17 mai 2009 7 17 /05 /mai /2009 18:09

Nous achevons notre méditation des versets 25 à 27 du chapitre 19 de l’Evangile selon Saint Jean.

Nous sommes ici au sommet de la Passion du Seigneur (cf. notre premier article, n°7) ; Jésus va livrer dans quelques instants son dernier soupir. Peu avant d’expirer, le Seigneur accomplit un geste dont l’Eglise ne cessera durant les vingt siècles de son Histoire de contempler l'abyssale portée, en confiant à sa Mère le disciple qu’il aimait ("Voici ton fils"...) et en présentant Marie au disciple bien-aimé comme sa propre mère ("Voici ta Mère"). Par ce dernier acte, Jésus nous livre une ultime révélation, capitale dans le dessein de Salut de Dieu, sur le rôle maternel de la Vierge Marie envers ses disciples – ici figurés par la personne du disciple bien-aimé (cf. premier article, n°8 ; et second article, n°12).

18.
 Nous ayant ainsi confié sa Mère, Jésus nous a tout donné. Il peut alors « rendre l’esprit » (cf. Jn 19. 30), et s’endormir en paix, seul, dans la confiance (cf. Ps 4. 9).

« Jésus, sur la Croix, est plus pauvre que jamais, il nous a tout donné, sa présence, son amour, ses paroles, sa vie. Il a vécu entièrement pour nous et maintenant, il est en train de nous donner sa mort, son pauvre corps épuisé et son sang versé. Il ne lui reste plus qu’un Trésor qui soit bien à Lui, sa Mère, et il n’a jamais eu autant besoin d’elle qu’à cette heure où il se sent horriblement seul, où tous, même le Père bien-aimé, semble-t-il, l’ont abandonné.

« Et bien, voici qu’il va nous donner sa mère car il sait que nous avons besoin d’elle encore plus que Lui,
 « et Jésus dit au disciple, voici ta mère » (19. 27). Pour indiquer ce dernier dépouillement de Jésus, Jean, qui a appelé Marie SA mère au verset 25, l’appellera maintenant LA mère (Jn 19. 26), parce que, après avoir obéi à la requête de son fils, elle est devenue, non plus SA mère à lui, mais LA mère de chacun de nous. Malheureusement, nos traducteurs français ont échappé cette nuance importante. Jésus mourra complètement pauvre ; il est tout nu, il n’a plus rien, pas même sa mère, il nous l’a donnée. » (Notes de retraite – je ne me souviens plus, malheureusement, du nom du prédicateur…).

Jésus avait averti ses disciples : « celui d'entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple » (Lc 14. 33). Car le disciple n’est pas au-dessus du Maître (Lc 6. 40). Et le Maître ici, nous a tout donné.

« Le Christ est mort à lui-même, mort à sa vie mortelle que Marie lui avait donnée. Il est allé plus loin : on peut dire qu’il est « mort » à sa mère, qu’il s’est dépouillé de cette relation filiale, comme, pour se faire homme, il avait « renoncé » à la gloire qui lui venait du Père. Il avait « renoncé » en quelque sorte à son Père. Maintenant, sur la Croix, il renonce à sa mère.
Il la donne à tout être humain pour que l’humanité renaisse à la vie divine, se retrouve pleine de grâce. » (Yves Raguin s.j, « Le Livre de la Vierge », Supplément à la « Vie chrétienne » n°259, p. 56).

19.
 Par le don ultime de sa Mère au disciple qu’il aimait, Jésus inaugure un nouveau mode de relation entre Marie et ses disciples. De même que la Sainte Vierge a porté le Seigneur dans son sein, l’a mis au monde, nourrit et éduqué de telle manière qu’il advienne à sa vie d’homme et réalise pleinement sa vocation de fils d’Israël, de même, le Seigneur institue sur la Croix Marie Mère de tous ses disciples, avec pour mission de les faire advenir à la vie nouvelle dans le Christ, et à l’accomplissement plénier de leur vocation de fils de Dieu ; fils dans le Fils, et membres de son Corps qui est l’Eglise (cf. Col 1. 24) – cf. deuxième article, n°13.

