les poissons ont une forme hydrodynamique / Les dauphins aussi Les poissons n'ont pas de poils / Les dauphins non plus. ETAPE 2 : Remarque au sujet des poissons : Les poissons proviennent d'un oeuf pondu. ETAPE 3 : Raisonnement analogique : Donc sans doute que les dauphins doivent provenir aussi d'un oeuf pondu.... ce qui est tout aussi faux que l'étape 3 de mon premier exemple.Et là je ne vois pas en quoi on diffère de manière significative de l'argument de Paley :ETAPE 1 : Constat d'une ressemblance artefacts manufacturés / êtres et choses naturels. ETAPE 2 : Remarque au sujet des artefacts manufacturés : Les artefacts manufacturés proviennent de l'action d'êtres intelligents distincts d'eux. ETAPE 3 : Raisonnement analogique : Donc sans doute que les êtres et les choses naturels proviennent de l'action d'au moins un être intelligent distinct d'eux.
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M
Cher Miky,
Désolé de te donner l'impression de ne pas répondre à tes remarques, mais... de fait, ces premiers articles (d'une longue série je crois) consacrés à la question de l'existence de Dieu étaient surtout destinés à répondre aux légitimes interrogations du Pasteur Eric Georges sur "la constante insistance de l'Eglise Catholique sur la raison", et sur le lien (qui ne lui paraissait pas évident) entre métaphysique et évangélisation.
Tes critiques sur le raisonnement par analogie sont intéressantes, et elles en montrent bien effectivement les limites, je suis d'accord. Sauf que l'exemple que tu prends concerne les caractéristiques de l'être (en l'occurrence les poissons et les dauphins), et non l'être lui-même. Or, les preuves de l'existence de Dieu (c'est le Magistère de l'Eglise qui parle de "preuves" - cf Catéchisme § 31) ne reposent pas d'abord sur un raisonnement par analogie, mais plus fondamentalement sur le principe selon lequel : "seul l'être peut rendre compte de l'être". Et ici, il me paraît que le raisonnement par analogie peut s'appliquer en toute validité. Car, de la même manière que la Joconde a eu un génial auteur et ne s'est pas faite toute seule, de même, il est raisonnable de penser que l'univers ne peut trouver sa raison d'être seulement en lui-même, compte tenu surtout de ce que les sciences positives nous révèlent aujourd'hui, et qui me paraît foncièrement incompatible avec une vision athée du monde (nous y reviendrons).
J'avoue être extrêmement surpris à ce sujet que tu oses écrire "qu'avant Darwin, il était beaucoup plus facile de croire en Dieu"... Ne le prend pas mal Miky, mais il m'arrive parfois de songer, à te lire, que ton monde intellectuel est celui du 19e siècle finissant! Pour ce qui concerne la théorie scientifique de l'Evolution, elle me paraît la meilleure confirmation de la doctrine métaphysique de la Création. Nous en reparlerons.
La raison est-elle fondée en raison? C'est une excellente question qui, à dire vrai, ne m'interesse pas, et que je n'aborde pas. Je dis simplement avec le Pape Benoît XVI que "la grande option du christianisme est l'option pour la rationalité et pour la priorité de la raison". Après quoi, libre à toi de "déraisonner" si tu le souhaites.
Cf. http://totus-tuus.over-blog.com/article-2554359.html
Quant au fidéisme, une petite définition s'impose. Je te propose celle de l'Encyclopédie Universalis : "D'après le fidéisme, la raison ne nous permet pas de connaître la nature des choses ; elle se borne à observer et à classer les apparences ; seule la foi, illuminant l'intelligence (elle-même intuitive, donc distincte de la raison, qui est analytique), nous fait connaître le fond des choses, c'est-à-dire les réalités spirituelles. En un sens plus précis, le fidéisme exclut que les vérités de foi comportent des préambules rationnels, prennent appui sur des démonstrations, incluent un noyau de rationalité qui pourrait être récupéré par une philosophie autonome. En un autre sens, également théologique, le fidéisme fait consister la foi dans la confiance en Dieu, non dans l'adhésion à des dogmes (...). De même que le rationalisme tend à surestimer la raison au point de professer que la science est l'unique source de vérité (récusant ainsi par avance toute croyance), de même le fidéisme tend à surestimer la foi au point de professer que la révélation est l'unique garantie du vrai (discréditant ainsi les efforts de toute activité rationnelle)."
