8 juillet 2009 3 08 /07 /juillet /2009 11:52



Extrait du discours du Pape Benoît XVI aux 250 représentants d’une dizaine de confession chrétienne lors de la rencontre œcuménique dans l’Eglise Saint-Jospeh à Noew York, le 18 avril 2009.

 


Nous venons d'entendre le passage de l'Ecriture où Paul – le "prisonnier à cause du Seigneur" – formule son appel chaleureux aux membres de la communauté chrétienne d'Ephèse. "Je vous exhorte – écrit-il – à mener une vie digne de l'appel que vous avez reçu... appliquez-vous à conserver l'unité de l'Esprit par ce lien qu'est la paix" (Ep 4, 1-3). Ainsi, au terme de son appel passionné à l'unité, Paul rappelle à ses lecteurs que Jésus, une fois monté au ciel, a déversé sur les hommes tous les dons nécessaires à l'édification du Corps du Christ (cf. Ep 4, 11-13).
C'est avec tout autant de force que retentit aujourd'hui l'exhortation de Paul. Ses paroles nous donnent la certitude que le Seigneur ne nous abandonnera jamais dans notre recherche de l'unité. Elles nous invitent par ailleurs à vivre de manière à rendre témoignage de cet unique "cœur" et "âme" (Ac 4, 32), qui a toujours été le trait caractéristique de la koinonia chrétienne (cf. Ac 2, 42), et la force qui attire ceux qui sont au dehors à venir faire partie de la communauté des croyants de manière à ce qu'ils puissent eux aussi partager l'"insondable richesse du Christ" (Ep 3, 8). 

La mondialisation a placé l'humanité entre deux extrémités. D'un côté le sens croissant de l'interrelation et de l'interdépendance entre les peuples eux-mêmes quand – si l'on parle en termes géographiques et culturels – ils sont distants entre eux. Cette nouvelle situation offre la possibilité d'améliorer le sens de la solidarité mondiale et du partage des responsabilités pour le bien de l'humanité. D'autre part, on ne peut nier que les changements rapides qui ont lieu dans le monde font aussi apparaître des signes évidents de fragmentation et de repli dans l'individualisme. Le recours toujours plus large à l'électronique dans le monde des communications a paradoxalement provoqué une croissance de l'isolement. Beaucoup – y compris des jeunes – cherchent pour cette raison des formes plus authentiques de communauté. Une autre source de grave inquiétude est la diffusion de l'idéologie séculariste qui mine voire rejette la vérité transcendante. La possibilité même d'une révélation divine, et donc de la foi chrétienne, est souvent mise en discussion par des modes de pensée largement présentes dans les domaines universitaires, dans les mass médias et dans l'opinion publique. C'est pourquoi un témoignage fidèle de l'Evangile est plus que jamais nécessaire. Il est demandé aux chrétiens de rendre raison avec clarté de l'espérance qui est en eux (cf. 1 P 3, 15).


Trop souvent les non-chrétiens, qui observent la fragmentation des communautés chrétiennes, se retrouvent à juste titre confus sur le message même de l'Evangile. Des croyances et des comportements chrétiens fondamentaux sont parfois modifiés au sein des communautés par ce que l'on appelle des "actions prophétiques" fondées sur une herméneutique qui n'est pas toujours en harmonie avec les données de l'Ecriture et de la Tradition. Par conséquent, les communautés renoncent à agir comme un corps uni, et préfèrent en revanche œuvrer selon le principe des "options locales". Au cours de ce processus, s'égare le besoin de koinonia diachronique – la communion avec l'Eglise de tous les temps – précisément au moment où le monde a perdu son orientation et a besoin de témoignages communs et convaincants sur le pouvoir salvifique de l'Evangile (cf. Rm 1, 18-23).