Sur la Croix s’opère donc un mystérieux passage pour la Sainte Vierge, une véritable « Pâque ». De Mère de Jésus qu’elle était sur le plan charnel et humain, elle devient Mère de l’Eglise sur le plan spirituel et mystique, par la grâce opérante de la Parole de Jésus. « Voici ton fils… voici ta Mère… » - formule« quasi sacramentelle » selon Jean-Paul II (cf. deuxième article, n°12).

« Gardons-nous de supposer que cette maternité, du fait qu’elle est spirituelle (mieux : mystique), serait moins réelle que l’enfantement physique. Ce que dit le Verbe, il le fait. Quand Jésus dit : « Voici ton fils », Marie devient plus profondément et effectivement notre mère que par toute maternité seulement biologique. »
 (Bible Chrétienne, II*, p. 737)

20.
 La maternité de la Vierge Marie envers tous les membres de l’Eglise – c'est-à-dire vous, moi –, est une réalité si importante, si essentielle, qu’elle est devenue dans l’Eglise Catholique un article de foi, solennellement réaffirmé par le Concile Vatican II.

Dans son exhortation apostolique « Signum Magnum » de 1967, le Pape Paul VI montrait « que la maternité spirituelle de la Vierge à l’égard des fidèles et de tout le genre humain est le trait le plus spécifique de l’enseignement marial du Concile. Comme Ephèse a défini la maternité divine de la Vierge, Vatican II a définit sa maternité spirituelle. Ces deux maternités sont évidemment liées et ne font que présenter en quelque sorte les deux faces d’un même dessein de Salut : c’est par la maternité que Dieu est devenu le Fils de l’homme et c’est par la maternité que l’homme devient le fils de Dieu. » (P. de Menthière, « L’art de la prière : Je vous salue Marie », Mame Edifa, 2003, page 167).

21.
 Le rôle de la Vierge Marie ne s’est donc pas terminé à la fin de sa vie terrestre. Il continue aujourd’hui, du Ciel. Car notre Dieu « n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » (cf. Mt 22. 32) ! C’est AUJOURD’HUI que la Vierge Marie nous enfante à la Vie nouvelle dans le Christ. C’est AUJOURD’HUI que Jésus nous confie sa Mère comme notre Mère. C’est AUJOURD’HUI que sa Parole « Voici ton fils… voici ta Mère » s’accomplit (cf. Lc 4. 21).

« Après avoir participé au sacrifice rédempteur de son Fils, et d’une manière si intime qu’elle mérita d’être proclamée par lui Mère non seulement de l’Apôtre Jean, mais – qu’il soit permis de l’affirmer – du genre humain en quelque sorte représenté par lui, elle continue maintenant au Ciel à remplir son rôle maternel en coopérant à la naissance et au développement de la vie divine dans chacune des âmes des hommes rachetés. »
 (Paul VI, Signum Magnum, n°1).

« Cette maternité de Marie se continue sans interruption jusqu’à l’accomplissement définitif de tous les élus. En effet, après son Assomption au ciel… par son intercession répétée, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre Salut éternel. Dans son amour maternel, elle prend soin des frères de son Fils qui sont encore en pèlerinage »
 (Lumen Gentium, 62).

22.
 Comment pouvons-nous permettre à la Vierge Marie d’exercer en chacune de nos âmes sa maternité spirituelle ?

En nous inspirant de l’exemple de Saint Jean.

« Depuis l’Heure où Jésus donna Marie comme mère à Saint Jean, le disciple la prit chez lui (Jn 19. 27). Comme lui, nous aurons à la prendre chez nous, c’est-à-dire
 dans notre cœur, et à vivre avec elle dans une intimité de présence qui lui consacre toute notre existence. C’est le sens même de la Consécration à Marie de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Nous lui donnons plein pouvoir sur tout notre être afin qu’il soit totalement consacré à Jésus-Christ (…). En effet, la Vierge immaculée est un trop pur reflet de Dieu pour ne pas nous entraîner à découvrir en elle celui qui est au principe de sa beauté et de sa sainteté (…) Marie est toute relative à Dieu et nous ne pouvons pas prononcer son nom sans qu’elle prononce en nous le Saint Nom de Dieu. » (Jean Lafrance, « En prière avec Marie, mère de Jésus », Mediaspaul 1992, p. 246 à 250).

La clef de notre croissance spirituelle en Jésus réside donc dans la consécration de notre âme, de notre cœur, de tout notre être et de toute notre vie, à la Vierge Marie.
 On ne commet nulle infidélité au Seigneur Jésus en vivant dans la présence de Marie. Bien au contraire : en recevant Marie comme notre Mère, nous agissons en fidèles disciples du Christ, répondant à son invitation expresse sur la Croix à accueillir et honorer Marie comme notre propre Mère.