Répondre
O
 
Merci Miky de préciser votre position. Une partie du projet de la philosophie, à travers les siècles, a été, précisément, de justifier en raison les croyances vraies, pour qu'elles cessent d'être du domaine de l'opinion (doxa) mais qu'elles rentrent dans le domaine du logos. Précisément ce courant, celui d'Aristote, de Descartes, croit que la connaissance outrepasse le domaine circonscrit par les données perceptives et la simple raison. Il est, selon moi, irrationnel de limiter la connaissance à votre première catégorie. Et, de fait, même vous tenterez de vous justifier le fait que vous agissez « comme si » l'intuition de l'existence du monde (ou la conviction que vous êtes aimé par telle personne, e.g.) était vraie. Qualifierez-vous cette tentative de « rationnelle » ?
Si vous limitez la raison au perceptivo-logicisme au sens étroit (parce qu'il faudrait définir « expérience perceptive »), vous serez obligés d'admettre que vous vivez d'après des croyances non justifiées en raison. Alors pourquoi l'une plutôt que l'autre ?

 

À mon avis, la raison peut tout à fait investiguer tous les domaines. Y compris reconnaître ses limites là où elles existent. Je pense, en outre, que limiter la connaissance à l'expérience perceptive, est dangereux. C'est du rationalisme étroit, et c'est criticable philosophiquement (lisez par exemple L'Action de Blondel, vu vos intérêts philosophiques d'après ce que j'ai pu en juger à votre lecture, je crois que cela vous intéressera !). Comment, pourquoi limiter a priori nos sources de connaissance ?
Quant à la régression à l'infini de la source de certitude, de fait, c'est un maronnier philosophique. Mais cela n'est pas pour autant que, en passant au niveau métaphysique (en fait, c'est que vous faites : vous pratiquez, que vous le veuillez ou non, l'interrogation métaphysique !), l'on ne progresse pas. Il y a un moment où l'on doit considérer l'expérience de l'existence, ou, mieux, l'expérience de l'être, comme une certitude absolue. Selon les philosophes, ils diront que la certitude vient de la conjonction entre l'être et sa saisie par l'homme; ou qu'elle ne peut être qu'objective, venant de Dieu qui nous la communique; ou qu'elle vient de la coïncidence avec soi-même (mais même chez Descartes (relisez les passages sur le cogito) on voit que la coïncidence avec soi-même, l'expérience immédiate de soi-même ne va pas sans le passage par une certaine altérité). 
Bref, la certitude de l'existence de Dieu, elle n'est non fondée en raison que si vous limitez la raison à l'expérience perceptive et à la logique, auquel cas vous n'avez de certitude d'aucun objet, comme vous l'avouez vous-mêmes. C'est pourquoi la raison métaphysique, et en particulier celle qui nous convainc avec certitude de l'existence de Dieu, qui nous permet d'avoir une certitude quant au reste, quant à la validité de nos connaissances en général. C'est exactement ce que dit Descartes (Meditationes), par exemple.
In fine, la certitude de l'existence de Dieu, et dans la même occasion de celle de soi-même, consiste en la perception de l'être même, en cette expérience de l'être (est-elle perceptive ? bonne question) - qui est la base de la vérité, qui est à la source de notre vie. Elle est l'acte le plus naturel de la raison, qui est faite pour l'être. On peut aussi considérer qu'elle est en même temps expérience du sens, du non-absurde de la vie, de l'univers.
J'ai ici mélangé Heidegger, Blondel, saint Thomas, Aristote... dans une synthèse personnelle et improvisée. Désolé donc de ce fouillis, mais j'ai la faiblesse de croire qu'il contient un certain nombre de vérités, qui ont été développées, chacun dans son « système » ou dans sa façon de raisonner, par ces brillants esprits cités plus haut.
Très cordialement.
