24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 18:48



Réponses du Pape Benoît XVI aux questions des évêques américains lors de la célébration des Vêpres au Sanctuaire de l’Immaculée Conception à Washington DC, le 16 avril 2008.


Le Saint-Père est interrogé au sujet d'"un certain processus silencieux" par lequel les catholiques abandonnent la pratique de la foi, parfois par une décision explicite, mais plus souvent silencieusement et graduellement en s'éloignant de la participation à la messe et de l'identification avec l'Eglise.

Tout cela dépend en grande partie de la diminution progressive d'une culture religieuse, parfois comparée de manière méprisante à un "ghetto", qui pourrait renforcer la participation et l'identification avec l'Eglise. Comme je viens à peine de le dire, l'un des grands défis que l'Eglise doit affronter dans ce pays est celui de cultiver une identité catholique qui n'est pas principalement basée sur des éléments externes, mais plutôt sur une manière de penser et d'agir enracinée dans l'Evangile et enrichie sur la base de la tradition vivante de l'Eglise.

Le sujet concerne clairement des facteurs comme l'individualisme religieux et le scandale. Mais allons au cœur de la question :
la foi ne peut survivre si elle n'est pas nourrie, si elle "n'opère pas par la charité" (Ga 5,6). Les gens ont-ils aujourd'hui des difficultés à rencontrer Dieu dans nos églises? Peut-être notre prédication a-t-elle perdu de son sel? Ne pourrait-ce être dû au fait que beaucoup ont oublié, ou même n'ont jamais appris, à prier dans et avec l'Eglise?

Je ne parle pas ici des personnes qui quittent l'Eglise à la recherche d'"expériences" religieuses subjectives ; c'est un sujet pastoral qu'il faut affronter dans ses propres termes. Je pense que nous parlons de personnes qui ont quitté la route sans avoir consciemment rejeté la foi dans le Christ, mais qui, pour une raison quelconque, n'ont pas reçu la force vitale de la liturgie, des sacrements, et de la prédication. Et
pourtant la foi chrétienne, comme nous le savons bien, est essentiellement ecclésiale, et sans un lien vivant avec la communauté, la foi de l'individu ne grandira jamais jusqu'à maturité. Pour revenir à la question que nous venons de traiter : le résultat peut être une apostasie silencieuse.

Laissez-moi donc faire deux brèves observations sur la question du "processus de l'abandon", qui, je l'espère, feront naître de futures réflexions.

En premier lieu, comme vous le savez, il est de plus en plus difficile dans les sociétés occidentales de parler de manière sensée de "salut"
. Et pourtant le salut – la libération de la réalité du mal et le don d'une vie nouvelle et libre dans le Christ – est au cœur même de l'Evangile. Nous devons redécouvrir, comme je l'ai déjà dit, de nouvelles et captivantes manières de proclamer ce message et réveiller une soif de cette plénitude que seul le Christ peut donner. C'est dans la liturgie de l'Eglise, et surtout dans le sacrement de l'Eucharistie, que ces réalités se manifestent de la manière la plus puissante et sont vécues dans l'existence des croyants ; nous avons peut-être encore fort à faire pour réaliser la vision du Concile sur la liturgie, comme exercice du sacerdoce commun et comme élan pour un apostolat fructueux dans le monde.


En deuxième lieu, nous devons reconnaître avec préoccupation l'éclipse presque totale d'un sens eschatologique dans beaucoup de nos sociétés de tradition chrétienne
. Comme vous le savez, j'ai soulevé cette question dans l'Encyclique Spe salvi. Qu'il suffise de dire que foi et espérance ne sont pas limitées à ce monde : en tant que vertus théologales elles nous unissent au Seigneur et nous mènent vers l'accomplissement non seulement de notre destin mais aussi de celui de toute la Création. La foi et l'espérance sont l'inspiration et la base de nos efforts pour nous préparer à la venue du Règne de Dieu.
Il ne peut y avoir de place dans le christianisme pour une religion purement privée : le Christ est le Sauveur du monde et, en tant que membres de son Corps et participants de ses munira prophétique, sacerdotal et royal, nous ne pouvons séparer notre amour pour Lui de l'engagement de l'édification de son Eglise et de l'élargissement de son Royaume. Dans la mesure où la religion devient une affaire purement privée, elle perd son âme même.

Permettez-moi de conclure en affirmant une évidence. Les champs sont à ce jour prêts pour la moisson (cf. Jn 4, 35) ; Dieu continue à faire croître la moisson (cf. 1 Co 3, 6). Nous pouvons et nous devons croire, avec le défunt Pape Jean-Paul II, que
Dieu prépare un nouveau printemps pour la chrétienté (cf. Redemptoris missio, 86). Ce dont on a le plus besoin, en ce moment spécifique de l'histoire de l'Eglise en Amérique, c'est du renouvellement de ce zèle apostolique qui inspire ses pasteurs de manière active pour chercher les brebis égarées, soigner celles qui ont été blessées et renforcer les faibles (cf. Ez 34, 16). Et cela, comme je l'ai dit, exige de nouvelles manières de penser basées sur un diagnostic sain des défis contemporains et un engagement pour l'unité dans le service à la mission de l'Eglise envers les générations présentes.


Lire le texte intégral des réponses du Pape Benoît XVI

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Publié par Matthieu BOUCART -
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