En devenant dévôt de Marie, nous grandissons dans la fidélité à la Parole de Dieu, en faisant ce qu’il nous commande. La piété envers Marie est donc inséparable de la fidélité au Seigneur Jésus. Bien plus, en vénérant Marie, la mère de Jésus, comme notre propre mère, nous grandissons dans notre communion avec le Christ notre frère. Car si nous avons, par grâce, le même Père qui est aux cieux, nous avons aussi, depuis l’Heure du Golgotha, et en vertu de cette même grâce, la même Mère en la personne de Marie. « Comme l’Esprit lui-même témoigne à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu, de telle sorte que mus par Lui, nous puissions crier : « Abba ! Père ! » (cf. Rm 8. 15-16), de même, l’Esprit de Jésus veut témoigner au secret de notre cœur que nous sommes devenus réellement, au pied de la Croix, enfants de Marie. Et pour cela, continuant à la vénérer en nous, il nous apprend à dire comme Jésus : "Mère". » (Jean Lafrance, op.cit, p. 246 à 250).

L’union spirituelle à la Mère de Dieu des disciples du Christ nous greffe à Lui et permet à son Esprit Saint de répandre ses dons et charismes dans tout le Corps de l’Eglise : il y a en effet une secrète et puissante affinité entre la maternité spirituelle de Marie pour engendrer les frères de Jésus et la fécondité de l’Esprit Saint qui nous fait « naître d’en haut » (cf. Jn 3. 5-8).

« La réflexion théologie ne cesse d’approfondir
 « le mystérieux rapport entre l’Esprit de Dieu et la Vierge de Nazareth, et leur action dans l’Eglise » (Paul VI, Marialis Cultus). Au Cénacle, « on voit Marie appelant elle aussi de ses prières le Don de l’Esprit qui, à l’Annonciation, l’avait déjà elle-même prise sous son ombre » (Lumen Gentium 59). Ce rapprochement entre Annonciation et Pentecôte suggère que la naissance du Christ et la naissance de l’Eglise « qui est son Corps » (Ep. 1. 23) sont l’œuvre du même Esprit Saint, avec pareillement la foi, le consentement et la coopération maternelle de Marie. » (J. Laurenceau, « Parlez-nous de Marie », Salvator, 1976, pages 154-156).

23.
 «  En quel sens Marie forme-t-elle notre cœur et notre conscience de fils ? Nous touchons ici à un point fondamental qui n’est pas seulement d’ordre affectif, mais qui vise surtout notre vie de prière (…). Lorsque Jésus nous dit que nul ne peut entrer dans le Royaume s’il ne se convertit pas à l’état d’enfant, il n’a pas l’intention de nous infantiliser en nous conseillant un comportement fait de naïveté, de gentillesse, voire de puérilité (…). Il nous demande (…) de LE laisser revivre en nous SA condition filiale [de Fils éternel et bien-aimé du Père], en y ajoutant une note d’humilité, de petitesse et de refuge (….). Et c’est là que Marie intervient dans son éducation maternelle (…), [elle qui apprit à Jésus comment vivre humainement en vrai fils de Dieu]. » (Jean Lafrance, op.cit., p. 246 à 250).

« Au plan humain voulu par Dieu-Créateur, la confiance d’un enfant pour son père s’enracine normalement dans la confiance fondamentale de l’enfant pour sa mère, laquelle aime le père en toute confiance. Le Fils de Dieu lui-même a vécu humainement cela près de Marie »
 (J. Laurenceau, op.cit., pages 158-159).

« Il est un domaine où Marie a dû former le cœur [humain] de son fils, c’est celui de la prière (…).C’est là que nous aurons simplement à recourir à Marie, dans l’intercession filiale, pour qu’elle forme en nous la prière des fils, celle de Jésus à son Père.
 Quand Nicodème demande naïvement à Jésus ce qu’il faut faire pour redevenir un enfant :
 « Comment un homme pourrait-il naître s’il est vieux ? Pourrait-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère pour naître ? » (Jn 3. 4), Jésus ne lui répond pas tout de suite ; mais du haut de la Croix, il répond à Nicodème qui rôdait dans les parages du Calvaire (Jn 19. 39). Jésus lui dit : « Voici ta mère », dans le sein de laquelle tu dois rentrer pour redevenir un enfant ! ».