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M
Précision :"Plutôt que de principe de causalité, je parlerais de principe de raison suffisante, mais j'imagine que c'est ce à quoi tu fais référence. Effectivement, ce principe m'apparaît indispensable pour tenter de prouver l'existence de Dieu" :J'ajoute : selon une méthode a posteriori du style de celle que défend Matthieu
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M
Bonjour Olivier, Es-tu l'Olivier de "Vivre en chrétien" ? "Il faut parler du principe de causalité, et d'autres principes métaphysiques, qui n'ont pas la faiblesse des pseudo-raisonnements assimilés erronément par Miky aux (meilleurs des) raisonnements de théologie naturelle." : Plutôt que de principe de causalité, je parlerais de principe de raison suffisante, mais j'imagine que c'est ce à quoi tu fais référence. Effectivement, ce principe m'apparaît indispensable pour tenter de prouver l'existence de Dieu, et il est vrai qu'il est (ou fut) considéré comme un des principes de la raison. Maintenant, dire que je suis partisan d'une réduction de la raison à la raison scientiste est un peu fort. Voilà ma position sur le sujet : 1°) Dans l'ordre de la connaissance (définie comme croyance vraie et justifiée (je passe sur le problème de Gettier...)) valent l'expérience perceptive, et la logique déductive (cette dernière étant une branche de la rationnalité comprise au sens large) 2°) Dans l'ordre de la croyance... j'oserais dire : vraie mais injustifiée... vient l'intution commune et indubitable (l'existence de soi-même, d'autrui, du langage, du temps, du libre-arbitre, d'un monde "extérieur" régit par des lois régulières, etc. ne sont pas à proprement parler des résultats de la logique ou de l'expérience, mais plutôt des conditions métaphysiques à leur véracité métaphysique, qui s'imposent à nous intuitivement et que personne ne remet sérieusement en question) 3°) Dans l'ordre de la croyance simple vaut... tout le reste. Pour moi, la question de l'existence de Dieu revient à ce demander si ce concept appartient à la catégorie 2°) ou 3°), sachant qu'il ne peut appartenir à la catégorie 1°) (sinon cela voudrait dire que Dieu est un élément de l'espace-temps). Quant à la raison métaphysique, aristotélicienne et platonicienne, je ne nie pas sa pertinence, je m'interroge sur cette pertinence. J'estime (pour le moment) que comme pour la croyance en Dieu, on peut ou non y adhérer, et je ne vois pas de critère décisif indépendant pour ou contre cette adhésion. Bien sûr, c'est pareil pour ma raison non-métaphysique. Cela dit, dans ce cas, j'ai une forte intuition que je n'ai pas pour la raison métaphysique aristotélicienne et platonicienne. Métaphysiquement, si je suis aussi un réaliste, se serait plutôt d'un réalisme scientifique et de sens commun. Enfin, peut-être que ce rationalisme métaphysique permet de fonder la confiance accordée à notre raison. Mais qu'est-ce qui fonde à son tour la véracité métaphysique de ce rationalisme métaphysique ? On en revient au point de départ : à un moment, on ne peut plus fonder en raison... ("scientiste" ou métaphysique...). Cordialement, Miky
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O
Juste une remarque sur la réponse de Miky. Sa critique du raisonnement par analogie vient, il faut être honnête, du fait que Matthieu n'ait pas présenté de façon suffisamment précise les principes à l'oeuvre dans ce type de démonstration, ou de voie (saint Thomas parle toujours de viae, non de preuves) certaine vers l'existence de Dieu. Il faut parler du principe de causalité, et d'autres principes métaphysiques, qui n'ont pas la faiblesse des pseudo-raisonnements assimilés erronément par Miky aux (meilleurs des) raisonnements de théologie naturelle.
Car là est la chose que je voulais souligner. Miky est clairement (qu'il m'excuse si je me trompe) un partisan de la réduction à la raison à une raison scientiste, en niant toute pertinence à la raison métaphysique (contre Aristote et Platon, par exemple). Dans ce cas, et comme il le dit lui-même, effectivement, la confiance en la raison ne peut être fondée rationnellement. C'est pourquoi le rationalisme non métaphysique, tel que je le perçois chez Miky, est effectivement irrationnel.
En revanche, il est parfaitement possible, et des générations de philosophes l'ont fait (je citerai Descartes, par exemple), de fonder la confiance en notre raison (et nos sens, par la même occasion), par des raisonnements métaphysiques, basés sur le réalisme de l'être, créé par un être intelligent; basés sur un réalisme qui tient compte à la fois de la pensée et de l'être. Si c'est un même Créateur qui a créé notre raison et le monde, alors nous pouvons fonder notre confiance en notre intelligence pour appréhender correctement le monde. En tout cas avec la même certitude que celle sur la base de laquelle nous affirmons la certitude de l'existence de quelque chose (plutôt que rien).
Je préciserais aussi qu'on n'est pas obligé de suivre la voie aristotélico-scolastique, et qu'une saine phénoménologie aboutit aux mêmes résultats (Heidegger (même s'il ne "prouve" que le divin, et non Dieu) ou Husserl; et plus récemment Emmanuel Falque et d'autres).
