Convaincu que je doive vivre ma foi avec mes frères et soeurs en Jésus-Christ, vers quelle communauté me tourner ? Quelle Eglise choisir ? Toutes les Eglises chrétiennes se valent-elles ?
De l’Eglise de Jésus-Christ, nous savons… ce que Jésus lui-même a bien voulu nous en révéler. Dans l’Evangile de Matthieu, après la vibrante confession de foi de Pierre à Césarée-de-Philippe (« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »), Jésus va prononcer cette parole fondamentale, décisive : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise ; et les portes de l’enfer ne prévaudront pas sur elle. » (Mt 16. 18).
De l’Eglise de Jésus-Christ, nous pouvons donc dire ceci :
1°) qu’elle est fondée sur Pierre (« Tu es Pierre, ET sur cette pierre… ») ;
2°) qu’elle n’est pas œuvre humaine, mais œuvre divine (« JE bâtirai… »), et par suite invincible en sa mission (« et les portes de l’enfer ne prévaudront pas sur elle ») ;
3°) qu’elle est unique (« je bâtirai MON Eglise », et non « l’une de mes Eglises »…).
1°) L’Eglise de Jésus-Christ est fondée sur Pierre : « Tu es Pierre, ET sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise », dit Jésus. Cette Parole nous révèle le rôle éminent de Saint Pierre et de ses successeurs dans le projet du Seigneur. De ses successeurs ? Oui, tant il est évident qu’en annonçant cela à Pierre, Jésus ne voulait pas signifier que l’édification de son Eglise serait achevée à la mort de l'Apôtre ! La parole adressée à ce dernier est donc une parole prophétique qui dépasse la personne même de Pierre. Le « Je bâtirai » désigne non pas un futur proche, mais la suite des siècles.
Comme le reconnaissait le pasteur protestant Jean-Jacques Von Allmen : « Les trois fonctions pétriniennes ne peuvent pas prendre fin avec la mort de Pierre, puisque après sa mort il reste une Eglise à protéger, des collègues dans le ministère à fortifier, un troupeau à paître ».
Et le théologien Charles Journet voyait dans cette parole de Jésus une annonce de « l’immortalité » de l’Eglise : « Le Christ promet à ses disciples que son Eglise ne mourra pas, qu’elle sera inébranlable dans la suite des temps du fait qu’Il la fonde sur un roc solide : Simon, qui devient « Pierre ». Cette promesse n’a de sens que si ce fondement doit durer lui aussi à travers les siècles. Ce qui suppose évidemment que Pierre aura des successeurs tout au long de l’Histoire. Le fondement doit durer autant que l’édifice. La notion de durée et de succession n’est pas mentionnée dans les textes explicitement, mais implicitement et en toute vérité ».
De même, quand Jésus dit aux Apôtres, « Je suis avec vous tous les jours, et jusqu’à la fin du monde » (Mt 28. 18), il est bien évident que le « vous » de Jésus ne désigne pas seulement les Apôtres qu’il s’est choisi durant sa vie terrestre, qui sont tous morts aujourd’hui et ne connaîtront pas de leur vivant la « fin du monde », mais bien tous ceux qui après eux, leur succéderont jusqu’à la « fin du monde ».
L’autorité conférée par Jésus à Pierre et aux Apôtres devait donc être transmise aux évêques, successeurs des Apôtres, et au Pontife romain, successeur de Saint Pierre, parce qu’elle était établie non pour eux personnellement, mais pour l’Eglise qui doit subsister toujours.
La primauté et le ministère particulier de Saint Pierre, qui heurte tant de nos contemporains, s’explique par la volonté du Seigneur d’établir dans son Eglise un principe d’unification du Peuple de Dieu répandu à travers le monde. Ce qu’avait très bien perçu le Frère Roger Schutz, de Taizé : « Comment espérer une communion entre les chrétiens à travers la terre, sans un pasteur universel placé au cœur du cœur ? ».
2°) L’Eglise de Jésus-Christ n’est pas œuvre humaine, mais œuvre divine. Ainsi, le Pape est-il nommé dans l’Eglise « vicaire de Jésus Christ » [vices agere en latin : remplir les fonctions de suppléant], comme pour bien signifier que le véritable chef de l’Eglise catholique n’est pas Benoît XVI, mais bien… Jésus-Christ Ressuscité en Personne ! (« JE bâtirai… »).
L’histoire de l’Eglise témoigne de cette présence du Christ en son sein, et de la réalisation de la promesse faite à Pierre : « Et les portes de l’enfer ne prévaudront pas sur elle ».
« Il est impossible d’expliquer [en effet], sans le secours de la toute-puissance divine, que quelques hommes sans fortune, sans éloquence, complètement illettrés pour la plupart, prêchant des dogmes incompréhensibles, une morale austère, l’adoration et l’amour d’un crucifié, ayant contre eux toutes les puissances humaines, aient fondé un royaume spirituel qui compte aujourd’hui [plus de un milliard de sujets]. Parce qu’il est impossible d’expliquer, sans l’intervention constante de Dieu, que l’Eglise, sans cesse attaquée, n’ayant d’autre arme que la parole, soit demeurée victorieuse de tous ses ennemis, et qu’elle reste debout, pendant qu’autour d’elle tout passe et s’écroule (…). Ses caractères, sa propagation, son immuable stabilité, sont des miracles qui attestent qu’elle est une création de Dieu dans l’ordre surnaturel. Nulle part, ailleurs que dans l’Eglise romaine, on ne trouve l’exemple d’une société religieuse qui ait subsisté déjà pendant [plus] de vingt siècles, une et invariable dans son enseignement, féconde en héros de sainteté et en prodiges extraordinaires, d’une société qui s’étend à tous les lieux, gouvernée par une dynastie incomparable de pontifes qui perpétuent, avec l’autorité doctrinale, l’autorité de laquelle émane tout pouvoir religieux. » (Exposé de la doctrine chrétienne, Tome I, « Le Dogme », Editions Fideliter).
