19 décembre 2007 3 19 /12 /décembre /2007 17:59

Le Père Louis Bouyer nous parle de l’importante distinction qu’il convient d’établir entre la foi, le dogme et la théologie, et la manière dont les trois notions s’articulent ensemble.


Je dirais que
la foi, à travers l'expression première dans la Parole de Dieu vivante des prophètes, des apôtres et du Christ, va directement à l'objet même de cette Parole, lequel dépasse, même dans cette énonciation inspirée, révélée, l'expression pour atteindre la réalité fondamentale.

Cette foi en la vérité directement révélée ne peut pas se séparer dans l'Eglise de l'effort fait pour la comprendre, c'est-à-dire pour la relier à tout l'ensemble de notre connaissance, à l'unité même de notre conscience d'être vivants dans le monde et l'histoire. C'est là que prend place
le travail théologique qu'on ne peut jamais isoler (...) du travail d'assimilation de la vérité dans la vie de l'Eglise.

Mais la théologie elle-même demande constamment à être vérifiée, jugée par la conscience de l'Eglise telle qu'elle s'exprime dans les décisions du Magistère, et plus généralement aussi dans toute la réaction du sens chrétien des fidèles quand il est unanime.
Les dogmes sont les formulations qui expriment ces jugements et qui serviront ensuite de guides aux théologiens postérieurs dans l'interprétation de la Parole de Dieu, en leur montrant les voies à éviter et en leur indiquant, surtout par exclusions mutuelles, la voie du développement fructueux et fidèle.

Il faut donc bien distinguer la Révélation du travail théologique. La foi de l'Eglise et de chacun peut atteindre directement l'objet de la Révélation qui est Dieu même, communiquant sa vie. De cette expression première et inspirée de la Révélation découle le travail théologique, qui vient
après et en est l'explication professionnelle si l'on peut dire. Ce travail, qui se fait dans tout le Corps de l'Eglise, doit être lui-même distingué des définitions dogmatiques qui permettent, elles, au Magistère d'authentifier le travail théologique, en disant s'il est accompli sous la poussée de l'Esprit, ou s'il n'est au contraire que le résultat du péché et de l'erreur humaine.


Louis Bouyer, « Le métier de théologien », Editions France-Empire, 1979.

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

M
Qu'il manque des choses au protestantisme, le catholique que je suis ne peut que l'affirmer sans manquer, je crois, à la charité. Je l'ai d'ailleurs déjà développé ici : http://totus-tuus.over-blog.com/article-13712368.html.Que l'Ecriture maintenant doive éclairer le Magistère, c'est évident, et c'est ce qu'elle fait. Contrairement à ce que tu as l'air de penser, le Magistère n'est pas une instance toute puissante qui déciderait arbitrairement ce qui doit être la norme en matière de foi et de morale. Le Magistère est au service de la foi catholique - de l'Ecriture Sainte et de la Tradition -, et doit veiller particulièrement à la préservation de son intégrité en même temps qu'à son développement naturel, sous la conduite de l'Esprit Saint. En ce sens donc, le Magistère est lié.Cf. http://totus-tuus.over-blog.com/article-3833715.html
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M
""Et qui juge que ces fruits sont bons ou mauvais ?..."L'Ecriture, peut-être..."Voici ce que produit l'Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi" (Ga 5. 22-23)."Donc de deux choses l'une mon cher Matthieu, soit tu es obligé d'affirmer que les protestants manquent au moins de l'une de ces choses :- amour- joie- paix- bonté- bienveillance- foi- humilité- maîtrise de soiSoit tu es obligé d'admettre qu'ils sont tout autant inspirés par l'Esprit Saint que les catholiques.Et d'ailleurs... en me citant l'Ecriture pour répondre à ma question au sujet de qui juge que ces fruits sont bons ou mauvais, tu confirmes - sans doute involontairement ! - le bien-fondé de la démarche protestante : soumettre le magistère à l'éclairage de l'Ecriture !Maintenant... si tu me dis que c'est l'interprétation magistériale de l'Ecriture que tu entendais par là, alors tu commets une pétition de principe : on a le droit de critiquer le magistère, mais l'expérience montre que ça ne porte pas de bons fruits, car ce faisant, on critique l'interprétation des Ecritures du magistère...
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M
"Et qui juge que ces fruits sont bons ou mauvais ?..."L'Ecriture, peut-être..."Voici ce que produit l'Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi" (Ga 5. 22-23).
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M
Et qui juge que ces fruits sont bons ou mauvais ?... si c'est le magistère, alors c'est une pétition de principe : on a le droit de critiquer le magistère, mais l'expérience montre que ça ne porte pas de bons fruits, car ce faisant, on critique le magistère.Si ce n'est pas le magistère, alors qui est-ce ?Je résume ce que j'ai compris : Article 1er : Le magistère a toujours raisonArticle 2nd : Si le magistère venait à avoir tort, se reporter à l'article 1er.
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M
"Et donc le théologien n'a aucun pouvoir de critiquer le magistère." Si bien sûr! Beaucoup ne s'en sont d'ailleurs pas privés. Mais l'expérience montre qu'ils ne portent pas de bons fruits...
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E
Et donc le théologien n'a aucun pouvoir de critiquer le magistère. Ou plus exactement, le théologien ne pourra critiquer le magistère que dans la mesure où celui-ci lui permet...
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