31 octobre 2006 2 31 /10 /octobre /2006 08:27

Extrait de l'enseignement dispensé par le Pape Benoît XVI sur la Tradition de l’Eglise, lors des audiences générales des 26 avril et 3 mai 2006.

La Tradition est la communion des fidèles autour des pasteurs légitimes au cours de l'histoire, une communion que l'Esprit Saint alimente en assurant la liaison entre l'expérience de la foi apostolique, vécue dans la communauté originelle des disciples, et l'expérience actuelle du Christ dans son Eglise.

En d'autres termes, la Tradition est la continuité organique de l'Eglise, Temple de Dieu le Père, érigé sur le fondement des Apôtres et tenu ensemble par la pierre angulaire, le Christ, à travers l'action vivifiante de l'Esprit (…).

Grâce à la Tradition, garantie par le ministère des Apôtres et de leurs successeurs, l'eau de la vie qui jaillit du côté du Christ et son sang salutaire rejoignent les femmes et les hommes de tous les temps. Ainsi, la Tradition est la présence permanente du Sauveur qui vient nous rencontrer, nous racheter et nous sanctifier dans l'Esprit à travers le ministère de son Eglise, à la gloire du Père (…).

Nous pouvons donc dire que la Tradition n'est pas une transmission de choses ou de paroles, une collection de choses mortes. La Tradition est le fleuve vivant qui nous relie aux origines, le fleuve vivant dans lequel les origines sont toujours présentes. Le grand fleuve qui nous conduit aux portes de l'éternité. Et étant ainsi, dans ce fleuve vivant se réalise toujours à nouveau la parole du Seigneur que nous avons entendue au début sur les lèvres du lecteur: "Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde" (Mt 28, 20).

La communauté, née de l'annonce évangélique, se reconnaît comme étant convoquée par la parole de ceux qui les premiers ont fait l'expérience du Seigneur et qui ont été envoyés par Lui. Elle sait pouvoir compter sur la direction des Douze, ainsi que sur celle de ceux que ces derniers associent à eux au cours du temps comme successeurs dans le ministère de la parole et dans le service à la communion (...).

Le Concile Vatican II commente:  "Quant à la Tradition reçue des Apôtres, elle comprend tout ce qui contribue à conduire saintement la vie du peuple de Dieu et à en augmenter la foi; ainsi l'Eglise perpétue dans sa doctrine, sa vie et son culte, et elle transmet  à  chaque génération, tout ce qu'elle est elle-même, tout ce qu'elle croit" (Const.  Dei  verbum,  n. 8). L'Eglise transmet tout ce qu'elle est et qu'elle croit, elle le transmet dans le culte, dans la vie, dans la doctrine.

La Tradition est donc l'Evangile vivant, annoncé par les Apôtres dans son intégrité, sur la base de la plénitude de leur expérience unique et sans égale :  à travers leur oeuvre, la foi est communiquée aux autres, jusqu'à nous, jusqu'à la fin du monde. La Tradition est donc l'histoire de l'Esprit qui agit dans l'histoire de l'Eglise à travers la médiation des Apôtres et de leurs successeurs, en continuité fidèle avec l'expérience des origines.

C'est ce que précise le Pape saint Clément Romain vers la fin du Ier siècle:  "Les Apôtres - écrit-il - nous annoncèrent l'Evangile envoyé par le Seigneur Jésus Christ, Jésus Christ fut envoyé par Dieu. Le Christ vient donc de Dieu, les Apôtres du Christ :  tous deux procèdent de manière ordonnée de la volonté de Dieu. [...] Nos Apôtres eurent connaissance par notre Seigneur Jésus Christ que des disputes seraient nées autour de la fonction épiscopale. C'est pourquoi, prévoyant parfaitement l'avenir, ils établirent les élus et leur donnèrent l'ordre, afin qu'à leur mort d'autres hommes expérimentés assument leur charge" (Ad Corinthios, 42.44:  PG 1, 292.296).

Cette chaîne du service se poursuit jusqu'à aujourd'hui, elle se poursuivra jusqu'à la fin du monde. En effet, le mandat conféré par Jésus aux Apôtres a été transmis par eux à leurs successeurs. Au-delà de l'expérience du contact personnel avec le Christ, expérience unique et sans égale, les Apôtres ont transmis à leurs successeurs l'envoi solennel dans le monde reçu du Maître.

Apôtre vient précisément du terme grec "apostéllein", qui veut dire envoyer. L'envoi apostolique - comme le révèle le texte de Mt 28, 19sq - implique un service pastoral ("faites des disciples de toutes les nations..."), liturgique ("baptisez-les...") et prophétique ("apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés"), garanti par la proximité du Seigneur jusqu'à la fin des temps ("et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde"). Ainsi, de manière différente des Apôtres, nous avons nous aussi une expérience véritable et personnelle de la présence du Seigneur ressuscité.

A travers le ministère apostolique, c'est le Christ lui-même qui atteint ainsi celui qui est appelé à la foi. La distance des siècles est surmontée et le Ressuscité s'offre vivant et agissant pour nous, dans l'aujourd'hui de l'Eglise et du monde. Telle est notre grande joie. Dans le fleuve vivant de la Tradition, le Christ n'est pas à deux mille ans de nous, mais il est réellement présent parmi nous et il nous donne la Vérité, il nous donne la lumière qui nous fait vivre et trouver la route vers l'avenir.

Lire le texte intégral des audiences générales du 26 avril 2005 et du 3 mai 2005

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

L
Ce n'est pas une "théorie", mais une description de ce qu'est la tradition "légitime", relative au Christ,et objet de notre foi catholique; il n'est pas ici question des mauvais sujets, source de scandale dans l'histoire de l'Eglise... Ce texte auquel j'adhère à cause de ma foi, reprends ce que Matthieu dit de la tradition en lui donnant tout son sens spirituel. Notre pape y parle d'une réalité vivante et non justement d'un principe de foi sans vérité et sans vie.Mais peu accordent à l'Eglise son vrai sens spirituel,en négligeant sa dimension à la fois transcendante et humaine; justement,il s'agit bien de sortir des théories. Mais il ne faut pas occulter non plus ce qui blesse la mission de l'Eglise, "sacrement de salut", et les maux sont nombreux...
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A
Complètement en désaccordSelon cette théorie, même Alexandre VI Borgia est le digne successeur des âpotresz, porteur de l'Esprit Saint. Ainsi, tout ce pour quoi JP II a fait repentance était aussi inspiré par l'esprit saint. Il n'y a pas, dans le chrisitianisme, de "pasteurs légitimes". C'est une grande différence d'approche entre catholiques et protestants. Je n'arriverai pas à te convaincre (pas plus que toi de me convaincre). Heureusement que l'église catholique n'a plus les moyens d'éradiquer ceux qui contestent son pouvoir et sa volonté de monopole sur la parole de Dieu.
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L
100% d'accord, alors! Lucienne
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