Face à ces difficultés, nous devons en premier lieu nous rappeler que l'unité de l'Eglise dérive de la parfaite unité de
la Trinité. L'Evangile de Jean nous dit que Jésus a prié pour que ses disciples ne soient qu'un, "comme tu es en moi... et moi en toi" (cf. Jn 17, 21). Ce passage reflète la ferme conviction de la communauté chrétienne des origines que son unité était le fruit et le reflet de l'unité du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Cela, à son tour, montre que la cohésion réciproque des croyants était fondée sur la pleine intégrité de la confession de leur credo
(cf. 1 Tm 1, 3-11). Dans tout le Nouveau Testament, nous lisons que les Apôtres furent de manière répétée appelés à rendre raison de leur foi tant vis-à-vis des païens (cf. Ac 17, 16-34) que des juifs (cf. Ac 4, 5-22; 5, 27-42). Le noyau central de leur argumentation fut toujours le fait historique de la résurrection corporelle du Seigneur de la tombe (Ac 2, 24, 32; 3, 15; 4, 10; 5, 30;10, 40; 13, 30). L'efficacité dernière de leur prédication ne dépendait pas de "discours enseignés" ou de l'"humaine sagesse" (1 Co 2, 13), mais plutôt de l'action de l'Esprit (Ep 3, 5) qui confirmait le témoignage digne de foi des Apôtres (cf. 1 Co 15, 1-11). Le cœur de la prédication de Paul et de l'Eglise des origines n'était autre que Jésus Christ, et "Jésus Christ crucifié" (1 Co 2, 2). Et cette proclamation devait être garantie par la pureté de la doctrine normative exprimée dans les formules de foi – les symboles – qui articulaient l'essence de la foi chrétienne et constituaient le fondement de l'unité des baptisés (cf. 1 Co 15, 3-5 ; Ga 1, 6-9; Unitatis redintegratio, n. 2).

Chers amis, la force du kerygma n'a rien perdu de son dynamisme intérieur. Nous devons toutefois nous demander si toute sa vigueur n'est pas atténuée par une approche relativiste de la doctrine chrétienne semblable à celle que nous trouvons dans les idéologies sécularisées qui, en soutenant que seule la science est "objective", relèguent complètement la religion dans le domaine subjectif du sentiment de l'individu. Les découvertes scientifiques et leurs réalisations à travers l'intelligence humaine offrent sans aucun doute à l'humanité de nouvelles possibilités d'amélioration. Cela ne signifie pas cependant, que le "connaissable" soit limité à ce qui est empiriquement vérifiable, ni que la religion soit confinée dans le royaume changeant de l'"expérience personnelle".


L'acceptation de cette ligne de pensée erronée conduirait les chrétiens à conclure que dans la présentation de la foi chrétienne il n'est pas nécessaire de souligner la vérité objective, parce qu'il faut uniquement suivre sa propre conscience et choisir la communauté qui répond le mieux à nos goût personnels. Le résultat peut se vérifier dans la prolifération continuelle de communautés qui évitent souvent des structures institutionnelles et minimisent l'importance pour la vie chrétienne du contenu doctrinal.


Même au sein du mouvement œcuménique, les chrétiens peuvent se montrer hésitants à affirmer le rôle de la doctrine, par crainte qu'il puisse exacerber plutôt que soigner les blessures de la division. Malgré cela, un témoignage clair et convaincant rendu au salut opéré pour nous en Jésus Christ doit se fonder sur la notion d'un enseignement apostolique normatif – un enseignement qui souligne véritablement la parole inspirée de Dieu et soutient la vie sacramentelle des chrétiens d'aujourd'hui.


C'est uniquement en "gardant fermement" l'enseignement sûr (cf. 2 Ts 2, 15) que nous réussirons à répondre aux défis auxquels nous sommes appelés à nous confronter dans un monde qui change. Ce n'est qu'ainsi que nous donnerons un témoignage ferme à la vérité de l'Evangile et à son enseignement moral. Tel est le message que le monde s'attend à entendre de nous.
Tout comme les premiers chrétiens, nous avons la responsabilité de rendre un témoignage transparent des "raisons de notre espérance", afin que les yeux de tous les hommes de bonne volonté puissent s'ouvrir et voir que Dieu a manifesté son visage (2 Co 3, 12-18) et nous a permis d'accéder à sa vie divine à travers Jésus Christ. Lui seul est notre espérance! Dieu a révélé son amour pour tous les peuples à travers le mystère de la passion et de la mort de son Fils, et il nous a appelés à proclamer qu'il est vraiment ressuscité, il s'est assis à la droite du Père et "il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts" (Credo de Nicée).

Puisse la Parole de Dieu que nous venons d'entendre ce soir enflammer d'espérance nos cœurs sur le chemin de l'unité (cf. Lc 24, 32). Puisse cette rencontre de prière être un exemple de la place centrale de la prière dans le mouvement œcuménique (cf. Unitatis redintegratio, n. 8) car,
sans prière, les structures, les institutions et les programmes œcuméniques seraient privés de leur cœur et de leur âme.


Lire le texte intégral du discours du Pape Benoît XVI

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Publié par Matthieu BOUCART -
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