« Nous ne pourrons faire l’économie de ce retour dans le cœur de Marie si nous voulons prier comme Jésus, le Fils par excellence.
 Affirmer cela, c’est nous demander quel lien de « dévotion » va nous relier à Marie. Nous employons ici le terme « dévotion » au sens de se « dévouer » à Marie, en un mot de lui « vouer » notre être. Cette dévotion est d’abord un amour de charité qui nous fait aimer Marie avec le cœur même de son fils. Nous sommes présents à Marie avec l’amour dont le Seigneur entoura sa mère. Aussi cette charité sera-t-elle empreinte du respect filial et de l’admiration qui naissaient dans le cœur de Jésus à la vue de sa mère. » (Jean Lafrance, op.cit., p. 246 à 250).

Autrement dit, unis à Marie, nous grandirons dans l’amour et la confiance en notre Père des Cieux ; nous ressemblerons à Jésus qui l’a aimée et honorée comme sa propre mère ; et ainsi greffés sur son Coeur Sacré, nous permettrons à l’Esprit Saint de répandre ses grâces en chacune de nos âmes et dans toute l’Eglise – comme à l’Annonciation et à la Pentecôte. Pour la gloire de Dieu et le Salut du monde.

24.
 Saint Jean conclut le verset 27 de son chapitre 19 par une formule riche de sens : « Et à partir de cette heure, le disciple l’accueillit chez lui » (Jn 19. 27). Chaque mot ici a son poids de signification.

« Et à partir de cette heure »
 : « La formule contient une tension. Une perspective est ouverte sur le temps à venir, mais qui a commencé dans une action bien déterminée : il la prit chez lui. Ajoutons que le « Et » initial prend valeur de conséquence : la proposition de ce verset 27b qu’il introduit est la réponse « du disciple » à la Révélation : Marie est ta mère (avec toujours l’anonymat, d’application illimitée). » (Bible Chrétienne, II*, page 738) Marie est ta Mère, dit Jésus à Saint Jean. Alors, à partir de ce moment là, Jean la prend chez lui, comme sa propre Mère.

« Dans le contexte du quatrième Evangile, aucun doute n’est possible. La mention de l’Heure n’a rien de chronologique. Elle signifie, ici comme à Cana (
« Mon heure n’est pas encore venue ») l’Heure de la pleine Révélation du Christ. Si le disciple accueille Marie comme Mère à partir de cette Heure là, cela signifie théologiquement que la maternité spirituelle de la Vierge est scellée dans la mort-résurrection du Christ. Cette mort-resurrection, cette Pâques de Jésus, est en effet le grand signe de la pleine révélation de sa gloire. Autrement dit, c’est lorsque Jésus est pleinement manifesté comme Fils de Dieu Sauveur que Marie est pleinement constituée dans son rôle de Mère des hommes. » (P. de Menthière, op.cit.) – cf. deuxième article, n° 12.

25.
 « Le disciple la prit » : « Ce verbe [prendre] peut avoir le sens de saisir (une chose), ou de recevoir (une réalité spirituelle, comme l’Esprit Saint), enfin d’accueillir quand il s’agit d’une personne qui, en Saint Jean, est toujours Jésus est son message – à la seule exception de Jn 19. 27 où c’est Marie qui se trouve donc ainsi traitée par le seul disciple comme son Maître. » (Bible Chrétienne, II*, page 738)

26.
 « chez lui » : « Outre sa simplicité lapidaire, l’expression « la prit chez lui » a l’avantage de garder un sens premier d’hospitalité et de convivialité qui n’est pas sans importance. Mais il faut y mettre surtout une nouvelle relation spirituelle entre Jean et Marie : celle que la Parole précédente du Christ a déterminée. Mieux que des conditions de vie matérielle, se trouve ainsi indiqué ce que Jean a vécu dans la foi comme le plus haut don que son Maître ait pu lui communiquer : d’être formé par la même mère que lui ! Traduction proposée par le P. de la Potterie : « Il l’accueillit dans son intimité ». » (Bible Chrétienne, II*, page 738)