C’est ce qu’énonçait encore au siècle dernier le Concile Vatican II : « L’Eglise porte les marques visibles de son origine céleste. Son admirable propagation, sa sainteté éminente, son inépuisable fécondité pour le bien, son unité catholique et son immuable stabilité, sont un grand et perpétuel argument de crédibilité, un témoignage de sa mission divine » (Concile du Vatican, Const. Dei Filius, chap. III).
3°) L’Eglise bâtie par Jésus-Christ et conduite par l’Esprit Saint (Jn 16. 13) ne peut enfin qu’être unique, selon la Parole même du Maître : « Je bâtirai MON Eglise », (et non : « l’une de mes Eglises »).
L’Eglise désigne certes le Peuple de Dieu en son ensemble et dans toute sa diversité, déclare le Concile Vatican II (Const. Lumen Gentium, chap. II), « mais un Peuple qui tire son unité de l’unité du Père, du Fils et de l’Esprit Saint », selon l’enseignement de Saint Cyprien : « Unique est la véritable Eglise (…). Il n’y a qu’un seul Dieu et un seul Seigneur (…). L’Eglise unique participe donc de la nature de l’Unique, elle à qui on fait violence pour la morceler en sectes nombreuses » (St Cyprien).
Il n’y a donc qu’une seule et unique Eglise de Jésus-Christ, parce qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Et cette Eglise est celle-là même que le Seigneur, après sa Résurrection, confia à Pierre pour qu’il en soit le Pasteur (Jn 21. 7), et aux Apôtres pour qu’ils la répandent et la dirigent (Mt 28. 18-20) ; elle dont il a fait pour toujours la « colonne et le fondement de la vérité » (1 Tm 3. 15).
L’unité est un caractère essentiel de l'Eglise de Jésus-Christ, car elle est le cachet de l'unique vérité. Historiquement ainsi, le terme « catholique » fut employé tant pour désigner l’universalité de l’Eglise que pour la qualifier, et la distinguer ainsi des nombreuses Eglises hérétiques.
Comme l’enseignait Vincent de Lérins dans un cours composé vers 434, peu après le Concile d’Ephèse : « Existe-t-il, demandai-je, une règle sûre, d’application générale, qui me permette de distinguer la vraie foi catholique de l’erreur des hérésies ? Ces hommes saint et savants que j’interrogeai m’ont tous répondu : « Abrite ta foi sous l’autorité de la loi de Dieu, puis sous la Tradition de l’Eglise catholique ». On m’objectera peut-être : le canon des Ecritures est parfait ; il se suffit largement à soi-même. Pourquoi donc y ajouter l’autorité de l’interprétation qu’en donne l’Eglise ? Précisément parce que le sens de l’Ecriture est si profond que tous ne l’entendent pas pareillement ni universellement. Les mêmes mots sont interprétés différemment par les uns et par les autres. On pourrait presque dire qu’il y a autant de commentaires de l’Ecriture qu’il en existe de lecteurs… » Et Vincent de Lérins de citer une douzaine d’hérésiarques des IIIe et IVe siècles, pour finir par Nestorius dont le Concile d’Ephèse (431) venait de dénoncer l’erreur. « Il est donc bien nécessaire devant cette erreur aux replis si variés de soumettre l’interprétation des Livres prophétiques et apostoliques à la règle du sens ecclésiastique et catholique. Dans l’Eglise catholique même, il faut veiller avec le plus grand soin à tenir pour vrai ce qui a été cru partout, toujours et par tous. Car n’est vraiment catholique au sens fort du terme que ce qui saisit le caractère universel de toute chose. »
« Une seule et unique Eglise a [donc] été instituée par le Christ Jésus » (Unitatis redintegratio, n°1) : cette unique Eglise se trouve dans [« subsistit in », nous reviendrons sur cette formule...] la sainte Eglise Catholique, gouvernée par le successeur de Pierre et les Evêques qui sont en communion avec lui (Lumen Gentium, n°8) : « car c’est au seul collège apostolique, dont Pierre est le chef, que furent confiés, selon notre foi, toutes les richesses de la Nouvelle Alliance, afin de constituer sur la terre un seul Corps du Christ » (Unitatis redintegratio, n°3).
L’unique Eglise de Jésus-Christ se trouvant dans l’Eglise catholique gouvernée par le Pape Benoît XVI et les Evêques en communion avec lui, tu vas certainement maintenant me demander, cher Christophe : que penser alors des autres Eglises ou communautés chrétiennes ? Doivent-elles être rejetées, combattues, ou bien au contraire accueillies, reconnues ? Comment comprendre en vérité tous les efforts déployés depuis le dernier Concile par l’Eglise catholique en faveur du dialogue œcuménique avec les Protestants et les Orthodoxes ?
(à suivre…)