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M
J'ai repris et amélioré mon commentaire dans un nouvel article : http://metazet.over-blog.com/article-5889446.html
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M
Cher Matthieu, Tu contestes quand je dis que tu ne tiens pas toujours compte de mes remarques. Néanmoins, ce nouvel article en est une parfaite illustration, puisque j'avais déjà sérieusement entamé ce genre de raisonnement analogique dans cet article que je t'invite à relire : http://metazet.over-blog.com/article-2590098.html Peut-être manque-t-il à mon article un exemple concret de raisonnement analogique comparable au tien mais qui mène pourtant à une conclusion manifestement fausse. En voici un : ETAPE 1 : Constat d'une ressemblance poissons / dauphins : Les poissons ont des nageoires / Les dauphins aussi Les poissons vivent dans l'eau / Les dauphins aussi Les poissons ont une forme hydrodynamique / Les dauphins aussi Les poissons n'ont pas de poils / Les dauphins non plus. ETAPE 2 : Remarque au sujet des poissons : Les poissons ont des branchies et pondent des oeufs. ETAPE 3 : Raisonnement analogique : Donc sans doute que les dauphins doivent avoir aussi des branchies et doivent aussi pondre des oeufs. ... ce qui n'est pas le cas puisque se sont des mammifères placentaires. Je ne suis pas d'accord non plus avec tes critiques du fidéisme. Selon toi, le fidéisme proclamerait que la foi est une adhésion aveugle. Si le fidéiste pense effectivement que la croyance en Dieu ne peut être véritablement rationnelle. Cela ne veut pas dire qu'il pense nécessairement qu'elle est anti-rationnelle. De nombreux fidéistes peuvent tenter de vivre rationnellement leur croyance Dieu en cherchant à l'intégrer aux connaissances scientifiques sur le monde. Ce n'est pas la même démarche que de vouloir fonder la croyance en Dieu sur ces mêmes connaissances scientifiques. Ensuite, selon toi, le fidéisme conduirait à l'athéisme car il serait incertain. Toutefois, il n'y a pas besoin que une croyance soit fondée en raison pour qu'elle soit (quasi-)certaine (sinon pour tous, au moins pour la personne qui la professe). Le meilleur exemple que je puis te donner est celui de la croyance en la validité de la raison elle-même. La raison est-elle fondée en raison ? Quel que soit la réponse que tu donneras à cette question, elle conduit à une impasse : soit tu considères que la raison est fondée en raison, mais alors à quoi cela t'avance-t-il puisque ce qui fonde est identique à ce que l'on cherche à fonder ? soit tu considères que la raison n'est pas fondée en raison, et en ce cas : soit tu décides de l'abandonner car elle n'a pas de fondement rationnel, soit tu assumes ton adhésion intuitive à la raison, malgré son absence de fondement ultime... Je crois au contraire que c'est l'évidentialisme qui conduit à l'athéisme, car si ta croyance en Dieu dépend d'aspects observables du monde, elle dépendra de la connaissance que l'on aura de ce monde. Tu ne peux pas nier qu'avant Darwin, il était beaucoup plus facile de croire en Dieu sur la base de l'observation de la nature, car on ne savait pas comment avait pu apparaître les êtres vivants dans toute leur diversité. A présent, on a une bonne théorie (certes imparfaite pour le moment) pour en rendre compte. Des interrogations demeurent, notamment au sujet  de l'apparition des premières cellules vivantes, et les évidentialistes en quète de preuves de Dieu se jettent stratégiquement sur ce trou non encore comblé de la connaissance. Peut-etre sera-t-il comblé un jour et il leur faudra se trouver un nouveau mystère, et ainsi de suite. L'évidentialisme ne se base pas tant sur la connaissance que l'on a du monde que sur l'ignorance qu'il  nous reste à combler. Le Dieu des évidentialistes est donc un Dieu des trous, et comme il y aura sans doute toujours des trous, les évidentialistes les plus acharnés n'auront jamais l'impression de voir leurs thèses réfutées... mais elles deviendront de plus en plus difficile à soutenir. Et les plus éclairés finiront par devenir athées, agnostiques ou fidéistes. Bien sûr, il arrive que certaines découvertes fassent (ou semblent faire) apparaître de plus gros trous qu'elles n'en bouchent. C'est le cas avec la mécanique quantique, le théorème d'incomplétude de Goëdel, la relativité, etc. C'est alors une véritable aubaine pour les évidentialistes qui y voient (c'est la "grande mode" en ce moment : http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-5863957.html ) toute une nouvelle terra incognita propre à alimenter leur "rêveries" théologiques... NB : Le terme "rêveries" n'est pas à prendre de manière péjorative : on est bien face à un phénomène très similaire à celui que l'on observait autrefois, où les contrées lointaines et inexplorées étaient peuplées en imagination de créatures fabuleuses et légendaires... Amicalement, Miky
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