« Certes, dans le sens littéral, on peut penser que Saint Jean prit la Vierge dans sa maison. Qu’il en prit soin jusqu’au jour où elle connut son Assomption (…). Mais le sens du texte évangélique est certainement beaucoup plus large. D’ailleurs, il n’est pas dit seulement que le disciple prit la Vierge chez lui, mais « comme sienne », « dans ses biens propres » pourrait-on traduire. C’est-à-dire qu’il la reçut comme sa propre mère, selon la parole qu’il avait entendue de Jésus. Être disciple désormais consistera d’abord à accueillir Marie comme sa propre Mère. Cela est un
préalable, notons-le bien, à toutes les missions qui incombent par ailleurs au disciple. C’est brûler les étapes que de prétendre évangéliser ou œuvrer pour la justice si l’on a pas en premier lieu reçu Marie comme Mère. Au moment de mourir, Jésus n’a pas confié au seul disciple qui lui fut resté fidèle d’autre tâche que celle-ci : accueillir Marie. » (P. de Menthière, op. cit.,  p. 160).

« Quant au disciple, il reçoit ici pour unique mission d’avoir Marie pour Mère. Sa première tâche n’est pas d’aller prêcher l’Evangile, mais de devenir le ‘fils’ de Marie. Pour lui et pour tous les autres, il est plus important d’être croyant qu’être apôtre. La mission apostolique lui sera confiée plus tard, après la Résurrection (Jn 20. 21 ; 21. 20-23) mais être fils de Marie et de l’Eglise-Mère est le premier et le plus fondamental aspect de toute son existence de chrétien »
(Ignace de la Potterie, « Marie dans le mystère de l’Alliance », Paris, Desclée, « Jésus et Jésus-Christ » n°34, 1998, p. 253).

27.
 Il nous reste pour conclure à examiner le verset suivant immédiatement notre passage de Jn 19. 25-27, qui confirme l’immense portée de cette importante section. Il s’agit du verset 28 : « Après cela, sachant que désormais toutes choses étaient accomplies, et pour que l'Écriture s'accomplisse jusqu'au bout, Jésus dit : « J'ai soif. » »

« Après cela »
 : l’expression grecque indique un rapport direct avec ce qui précède. Le « tout est accompli » se rapporte donc clairement au lien de maternité-filiation institué par le Christ entre sa Mère et son (ses) disciple(s).

« sachant que tout est accompli »
 : signifie sachant que tout est achevé, parfait ; ou encore, selon la traduction classique, que « tout est consommé » (Osty).

« Jésus dit : j’ai soif »
 : Des théologiens modernes rattachent le « pour que l’Ecriture s’accomplisse jusqu’au bout » non à ce qui suit, mais à ce qui précède. Ce qui donnerait – d’une seule traite : « Sachant que désormais toutes choses étaient accomplies pour que l’Ecriture s’accomplisse jusqu’au bout »... Autrement dit, ce qui serait visé pour désigner l’accomplissement plénier de Ecritures ne serait plus la 4e parole (« J’ai soif »)... mais la 3e (à Marie et à Saint Jean : « Voici ton fils… Voici ta Mère… »).

« Dans la première interprétation, c’est la parole sur la soif qui est le plein accomplissement de l’Ecriture. Mais de l’avis de nombreux exégètes, la deuxième interprétation est mieux fondée dans le texte grec. Or, selon cette seconde hypothèse, l’accomplissement de toute l’Ecriture réside non pas dans la parole de Jésus « J’ai soif », mais bien dans l’épisode précédent. C’est le don de Marie comme Mère au disciple bien-aimé qui met le sceau à toute l’activité messianique de Jésus. Il ne lui suffisait pas de donner sa vie pour nous, il fallait encore qu’il nous donnât celle qui lui avait donné la vie ! C’est par cet acte seulement que son dépouillement serait total.

« Le Seigneur est conscient d’avoir accompli toutes les Ecritures quand il a donné sa propre Mère au disciple qu’il aimait.

« Les derniers mots du Christ au disciple et à sa Mère donnent son ultime Testament, achèvement de toutes les Ecritures. »
 (P. de Menthière, op. cit., p. 158).

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

G
Bonjour<br /> Le texte en latin et en araméen ne dit il pas plutôt "et dès cette heure, elle le conduit comme disciple"?<br /> 27 deinde dicit discipulo ecce mater tua et ex illa hora accepit eam discipulus in sua<br /> ܘܶܐܡܰܪ ܠܬ݂ܰܠܡܺܝܕ݂ܳܐ ܗܰܘ ܗܳܐ ܐܶܡܳܟ݂ ܘܡܶܢ ܗܳܝ ܫܳܥܬ݂ܳܐ ܕ݁ܰܒ݂ܪܳܗ ܬ݁ܰܠܡܺܝܕ݂ܳܐ ܗܰܘ ܠܘܳܬ݂ܶܗ
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J
Cher Ti'hamo,Je vois que vous avez un sens de l'humour très au-dessus de la moyenne et que comme tous les curés qui ont commenté l'évangile de ce dimanche vous vous foutez de Judas comme de votre première culotte . Mais passons ; les imbéciles rient toujours de ce qu'ils ne comprennent pas ou/et de ce qui les gêne... et ce n'est pas le sujet.Je vois aussi que vous avez la "bonne" habitude de répondre à ce qui ne vous gêne pas et d'"oublier" ce qui vous gêne. Car il y avait 4 points dans mon post et vous ne répondez qu'à deux.Le texte de Luc : Jésus ne dit pas qu'il doit s'occuper d'abord des affaires de son Père, contrairement à ce que vous affirmez, à tort. Il n'y a nulle part le mot d'abord. Vous avez rêvé. Il doit s'en occuper. Un point, c'est tout.D'ailleurs Jésus invitera plus tard ses interlocuteurs à abandonner leur famille (soeurs, frères, mère, père) pour lui... Quant au verbe "se moque" il est sans doute mal choisi ; il ne faisait pas allusion à une moquerie mais à une indifférence.Le texte de Cana : nous sommes là dans un pendant du texte de Marie au pied de la Croix, où elle est appelée "femme", elle qui est fille de Sion et symbole du peuple d'Israël (cliquez donc ICI). Aucun autre texte du Nouveau Testament ne fait d'ailleurs la moindre allusion à ces deux événements qu'on considère comme primordiaux théologiquement (y compris si on met en doute leur historicité avec des arguments que vous connaisez sans doute). Cela dit l'expression est utilisée dans plusieurs versets de la Bble, toujours avec le sens que j'ai donné (en termes un peu vulgaires, je vous l'accorde ; mais c'était en réaction à la guimauve "Lafrançaise").On notera que, pour Jean, Jésus n'est pas avec sa mère mais aux mêmes noces qu'elle et avec ses disciples. On notera qu'on est au troisième jour, comme les hébreux au Sinaï en Exode 19. On pourra se reporter à l'article (que je vous recommande) : Dieu et son peuple: la triple Alliance et y trouver des clés pour la lecture symbolique de cet épisode, ainsi qu'une explication de la réaction de Jésus vis-à-vis de sa mère.Malheureusement, vous n'avez rien dit sur les deux derniers points. Joker ?Je pense que s'il y a des côtés psychanalytiques dans les rapports de certains avec Marie, c'est plutôt chez les adeptes de Jean Lafrance qu'il faut les chercher et chez tous ceux qui veulent à tout prix faire partager par Jésus leur amour immodéré pour sa mère, en inventant de toute pièce que lui-même manifestait cet amour.Vous allez donc vous faire un plaisir, cher Ti'hamo, de voler au secours de Jean Lafrance et de m'aider, moi qui ne sais pas lire la Bible, à trouver tous les (nombreuix) passages où ce respect filial  et cette admiration de Jésus pour sa mère se manifestent dans les évangiles, car il doit y en avoir des multitudes si on croit ce qu'il dit !Puis relisez votre dernière phrase ! Vous en êtes vraiment fier ? Tant mieux pour vous ! Mais vous avez trop lu Jean Lafrance ; la guimauve vous colle aux dents.
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T
> JonasVoui, c'est évident, Jésus méprisait sa mère et la tenait pour rien (d'où, d'ailleurs, le rôle éminent de Judas dans la passion) (non, ça n'a rien à voir, c'est juste pour le caser partout).- au Temple, à 12 ans, je ne vois pas où il se "moque de son inquiétude" ? se "moque" ??Il déclare " devoirs'occuper des affaires de son Père. Donc, il place les "affaires de Dieu" avant toute autre, y compris ses parents, et y compris préserver ses propres parents de l'angoisse et des soucis.Si de toute façon il n'avait strictement rien à faire d'eux, et s'en moquait éperduement, alors ce passage et cette phrase perdent tout leur sens. En effet, en quoi peut-on souligner l'importance et le caractère primordial des "affaires de Dieu" si de toute façon tout ce qu'il y avait d'autre à faire était méprisable et sans importance? Vous en parlez comme si ce passage était là pour montrer l'inanité de l'amour en famille puisqu'il faut plutôt discuter avec les Drs de la Loi,alors qu'il me semble qu'au contraire ce passage montre que les affaires de Dieu n'attendent pas et sont plus importantes MÊME QUE le souci de ses parents, de ses proches, et de leurs angoisses.Ce "même que" n'a aucun sens si on se représente comme vous nous le dépeignez un Jésus plein de morgue, de suffisance et de dédain pour sa mère, tout plongé qu'il serait dans de passionnants débats avec les scribes et les rabbis.- à Cana il lui dit en substance : fiche-moi la paix !,...mais agit selon ce qu'elle a demandé.Donc, s'il n'a aucune attention et aucun intérêt pour elle ni pour ce qu'elle dit ou pense, ce geste ne s'explique pas.SURTOUT qu'il a dit : "mon heure n'est pas encore venue" : son heure n'est pas venun ce n'est pas le moment,...et pourtant, il agit et réalise ce miracle. Donc, uniquement parce qu'elle l'a demandé.D'où on conclut très logiquement qu'il se moque de ses demandes, oui. Cela saute aux yeux, effectivement. C'est d'une évidence rare. :-/Vous voudrez bien vous choisir un nom de règne, M.l'Empereur de Chine.D'une manière générale, je ne vois pas bien l'intérêt ou la gloire que semblent trouver certains à régler leurs complexes d'œdipe sur Marie.Un côté un peu enfant grongnon, non ? : "nan, c'est que moi et Jésus, y a pô Marie, j'veux tout seul !".  :-)
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J
Matthieu, je viens de compiler sur Word l'ensemble de ce long et complet article.Je suis très intéressé par le sujet, et j'ai moi-même écrit un article sur le blog dont je m'occupe : Marie, fille de Sion et mère des Chrétiens.Je vais le lire très attentivement, mais je voudrais déjà réagir sur une affirmation de Jean Lafrance (ton article est un festival de mariolâtres...) qui m'a fait lever le sourcil : "Nous sommes présents à Marie avec l'amour dont le Seigneur entoura sa mère. Aussi cette charité sera-t-elle empreinte du respect filial et de l'admiration qui naissait dans le coeur de Jésus à la vue de sa mère".Il faut quand même une sacrée dose de culot - ou d'inconscience, mais je n'y crois pas - pour affirmer de telles contre-vérités !Les évangiles parlent très peu de leurs relations, mais voici quelques points clés :- au Temple, à 12 ans (seule occurrence des synoptiques où il lui parle) il lui dit qu'il doit s'occuper des affaires de son Père, et se moque de son inquiétude- quand on l'avertit qu'elle le cherche (pensant qu'il a perdu la raison), il répond en substance : "qui est ma mère ?" et montrant ses disciples il ajoute :"ma mère est celle qui fait la volonté de Dieu" (laissant clairement entendre que ce n'est pas le cas de la sienne en la circonstance)- quand une femme proclame heureuses les entrailles qui l'ont porté, il répond : "heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la gardent"- en Jean il lui adresse deux fois la parole en l'appelant femme (on sait pourquoi) ; à Cana il lui dit en substance : fiche-moi la paix !Si c'est cela qu'on appelle amour, respect filial et admiration, je suis empereur de Chine !Comment peut-on se moquer à ce point de ses lecteurs ? J'ai mal à Lafrance !!!
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H
Salut Matthieu,Je ne veux pas négliger le rôle de Marie, qui est bien la Mère de l'Eglise, mais les derniers mots du Christ ont été pour ses apôtres, juste avant l'Ascension ! Donc la dernière citation "oublie" en quelque sorte ce qui se passe après la Résurrection. Jésus n'a pas écrit un testament pour sa Maman, mais a annoncé aux 11 qu'il leur enverrait l'Esprit Saint, pour les fortifier dans leur Foi. Cela dit, une dévotion mariale orientée vers le Christ est tout à fait respectable, même si personnelement je mettrais Jésus en n°1 et non pas sur le même plan que la Vierge.   
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